07 juillet 2018
Pause Guitare 2018 : interview du gagnant du Prix Magyd Cherfi, Govrache
Sans cesse à la recherche de la « perle rare », l’association Arpèges & Trémolos, organisatrice du festival Pause Guitare, milite et agit de façon concrète depuis de nombreuses années en faveur de la découverte dans le domaine de la chanson. Membre actif de plusieurs réseaux professionnels à échelles différentes, et de portées différentes, l’association effectue aussi un travail auprès des professionnels de la musique.
Qu’est-ce-que le Prix Magyd Cherfi ? (Tiré du site officiel de Pause Guitare)
Le Prix Magyd Cherfi, appelé auparavant tremplin « Découverte Chanson » est organisé à chaque édition du festival. Le jury se compose de professionnels du spectacle et du grand public, sensibilisé aux enjeux de la scène française actuelle. Deux raisons à cette exposition médiatique pour eux : la présence de professionnels du spectacle sur le tremplin « Jeunes Talents », et l’adhésion du public au spectacle proposé.
Comment se déroule le Prix Magyd Cherfi ?
8 groupes issus de toute la francophonie, choisis pour leur talent, jouent durant 25 minutes chacun. L’ordre de passage est établi par tirage au sort. 3 jurys votent ensuite : les professionnels, le public et le jury La Dépêche du Midi. A l’issue de ces délibérations, chaque jury délivre sa propre récompense : une date de concert de la part des professionnels, un soutien en communication de la Dépêche du Midi et 1000€ offert par La Poste pour le vote du public.
Hier, c’est Govrache (mandorisé là en 2012) qui a remporté haut la main le Prix Magyd Cherfi de cette année. Je l’ai rencontré pour qu’il me fasse part de ses impressions.
(Photo : Marylène Eytier - aubondeclic.com)
Tu as remporté deux prix importants, celui du public et du jury.
Le prix du public, c’est toujours avec une petite pointe au cœur parce que c’est génial de savoir que l’on plait au public et qu’il a été touché. Après, j’avoue que je n’avais jamais eu de prix de jury, ni aucun prix de pros… ça fait du bien aussi. Je t’assure que quand j’ai entendu que j’avais gagné je n’y croyais pas. J’ai ressenti vraiment une double émotion intense.
Tu as fait un choix audacieux. Au dernier moment, tu as décidé de ne pas chanter avec une guitare, mais juste slamer sans musique.
J’y ai pensé dans ma chambre d’hôtel ce matin. Soit je faisais ce que je fais habituellement sur un set de 25 minutes, c’est-à-dire mélanger les chansons de mes disques déjà existants et les slams de l’album à venir, soit jouer la carte de l’avenir. J’ai finalement estimé que mes chansons étaient derrière, j’ai donc eu envie de passer à autre chose.
Après 2 concerts au centre de détention d'Albi, 7 interviews pour différents médias, le prix Magyd Cherfi, voici Govrache fin prêt pour la captation d'un slam dans le centre d'Albi... 3 jours intenses.
C’était un coup de poker.
J’ai décidé de tenter le coup. Mon idée était de susciter l’intérêt, pas forcément de gagner le prix. Je vais te dire franchement, je ne pensais pas gagner un prix sans musique.
Oui, certains ne comprennent pas le choix du jury.
Je ne sais pas quoi dire sur le sujet, mais si tout le monde est venu dans la même optique que moi, personne ne devrait être énervé. Les huit artistes qui étaient là sont gagnants de toute façon. Ce qui compte, c’est de jouer devant des gens qui ne vont pas nous voir jouer en concert, c’est ça la base. Après il y a un choix du jury… et pour une fois, ça tombe sur moi. Personnellement, j’étais sûr que Dany Terreur gagnerait. J’ai été bluffé par sa prestation. Quelle performance !
(Photo : Dominique Janin).
C’est ton année, j’ai l’impression, depuis que Gauvain Sers t’a emmené en première partie de sa tournée.
Grâce à Gauvain, effectivement, les choses se sont accélérées. Aujourd’hui, je suis du genre à prendre ce qui arrive sur le moment. J’évite de trop me projeter. Je l’ai fait souvent et j’ai été déçu. Maintenant, je saisi l’instant présent sans me poser de questions et c’est un gros, gros kif.
Le nouvel album arrive quand ?
On rentre en studio au mois d’août ou septembre. Je serai le 16 mars 2019 à La Cigale, normalement l’EP devrait sortir ce jour-là.
Après l'interview, le 6 juillet 2018. (Photo : Rosanna Granieri).
Depuis le lancement de Découverte en Chanson, en 2007, 13 artistes ont reçu cette récompense :
L’Herbe Folle – 2007 / Manu Galure – 2008 / Garance – 2009 / Pauvre Martin – 2010 / Sarah Olivier – 2011/ Olivier Gil – 2012 / Gilles et Auguste – 2013 / JeserS – 2014 / K – 2015 / Denis K – 2015 / Barbara Weldens – 2015 / Emilie Marsh – 2016 / Zob’ – 2016 / Dalton Telegramme – 2017
11:34 Publié dans Les coulisses du show biz, Musique | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : pause guitare, prix magyd cherfi, interview, albi, govrache
20 juillet 2017
Hommage à Barbara Weldens
(Photo : Cédrick Nöt)
On ne meurt pas à 35 ans.
Si, en fait.
Parfois bêtement.
Morte sur scène hier soir, à priori électrocutée, alors qu’elle donnait un concert dans l’église des cordonniers à Gourdon, dans le Lot, dans le cadre du Festival Léo Ferré.
Pourquoi j’ai eu une peine immense en apprenant la mort de Barbara Weldens ce matin.
Je ne la connaissais pas personnellement. Elle n’était pas une amie.
Juste son talent m’impressionnait. Juste, elle représentait la vie. Juste, elle me semblait puissante et invincible. Une chanteuse hors du temps au talent incommensurable. La seule femme qui racontait des histoires de femmes et qui me filait des frissons.
Uppercut dans le cœur et dans l'âme.
Toutes mes pensées vont vers ses proches, sa famille et Dany Lapointe, sa manageuse et grande amie. Je ne peux pas mesurer la souffrance qu'ils endurent aujourd'hui...
Barbara Weldens avait sorti son premier album en février, Le grand H de l’homme, dont voici l’argumentaire signé Patrice Demailly. Ce dernier a su trouver les mots les plus justes pour la décrire :
« Une tornade, une énergie gargantuesque, une nature. C’est une guerrière du live, physique et généreuse, dont l’instinct l’a immédiatement fait trouver la synthèse parfaite entre attitude punk, chaleur fédératrice et instantanéité émotionnelle.
Il y a à la fois du lâcher prise et du contrôle, de la sauvagerie et de la sensualité.
Le grand H de l’homme – titre à l’ironie mordante – sonne comme une déclaration d’indépendance.
Barbara Weldens installe une fièvre qui n’appartient qu’à elle, jongle avec les extrêmes, glisse des humeurs bipolaires, joue les voltigeuses vocales.
Il est donc question de folie engendrée par la frustration de l’absence, d’amour jusqu’au-boutiste, de complexe plastique, de bilan sans concession, d’idéal possible, d’une découverte foudroyante, de pétage de plomb en roue libre…encore une facette vibrante d’une artiste qui n’a pas fini de jouir librement d’elle-même. »
Aujourd'hui, je ressors mes archives la concernant. J'ai envie de la revoir vivante, exaltée, belle, dans l'exercice de son métier où elle était éblouissante.
J’ai découvert cette chanteuse à Albi au Tremplin « Découverte Chanson » de Pause Guitare en 2015.
Elle l’a remporté. Brillamment.
Voici quelques souvenirs de sa présence à ce tremplin.
(Photo : Lilian Ginet)
(Photo : Michel Gallas pour Hexagone)
(Photo : Michel Gallas pour Hexagone)
(Photo : Lilian Ginet)
Barbara Weldens avec Denis K et la chanteuse K!
Dominique Janin, organisatrice de ce tremplin "découverte chanson" et Alain Navarro (le grand manitou de Pause Guitare) avec Barbara Weldens, Denis K. et K! lors de la proclamation des résultats.
Interview de Barbara Weldens (le samedi 11 juillet 2015, après l'annonce des lauréats):
Vous avez gagné le tremplin des découvertes Pause Guitare, alors que vous détestez ce genre de concours. Pourquoi êtes-vous venue alors ?
Parce que j’ai fait confiance à ma manageuse, Dany Lapointe. C’est une femme « entourante ». Cela fait plusieurs fois qu’elle me met sur la bonne voie. Ce tremplin me semble fait pour donner à chacun sa chance et pas pour casser les artistes. Chacun à ses talents et chacun repart avec sa dose de reconnaissance.
Vous avez rencontré K et je crois savoir que cela s’est bien passé.
Je trouve que ce qu’elle fait est énorme. Je suis contente qu’elle puisse revenir l’année prochaine ici en concert véritable, comme moi. Je ne sais pas encore ce qui nous relie, mais nous sommes reliées, c’est sûr.
Moi, je ne vous connaissais pas du tout, j’avoue que vous m’avez bluffé.
Je viens d’arriver sur le marché, donc c’est tout à fait normal (rires).
Pendant l'interview...
La question idiote : vous êtes heureuse d’avoir gagné ce tremplin ?
Ce n’est pas d’être la préférée qui fait plaisir, c’est la reconnaissance. Aujourd’hui, je me dis que mon travail a été reconnu. Ça ne m’est jamais arrivé officiellement.
Que pensez-vous de l’accueil de Pause Guitare ?
Nous sommes reçus comme des stars. Je n’ai pas l’habitude de ça et j’avoue que ça me touche au plus haut point. Tout est prévu pour que l’on se sente bien. Tout est très bien organisé. Les régisseurs sont juste des petits génies.
Vous n’avez pas encore de disque, je crois.
J’ai juste un EP. Pour le moment, on peaufine ce que l’on veut donner sur scène. L’enregistrement est prévu pour l’année prochaine.
Après l'interview, en compagnie de la chanteuse K! Une forte amitié est née entre elles ce jour-là.
Je l’ai revu l’année suivante puisqu’elle a participé au Pic d’Or. Elle en fut la lauréate. A l’unanimité, le jury de ce tremplin a décidé de faire de ce joyau de la chanson le Pic d’Or 2016. Mais, ce même soir du 21 mai, elle a tout raflé. C’est elle qui a remporté le prix du public, le prix du Magazine FrancoFans et le prix de la créativité de l'Académie Charles Cros.
Voici quelques photos…
Sur scène:
(Photo : Cedrick Nöt)
(Photo : Cedrick Nöt)
(Photo : Cedrick Nöt)
(Photo : Cedrick Nöt)
(Photo : Cedrick Nöt)
(Photo : Cedrick Nöt)
(Photo : Cedrick Nöt)
(Photo : Cedrick Nöt)
(Photo : Cedrick Nöt)
Lors des différentes remises de prix:
Le prix de la créativité de l'Académie Charles Cros remis par Jean-Marc Vaudagne.
(Photo : Cedrick Nöt)
(Photo : Cedrick Nöt)
(Photo : Cedrick Nöt)
(Photo : Cedrick Nöt)
Le prix du public, décerné par le maire de Tarbes, Gérard Trémège et la présidente du Pic d'Or, Corinne Labat.
(Photo : Cedrick Nöt)
(Photo : Cedrick Nöt)
(Photo : Cedrick Nöt)
Le prix du Magazine FrancoFans, remis par Stéphanie Berrebi.
(Photo : Cedrick Nöt)
(Photo : Cedrick Nöt)
(Photo : Cedrick Nöt)
Enfin, le président du jury du Pic d'Or, Arnold Turboust annonce, le Pic d'Or 2016.
(Photo : Cedrick Nöt)
(Photo : Cedrick Nöt)
(Photo : Cedrick Nöt)
(Photo : Cedrick Nöt)
Après la remise des prix, le photographe officiel du Pic d'Or, Cedrick Nöt, a "shooté" Barbara devant le Théâtre des Nouveautés.
(Photos : Cedrick Nöt)
(Cette photo deviendra d'ailleurs la pochette de son unique album.)
Un souvenir avec Olivier Bas, au pot de fin du Pic d'Or 2016.
(Photo : Manuel Tondon)
Cette même année, Thierry Cadet, l'un des membres du Pic d'Or et éminent journaliste musical, l'a interviewé à la fin de ce week-end musical pour son site Horscène.
Elle est revenue à Tarbes le 20 mai 2017 pour chanter au Pic d’Or, lors des délibérations du jury (comme il est de coutume de la part du lauréat de l'année précédente). Toujours aussi magnifique, talentueuse, disponible et sympathique.
(Photo : Cedrick Nöt)
(Photo : Cedrick Nöt)
Voici quelques derniers clichés.
Le 24 Novembre 2016, j’ai assisté à la proclamation des Grands Prix 2016 de l’Académie Charles Cros à la Maison de la Radio. Elle avait reçu le prix « Révélation Scène »…
(Photo : Jean-Marc Vaudagne)
(Photo : Pierre Majek)
(Photo : Caroline Paux)
(Photo : Caroline Paux)
(Photo : Pierre Majek)
(Photo : Pierre Majek)
Barbara Hammadi (pianiste), Barbara Weldens et Marc Pfeiffer (président de la Fédération des Festivals de chanson francophone)
(Photo : Caroline Paux)
Après la cérémonie avec à droite, Dany Lapointe, sa manageuse, et Corinne Labat, présidente du Pic d'Or, venue la féliciter.
Barbara Weldens, tu es morte sur scène. J'entends/je lis : "quelle est la meilleure mort pour une artiste?"
Aucune. Il n'y a pas de belle mort. C'est nul. C'est trop tôt. Tu avais la vie devant toi pour tout défoncer.
Tous ceux qui t'ont croisé (de près, de loin) sont tous effondrés.
Alors, ta mort, elle nous incitera à vouloir vivre encore plus vite, encore plus fort. En ton hommage.
On ne t’oubliera pas.
"Je ne veux pas de ton amour", extrait de l'album "le grand H de l'homme".
Avec Barbara Weldens, Barbara Hammadi et Marion Diaques
Captation réalisé au Théâtre de Pierre (34).
"A mes flancs" extrait de l'album "le grand H de l'homme".
Avec Barbara Weldens, Barbara Hammadi et Marion Diaques
Captation réalisée au Théâtre de Pierre (34).
Filmé pendant les balances du Printival Boby Lapointe à Pézenas (34), le 15/04/15 (Foyer des Campagnes). Extrait de l'album "Le Grand H de l'homme".
11:59 Publié dans Les coulisses du show biz, Musique, Pic d'Or | Lien permanent | Commentaires (12) | Tags : barbara weldens, mort, inteerview, hommage, pic d'or, pause guitare
09 juillet 2017
Pause Guitare (3) : Interview de Wallace pour leur premier album
(Photo : Pierre Wetzel)
A Pause Guitare, il y a une scène « découvertes ». Sans cesse à la recherche de la « perle rare », Arpèges & Trémolos milite et agit de façon concrète depuis de nombreuses années en faveur de la découverte dans le domaine de la chanson. Membre actif de plusieurs réseaux professionnels à échelles différentes, et de portées différentes, l’association effectue aussi un travail auprès des professionnels de la musique. Le tremplin « Découverte Chanson » est organisé à chaque édition du festival, principalement par Dominique Janin. Le jury se compose de professionnels du spectacle et du grand public, sensibilisé aux enjeux de la scène française actuelle. Deux raisons à cette exposition médiatique pour eux : la présence de professionnels du spectacle sur le tremplin « Jeunes Talents », et l’adhésion du public au spectacle proposé.
En ce samedi 8 juillet 2017, sur la scène de l’Athanor, j’ai été ravi de retrouver quelques artistes que je connaissais, Clio et Makja et d’autres que je découvrais comme Les Idiots, Dalton Télégramme et Wallace.
C’est ce groupe composé de R1 Wallace au chant et à la guitare (Les Hurlements d'Léo), de Bertille Fraisse (Kebous, Daguerre, The Neighborhood) (déjà mandorisée ici) au violon et au chant, de Nicolas Grosso (Zazous Zélés) aux guitares et de Lois Eichelbrenner (The Neighborhood) à la basse que j’ai choisi de mettre en avant. A l’issue de leur prestation, R1 Wallace et Bertille Fraisse sont venus à ma rencontre.
(Photo : Eric Morere)
Argumentaire officiel (mais écourtée) par Esteban di Marco :
Si pour certains la vie est, ou n’est pas un petit grand fleuve tranquille, la vie de R1 Wallace (Erwan Naour pour l'état civil) est un long canal plein d’écluses…
Après s’être brûlé sur les planches de très nombreuses scènes, le cofondateur du groupe Les Hurlements d’Léo nous revient toujours avec le poing fermé, mais cette fois-ci sur un médiator. Après X années de concerts en France, en Europe et dans un monde presque entier, il est de retour avec un nouveau projet baptisé Wallace.
Sa rencontre avec Bertille Fraisse lors d'une collaboration musicale en 2013 sera déterminante
dans l'élaboration de ce projet. Celle-ci l'encourage dans sa volonté de monter un répertoire plus personnel ou ses mots et sa voix trouveront en écho une ambiance filiale de musique de chambre. Pour cela, elle lui présente son frangin de conservatoire Nicolas Grosso, brillant guitariste nourri à Brian Setzer et tenant Django Reinhardt pour Maître. R1 leur amène, à eux instrumentistes hors pairs, sa poésie brute de coffre. Et le mariage est réussi. Un grain de voix qui ferait passer le papier de verre et la toile émeri pour du velours ou de la soie, tout en laissant une place à chacun, chacune de ces textures.
« Je supplie la lame qu’elle soit bien tranchante cette fois... »
Ce premier album de Wallace, commence comme finit l’Etranger de Camus… Camus l’homme de la révolte et de l’absurde. Un album de chanson française puisqu’on y parle la langue de Rabelais, « Mon cul » ou celle de Prévert « C’était toi » et bien d’autres. De Villon à Brassens... De la chanson française avec une couleur sonore inimitable, quelques grammes de rage, de tendresse, du violon, des guitares manouches ou énervées, des synthétiseurs, Wallace a de la gueule et du chien. Vous prendrez du coup, ce premier opus en plein museau… Wallace ne rêve que d’une seule chose, vous embarquer avec eux.
Jouer dans ces conditions, juste 30 minutes, c’est agréable ?
R1 Wallace : On a fait le mieux que l’on pouvait par rapport à ce que l’on sait faire. J’ai l’impression qu’on a rempli notre mission. On a pris beaucoup de plaisir en tout cas et j’espère qu’on a réussi à en donner un peu.
Bertille Fraisse : Et le public était hyper réceptif. Nous l’avons ressenti.
Erwan, ta carrière avec Les Hurlements de Léo a débuté en 1996. Ce n’est pas bizarre de se présenter devant un jury de pros après plus de 20 ans de concerts et de succès ?
R1 : Il est normal que les gens ne trouvent pas acquis tout ce que je fais parce que je viens d’un groupe qui a eu une vie et qui a beaucoup tourné. Se remettre de temps en temps en question fait partie du jeu. Wallace est différent de mon travail avec Les Hurlement de Léo, il faut donc que je reparte au charbon pour convaincre ceux qui m’écoutent. Je trouve cela naturel.
Bertille : On a tous quelques heures de vol dans le métier, mais ce que l’on joue est tout neuf. C’est comme si nous repartions à zéro, en tout cas en terme de notoriété.
R1 : Wallace a pris une direction qu’aucun de nous quatre n’avaient emprunté. On a refait des bistrots, des petites salles, comme quand on a débuté. Repartir à la base, c’était important pour moi.
"Le sang des baleines".
Les Hurlements de Léo, tu en avais marre ?
R1 : J’ai du mal à en parler de manière simple, alors que la situation l’est. J’avais juste envie d’autre chose. J’aime mes copains des Hurlements, mais il fallait que j’aille voir ailleurs. Et cela faisait longtemps que j’en avais envie. Il a fallu que je rencontre Bertille sur une collaboration musicale pour qu’elle me donne l’idée de tenter une nouvelle aventure. Elle a été la petite étincelle qui m’a permis de switcher.
L’âge aidant, on a envie de varier les plaisirs, non ?
R1 : Mais, tu ne crois pas si bien dire. Cette nouvelle aventure correspond à une espèce de crise de la quarantaine, qu’elle soit professionnelle ou dans ma vie perso. J’avais besoin de tout repeindre en bleu.
Wallace à Pause Guitare le 8 juillet 2017 lors de la scène "découverte".
(Photo : Marylène Eytier - Aubondeclic)
Bertille, tu te sens bien dans ce groupe ?
Bertille : Oui, très bien. Avec Erwan, on commence à bien se connaître, Nico, le guitariste, est un ami de longue date, nous sommes tous les deux originaires de Sète.
R1 : Pour que je fasse sa connaissance, Bertille a organisé un petit apéro. Au bout de 10 minutes, nous nous sommes donnés rendez-vous pour jouer ensemble.
Bertille : Wallace, c’est très « famille ».
R1 : Les Hurlements, c’était génial, mais on était une bande de fous, une équipe de foot survoltée, une meute incontrôlable. On a commencé, nous avions 22 ans. Nous n’avons pas toujours eu une bonne réputation, mais c’était justifié. Nous nous sommes comportés, et moi le premier, un peu comme des enfants gâtés. Ça a très bien marché, nous jouions partout, il y avait du monde à tous nos concerts. Il arrivait que l’on en fasse 120 en une année. Bref, ça a fait chaud dans la tête, du coup je me suis permis des choses dont je ne suis pas fier. Je peux dire qu’il m’est arrivé de me perdre. Aujourd’hui, je n’envisage plus la musique comme une équipe de foot, mais comme une famille. En famille, on s’engueule, mais c’est quand même la famille.
"C'était toi"
La sagesse est en toi, Erwan?
R1 : Non. J’y travaille.
Il faut garder un grain de folie ?
Oui. Il faut rester fou. La sagesse est un long chemin, pas un état.
Une présence féminine, ça apaise un groupe ?
R1 : Pour moi, ça ne change rien, je crois.
Bertille : Peut-être que cela apaise la musique. Les femmes et les hommes n’envisagent pas tout à fait l’émotion de la même façon, du coup, forcément dans le jeu et la créativité, c’est un peu différent.
R1 : En terme de sensibilité, Nico, à la guitare, à lui aussi une sensibilité féminine. Il est capable également de jouer comme un bourrin, c’est ça qui est génial chez lui. Il est magnifique dans les deux cas. Pour en revenir à Bertille, elle aussi sait être rockeuse et être carrément mâle. Je n’ai pas eu l’occasion de le dire, mais je considère que je suis extrêmement chanceux d’avoir ces personnes à mes côtés. On parle le même langage, eux avec leur instrument et moi avec mes mots. Nous allons tous dans la même direction et c’est un immense plaisir.
Pendant l'interview...
(Photo : Jérémie Boulon)
J’ai l’impression qu’avec Wallace, tu ne chantes pas de la même façon qu’avec les Hurlements de Léo.
R1 : Clairement pas. C’est parce que je bois moins (rires). Non, quand tu joues à huit avec une section cuivre et un batteur de rock, il faut un peu brailler. Aujourd’hui, j’assume mieux de chanter calmement. Je n’avais pas compris que l’on pouvait faire passer des messages très forts en chantant plus doucement. Pour le deuxième album j’ai bien l’intention de proposer vocalement autre chose encore.
Déjà un deuxième album ?
Bertille : C’est marrant parce qu’avant de commencer l’enregistrement du premier album, Erwan nous a prévenu qu’on allait n’en faire qu’un. Il n’était pas question de faire une carrière « Wallace ». Comme l’aventure est géniale, que les concerts s’enchainement et que cela se passe bien, naturellement, on se projette sur un deuxième album… à l’automne 2018.
Avec ton comparse de toujours, Laurent Kebous (mandorisés là), tout va bien ?
R1 : Oui. Si j’ai un frangin dans le métier, c’est bien lui. Nous nous sommes rencontrés à l’âge de 10 ans, on a monté Les Hurlements ensemble, on a tout connu. C’est vraiment lui qui a tenu la baraque pendant toutes ces années, j’ai beaucoup d’estime et d’affection pour lui. On avait juste besoin de prendre un peu d’air, mais tout va bien entre nous.
Avec Bertille Fraisse et R1 Wallace à l'issue de l'interview, le 8 juillet 2017 à Albi.
(Photo : Jérémie Boulon)
18:03 Publié dans Les coulisses du show biz, Musique | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : pause guitare, wallace, erwan nouar, bertille fraisse, interview, mandor
05 juillet 2017
Pause Guitare 2017, c'est parti!
Depuis quatre ans, je suis invité à Pause Guitare à Albi (81), l'un des festivals les plus enthousiasmants de l'été (voici mes bilans de l’année dernière et de 2015).
Comme je le répète depuis que j’écris sur ce festival, avec ses 950 bénévoles (mené par le couple Alain et Annie Navarro), ses 80 concerts dont la moitié sont gratuits, ses 7 scènes disséminées à travers Albi, ville classée à l’UNESCO, Pause Guitare est aujourd’hui le second festival du Sud-Ouest. Il est réellement porteur d’un projet humain et culturel très fort pour le territoire. C'est aussi un événement unique de par le nombre de personnes reçues, sa qualité artistique et ses conditions d'accueil, tout public confondu. Précisons que c'est l'association Arpèges et Trémolos, dirigé par Alain Navarro, qui organise cet événement.
Au programme du 4 au 9 juillet 2017 : ZZ Top, Renaud, Salvatore Adamo, Radio Elvis, Les Insus, M. Pokora, Christophe Maé, Olivia Ruiz, Soprano, Slimane, L.E.J, Vincent Delerm, Cocoon, Art Mengo, Lo’Jo... La programmation se veut éclectique, proposant tantôt des artistes ayant marqué l’Histoire de la musique, tantôt de jeunes pousses prometteuses. Il se murmure que Mandor va en interviewer certains des deux catégories...
Le festival, c’est du rock, de la pop... mais aussi de la chanson, car Pause Guitare, c’est aussi des "scènes découvertes" avec des artistes internationaux, où le Canada francophone est particulièrement mis en valeur! Accélérateur de talents, le festival albigeois travaille activement à l’émergence et à l’accompagnement de nouveaux artistes. Enfin, avec ses 4 scènes gratuites, dont 1 soirée dans les bars d’Albi et une programmation "hors-les-murs" Pause Guitare se veut être un événement populaire et accessible.
Hier, les festivités ont commencé par la traditionnelle soirée de «bars en bars» suivi dès aujourd’hui par le lancement du festival off et de la première soirée au Grand théâtre avec Adamo et Saratoga. À partir de jeudi et jusqu'à dimanche, place à la grande scène de Pratgraussals.
Le quotidien La Dépêche a récapitulé ce qui vous attend à partir d'aujourd’hui.
La place du Vigan au rythme du Off
A partir d’aujourd’hui mercredi et jusqu'au vendredi 7 au soir, place au festival off sur la place du Vigan et sur le Jardin National, avec trois scènes (Expérience Acadie, la Caravane du Vladkistan entièrement gratuite, et les amis du jour d'euf), des espaces enfants et danses. Un vrai moment de détente pour l'ensemble des Albigeois et pour tous ceux qui n'ont peut-être pas les moyens de se payer une place pour les concerts de Pratgraussals et du Grand théâtre.
Deux soirées au Grand théâtre
Mercredi et jeudi, il accueille deux soirées. Ce soir, c'est Adamo et Saratoga. Demain, place à Vincent Delerm et Art Mengo.
Les stars à Pratgraussals
Jeudi, on pourra écouter Féfé, Renaud et ZZ top. Vendredi, Christophe Maé, Olivia Ruiz, Soprano et Vlad. Samedi, Slimane, LEJ, Vianney et M Pokora. Et enfin dimanche, Les Insus, Radio Elvis et Cocoon.
Les scènes « découvertes » à l'Athanor
Pause guitare laisse une place non négligeable à la découverte de nouveaux artistes. Ainsi, l'Athanor comme chaque année, fera une place de choix aux artistes québécois (le vendredi).
Le public pourra aussi découvrir les scènes découverte où chaque année, un vrai talent d'avenir sort du chapeau.
Pour acheter ses billets ou pour en savoir plus www.pauseguitare.net (05 63 60 55 90)
Réseau Ticketnet – E.Leclerc – Auchan – Cultura www.ticketmaster.fr – 0892 390 100.
Réseau FNAC – Géant – Carrefour www.fnac.com – 08 92 68 36 22.
Demain, avec Annie Navarro, nous parlerons du livre Pause Guitare, un air de famille. Le livre officiel du festival sortie cette année.
11:08 Publié dans Musique | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : pause guitare, présentation, alain navarro, annie navarro
05 juillet 2016
Pause Guitare 2016 : Les 20 ans commencent aujourd'hui!
Depuis trois ans, je suis invité à Pause Guitare à Albi (81), l'un des festivals les plus enthousiasmants de l'été. L’année dernière, j’avais d'ailleurs écrit un compte-rendu de l’édition 2015.
Top départ aujourd’hui pour le 20e anniversaire de ce réjouissant festival. Avec ses 950 bénévoles (mené par le couple Alain et Annie Navarro), ses 80 concerts dont la moitié sont gratuits, ses 7 scènes disséminées à travers Albi, ville classée à l’UNESCO, Pause Guitare est aujourd’hui le second festival du Sud-Ouest. De plus, il est porteur d’un projet humain et culturel très fort pour le territoire.
Teaser Pause Guitare 2016.
Pour son anniversaire, les organisateurs ont prévu une programmation mêlant comme à son habitude, stars internationales et françaises et artistes dont on entendra parler dans les années à venir. D’ores et déjà 50 000 personnes ont réservé leurs billets (c'est une première dans l'histoire du festival) pour assister d'aujourd'hui au 10 juillet aux concerts d’Elton John, Joan Baez, Mika, Francis Cabrel, The Avener, Louane, Kendji Girac, William Sheller, Big Flo et Oli, Louise Attaque, Jain, Vianney, Michel Fugain, Feu! Chatterton, Boulevard des Airs, Rover, Sanseverino, La Maison Tellier, Jeanne Added, Dionysos…
Aujourd’hui, Michel Fugain ouvre le festival au Grand Théâtre. Barbara Weldens, gagnante du Prix Découverte Chanson Pause Guitare 2015 et Pic d’Or 2016 assurera la première partie.
Pause Guitare débute aussi dans les bars d’Albi et ses alentours dès aujourd’hui avec 10 concerts gratuits dans 10 lieux différents !
15 000 personnes sont attendues pour le off du festival où se produiront Norma, Billy Hornett, Wax Me, Purple Plane, Clozee, Harry Brown, Hey Wow , Raton Lover, I me mine...
Pour la seconde année consécutive, la province canadienne Nouveau-Brunswick proposera de nombreuses performances musicales sur la scène Expérience Acadie, en plus d’accueillir des stands destinés à faire connaître la région Acadie du Nouveau-Brunswick. Le Village enfant se tiendra au Jardin National, du mercredi 6 au vendredi 8 juillet 2016. Des ateliers accueilleront les enfants à partir de 6 ans en nombre limité de 10 pour une durée de 20-30 min à partir de 14h30. La soirée du vendredi 8 juillet est complète.
Pour tout contact promo :
Aoura : Patricia Teglia & Julie Bataille 06 85 11 10 85 & 06 75 46 81 65 patricia(at)aoura.com - julie(at)aoura.com www.aoura.com
Demandez le programme!
Pratgraussals
JEUDI 7 juillet
19 heures - Jain
20h30 - Louane
22 heures - Louise Attaque
23h45 - The Avener
Vendredi 8 juillet
19 heures - Boulevard des Airs.
20h30 - BigFlo & Oli
22 heures - Kendji Girac
23h30 - Mika
SAMEDI 9 JUILLET
19 heures - Vianney
20 heures - Francis Cabrel
22 heures - Joan Baez
23h30 - Sanseverino
Dimanche 10 juillet
19 heures - Jeanne Added20h30 - Feu! Chatterton
22 heures - Elton John
www.pauseguitare.net
Le grand théâtre
MARDI 5 JUILLET
20h30 - Barbara Weldens
21h30 - Michel Fugain
MERCREDI 6 JUILLET
20h30 - Joëlle Saint-Pierre
21h35 - William Scheller
VENDREDI 8 JUILLET
20h30 - Rover
22h00 - Dionysos
DIMANCHE 10 JUILLET
14h30 - Zaza Fournier
16h00 - La Maison Tellier
Athanor
Mercredi 6 juillet
10h00 - Tournepouce par Barcella
14h30 - Tournepouce par Barcella
JEUDI 7 JUILLET
20h30 - Gilbert Clamens
21h35 - Roland Dyens
VENDREDI 8 JUILLET
14h00 - Hey Wow
14h40 - Raton Lover
15h20 - Simon Daniel
16h00 - La Bronze
16h40 - Joëlle Saint-Pierre
SAMEDI 9 JUILLET
14h00 - Léon
14h40 - Simon Daniel
15h20 - Zob
16h00 - Sages comme des Sauvages
16h40 - Emilie Marsh
Le festival off
MARDI 5 JUILLET
Pause Guitare démarre dans les bars d'Albi et ses alentours. 10 concerts gratuits dans 10 milieux différents.
Dans Albi :
18 heures : L'instant Baloche (café de la préfecture).19 heures : Neleman (O vent d'Anges).
20 heures : Wild Noblesse (Le Cosy).
21 heures : Tildon Krautz (O Sullivan).
22 heures : Fanel (Le Pontié).22h30 : Lassita (Le Lit Bleu).23 heures : Zoé sur le Pavé (O Grambrinus).
Hors Albi :
19 heures : Les Idiots (La Javanaise, Rivières).
20 heures : Red Nurse (Café Joubert, Fayssac).
21 heures : Dr Pickup (Café de la Presqu'île, Ambialet).
MERCREDI 6 JUILLET
(Place du Vigan et Jardin National)
Les amis du jour d'Euf
20h15 : Wax me.
21h15 Purple plane.
23h15 Harry Brown.
Expérience Acadie
18heures : Maggie Savoie
19h30 : CY
21h : The Back Yard Devils
22h30 : Simon Daniel
La caravane du Valdkistan
19 h30 : Kolinga21 heures : Vlad
22h30 : K
Espace Jeunesse
22h30 : DJ Not my Fault.
JEUDI 7 JUILLET
Les amis du jour d'Euf
20h15 : Hey Wow
21h45 : Raton Lover
23h15 : Billy Hornett
Expérience Acadie
18 heures : Simon Daniel
19h30 : The BlackYard Devils
21 heures : CY
22 h30 : Maggie Savoie
La caravane du Valdkistan
19h30 : Le Bronze
21 heures :Sylvain Reverte
22h30 : Jenny Dahan
Espace Jeunesse
22h30 : DJ Toscano.
VENDREDI 8 JUILLET
Les amis du jour d'Euf
20h30 : I Me Mine
22heures : Norma
23h30 : Clozee
Expérience Acadie
18h30 : The BlackYard Devils
19h05 : Maggie Savoie
19h40 : CY
21 heures : Maggie Savoie.
21h35 : The BlackYard Devils
La caravane du Valdkistan
19h45 : Sylvain Reverte
21h15 : Jenny Dahan
22h45 : Vlad
Espace Jeunesse
22h30 : DJ Leano
SAMEDI 9 JUILLET
14h30 : Maggie Savoie
15h30 : The Black Yard Devils
16h30 : CY.
Toutes les informations sont à retrouver sur www.pauseguitare.net
Et pour la première fois à Pause Guitare:
14:31 Publié dans Musique | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : pause guitare, 2016, alain navarro, programme
26 juillet 2015
Festival Pause Guitare 2015 : Bilan, interviews, photos...
Pause Guitare a fêté cette année sa 19e édition, à Albi. C'est le premier évènement du Tarn et certainement un des festivals les plus fédérateurs dans le grand sud (ici, vous pourrez lire les valeurs de Pause Guitare). C'est un événement unique de par le nombre de personnes reçues, sa qualité artistique et ses conditions d'accueil, tout public confondu. La ville se retrouve aux couleurs du festival, le temps d'une semaine.
J'ai connu ce festival grâce à son président, Alain Navarro, que je fréquente quatre jours par an depuis quatre ans. Nous sommes tous les deux membres du jury du Pic d'Or (tremplin de chanson française basé à Tarbes) et c'est ainsi que j'ai appris à connaître l'homme qu'il est. Gentil, généreux, passionné et certainement le type le plus intègre que je connaisse. Chaque année, il nous invite à son festival. J'ai décliné deux ans et "obtempéré" depuis l'année dernière. Et que je ne le regrette pas! Artistes nationaux et internationaux de qualité incontestable, accueil comme j'en ai rarement vu, organisation sans faille, passion et positivisme à tous les coins. Impressionnant!
Cette année, je vous raconte "mon" Pause Guitare". Ce que j'ai vu, ceux que j'ai interviewé... le tout enrichi de photos (merci les photographes du festival) et d'interviews filmées (merci Thierry Cadet de Horscène)
Une petite rétrospective en images avant de commencer, afin que vous voyez ce que vous avez loupé... et une bonne façon, aussi, de vous mettre dans l'ambiance.
Le festival a commencé la veille (jeudi 9 juillet) avec Moriarty, Angus & Julia Stone, Status Quo et Charlie Winston (rien que ça!)... mais comme, je n'étais pas là, je ne peux pas vous en parler.
Je préfère évoquer ce que j'ai vu de mes yeux vus. Ainsi, pour moi, tout commence le vendredi 10 juillet.
Autant vous le dire, c'est la soirée qui a affiché complet depuis des mois. La soirée "variété". Commençons avec les Fréro Delavega. Je vais être très franc. C'est exactement ce que je n'aime pas dans la variété. Des textes insipides (ce qui est incompréhensible quand on sait que les deux amis ont bénéficié du talent d'auteurs tels que Ben Mazué, Barcella, Tété) et des musiques trop simplistes (j'en connais qui dirait que les mélodies sont là!). Je n'aime pas. Mais je dois reconnaitre que le public a été très enthousiaste et qu'ils ont fait le boulot (leurs musiciens sont excellents). Si ça ne m'a pas touché, le public l'a été.
Par contre, les Fréro Delavega, ne vous prenez pas pour ce que vous n'êtes pas encore. Ce comportement est inqualifiable, surtout quand on débute... ce genre de lapin ne passe pas inaperçu (ni du public, ni de la presse locale). Les fans n'aiment pas qu'on ne le respecte pas, voire que l'on se foute de leur gueule. (J'ai déjà du mal quand Bob Dylan ne joue pas le jeu, alors les Fréro Delavega...).
Ensuite, il y a eu Soprano. Très honorable prestation. Ambiance de folie. Je ne suis pas dans la cible visée, mais je reconnais au garçon un talent textuel non dénué d'intérêt. La musique me touche moins. (En plus, il est fan de Balavoine, ce qui n'est pas pour me déplaire. Je sais, l'objectivité se niche là où elle veut.)
Du monde, quand même...
Ah! Yannick Noah (mandorisés parfois, un truc qui s'est passé entre lui et moi en 1997 et deux interviews plus "normales")... Autant il m'agace dans ses prises de positions politiques, autant je l'aime bien quand je suis en face de lui. Nous nous sommes toujours bien entendus dans le cadre d'une rencontre professionnelle. Mais bon, ses chansons frisent souvent la démagogie (ça me fait suer de l'avouer puisque c'est la bande à Goldman qui écrit pour lui). Bref, ce soir-là, une heure de tubes. Donc, une heure de public en délire. Là aussi, je peux dire que Noah a fait ce qu'il fallait pour que le public suive. Très belle énergie et très belle performance!
Et soudain Calogero. J'aime bien cet artiste, depuis longtemps. Je l'ai interviewé très souvent et ce depuis ses débuts avec son premier groupe, les Charts. Il fait de la variété haut de gamme. Belles chansons, belle voix, belle mélodie. Une carrière truffée de tubes que l'on a d'ailleurs pu entendre ce soir-là. Le public a beaucoup apprécié. Peut-être aurait-il pu/dû plus communiquer avec lui?
Le lendemain, j'assiste à L'Athanor, dès 16h, au tremplin "Découverte Chanson". Le jury est composé de professionnels du spectacle, mais aussi du grand public, sensibilisé aux enjeux de la scène française actuelle. 5 artistes ou groupe issus de toute la francophonie, choisis pour leur talent, jouent durant 25 minutes chacun. L'ordre de passage est fait par tirage au sort. 3 jurys votent ensuite: les professionnels, le public et le jury La Dépêche du Midi. A l'issue de ces délibérations, chaque jury délivre sa propre récompense: une date de concert de la part des professionnels, un soutien en communication de la Dépêche du midi et 1000 euros fourni par La Poste pour le vote du public.
Voici les artistes de cette année:
Monsieur Martin: "Un monsieur tout-le-monde que l’on croise chaque jour, sans jamais lui porter attention. Monsieur Martin n’est personne mais peut-être n’importe qui. Dans cet album concept, chaque titre est l’épisode d’une histoire et où l’ensemble constitue le film d’une vie. Celle de Monsieur Martin. Homme ordinaire le jour. Tueur en série la nuit. Le tout bercé par des musiques lancinantes et une écriture volontairement tranchante, sans concession. Avec ce projet aux multiples facettes, Monsieur Martin veut amener le public à découvrir toute l'étendue créative et esthétique que le Hip Hop propose." Cet artiste est intéressant, mais clivant... et pas encore tout à fait abouti.
Willows: "Willows (Geneviève Toupin) est née du désir de sa créatrice de se rapprocher de ses racines franco-manitobaines, anglophones et Métis. Depuis la sortie de son premier album en 2009, elle apporte un vent de fraîcheur musicale qui a fait voyager ses chansons au Canada, aux États-Unis et en Europe, remportant plusieurs prix, dont le Western Canadian Music Award pour l’album francophone de l'année." Jolies chansons, jolie voix, mais un air de déjà entendu de multiples fois.
K! est le projet de Karina Duhamel. "Auteur, Chanteuse et bidouilleuse de sons et de mélodies. Autodidacte, Karina a, au démarrage du projet, ressenti la nécessité de s’entourer de musiciens, de machines, pour donner corps à des univers délirants et décalés. Après quatre années d’existence ponctuées de récompenses et de reconnaissances professionnelles Karina affirme aujourd’hui sa singularité de chanteuse-conteuse de rêves." Je l'aime beaucoup. Elle a participé au Pic d'Or il y a un an. J'avais adoré. Elle a participé au Prix Georges Moustaki cette année, malgré les problèmes techniques, elle avait assuré. Bref, je suis très amateur de son travail. Et sa prestation à L'Athanor fut tout simplement une merveille de bizarrerie et de drôlerie. Elle a remporté une prestation sur une scène pour la prochaine édition du festival Pause Guitare.
(Photo : Michel Gallas pour Hexagone)
L'occasion de l'interviewer sur un banc public (Georges B, si tu nous lis)..
Interview de K :
Ce genre d’après-midi où plusieurs artistes se produisent et où l’un deux va remporter un prix, tu estimes que c’est un combat ?
Pas du tout. Ce n’est pas une lutte. Pour tout te dire, je ne savais même pas que c’était un concours. Je viens de l’apprendre. Moi, je suis venu pour la rencontre et du partage. En fait, les premières rencontres se sont faites ce matin, au petit déjeuner, avec Barbara Weldens et Denis K.
Une demi-heure, ça suffit pour montrer son univers ?
Non, c’est une catastrophe. 25 minutes, c’est affreux, en fait (rires). Habituellement, nous travaillons sur des formats de 50 minutes. C'est hyper frustrant.
La difficulté principale est donc de décider quelle chanson enlever ?
Exactement. Il faut trouver une cohérence dans son set. Ne pas faire trop de titres du même genre. Il faut à la fois donner un éventail de ce que l’on fait et ne pas être trop éclectique pour ne pas dérouter ceux qui nous découvrent. Je ne veux pas qu’ils se disent « mais qu’est-ce qu’elle fait ? Ça part dans tous les sens, nous sommes perdus ! » Il faut parvenir à recréer un mini fil rouge.
Tu regardes les autres artistes ?
Oui. Là, je sors de Barbara Weldens. La claque. Je me suis dit qu’il y avait plein de choses de bien et ça m’enrichit encore plus. Avec Barbara, c’était une vraie rencontre. On va se revoir après Pause Guitare, c’est sûr.
Barbara Weldens et toi, vous êtes un peu les deux foldingues de ce tremplin, voire de la chanson francophone. Je vous trouve plein de points communs.
Nous avons toutes les deux un truc un peu démentiel, un peu sombre. Comme moi, elle a un regard un peu drôle sur la vie… et un peu grinçant.
Tu as déjà un EP 6 titres. Tu évolues vers quoi aujourd’hui?
Le concert est en train d’évoluer vers un spectacle. J’avais très envie d’y inclure du décor et une mise en scène. Je défends l’idée qu’il faut rêver et faire rêver. Sinon, le disque est en préparation et devrait sortir en septembre 2016.
Je crois savoir que tu vas faire quelques résidences.
A partir du mois de septembre prochain, nous allons effectivement en faire sur Lille et Paris. Ensuite, présentation du spectacle en fin d’année avec des nouvelles et des anciennes chansons, arrangées pour que je choppe les gens et que je les emmène en voyage avec moi.
Denis K : "En 1976, Charles Aznavour chantait « mes amis, mes amours, mes emmerdes ». Presque quarante ans plus tard, c’est au tour de Denis K d’évoquer « nos vies, nos bordels ». Chez Denis, les accords résonnent avec les corps, les notes roulent comme les doigts sur le dos et l’amour est tout sauf un jeu où l’on gagne à tous les cou(p)s." Personnellement, j'ai apprécié ses chansons, mais il lui manque de l'assurance et un peu d'énergie supplémentaire. Disons qu'il est sur la bonne voie, mais qu'il n'est pas encore certain de prendre le bon chemin. Il hésite. Il faudrait qu'il assume.
La gagnante du tremplin "Découverte Chanson" s'appelle Barbara Weldens (prix du public et prix des pros). Elle a tout raflé. Et pourtant, pour moi, une parfaite inconnue.
"Foutraque, folle, langoureuse, tendre, drôle, impertinente, délirante, déjantée, emportée… elle ne cesse de passer d’un registre à l’autre, de jouer de sa voix et de son corps. Son piano se fait tour à tour tendre et violent, mélodieux ou discordant, grinçant ou drolatique."
J’avoue avoir été impressionné par le talent vocal de la demoiselle. Carrément époustouflant ! Je regrette juste le sujet de ces chansons. Il serait souhaitable qu’il soit plus universel. Que le choix des thèmes qu’elle évoque touche plus de monde. Mais, elle déboule dans le milieu de la chanson française, laissons-lui le temps de s’installer.
Voilà, ce qu’en dit Michel Gallas pour le site Hexagone.
(Photo : Michel Gallas pour Hexagone)
(Photo : Michel Gallas pour Hexagone)
(Photo : Michel Gallas pour Hexagone)
Interview de Barbara Weldens :
Vous avez gagné le tremplin, alors que vous détestez ce genre de concours. Pourquoi êtes-vous venue alors ?
Parce que j’ai fait confiance à ma manageuse, Dany Lapointe. C’est une femme « entourante ». Cela fait plusieurs fois qu’elle me met sur la bonne voie. Ce tremplin me semble fait pour donner à chacun sa chance et pas pour casser les artistes. Chacun à ses talents et chacun repart avec sa dose de reconnaissance.
Vous avez rencontré K et je crois savoir que cela s’est bien passé.
Je trouve que ce qu’elle fait est énorme. Je suis contente qu’elle puisse revenir l’année prochaine ici en concert véritable, comme moi. Je ne sais pas encore ce qui nous relie, mais nous sommes reliées, c’est sûr.
Moi, je ne vous connaissais pas du tout, j’avoue que vous m’avez bluffé.
Je viens d’arriver sur le marché, donc c’est tout à fait normal (rires).
La question idiote : vous êtes heureuse d’avoir gagné ce tremplin ?
Ce n’est pas d’être la préférée qui fait plaisir, c’est la reconnaissance. Aujourd’hui, je me dis que mon travail a été reconnu. Ça ne m’est jamais arrivé officiellement.
Que pensez-vous de l’accueil de Pause Guitare ?
Nous sommes reçus comme des stars. Je n’ai pas l’habitude de ça et j’avoue que ça me touche au plus haut point. Tout est prévu pour que l’on se sente bien. Tout est très bien organisé. Les régisseurs sont juste des petits génies.
Vous n’avez pas encore de disque, je crois.
J’ai juste un EP. Pour le moment, on peaufine ce que l’on veut donner sur scène. L’enregistrement est prévu pour l’année prochaine.
(Après l'interview, K! nous a rejoint pour la photo classe, à ne pas confondre avec la photo de classe).
Ici, Barbara Weldens, Denis K et K réunis pour la photo finale.
(Photo : LongueurDondes.com)
Alain Navarro, Président du festival Pause Guitare, reçoit Dominique Janin à Albi, et évoque les difficultés financières rencontrées par cette dernière avec le festival Alors... chante ! dont elle est la nouvelle Présidente.(Vidéo réalisée par Horscène.)
http://www.alorschante.com
Interview de Dominique Janin:
Vous allez reprendre le festival Alors Chante qu’on annonçait mort…
Il n’est pas mort en effet. Il y a eu beaucoup de changements. Nous sommes en redressement judiciaire renouvelable. Il y a six mois d’observation. J’ai repris la présidence car il est hors de question que l’histoire s’arrête. Nous travaillons avec la société Abacaba. Du coup notre association à la fois bénévole et associative se déroule très bien. Nous, on se garde ce qui est découverte. C’est notre tasse de thé, notre ADN. Nous avons un concert de soutien le 12 septembre à Castelsarrasin. Nous déménageons car nous nous sommes fait virés de Montauban. Plus de subvention, plus rien… nous étions trop engagés, je pense.
C’est un travail phénoménal qui vous attend !
Il est déjà entamé depuis le mois de janvier. Il a fallu refaire tous les dossiers. On a continué a travailler sur les écoutes « découvertes ». Je suis contente, parce qu’il y a Barbara Weldens qui est là. Elle fait partie de nos découvertes 2015.
Personnellement, quel lien avez-vous avec Pause Guitare ?
Un énorme lien affectif et depuis très longtemps. Avec Alain Navarro, nous sommes de vieux routards, des gens très proches et très respectueux l’un de l’autre. Il est toujours à mes côtés dans mes moments d’interrogations, de doutes… et de doutes cruels aussi. Alain est toujours là. C’est un homme extraordinaire.
J’ai vu une larmichette quand il vous a présenté sur scène pour annoncer que vous repreniez le bateau « Alors Chante » qui coulait.
Je crois qu’il ne faut pas trop me brancher là-dessus, parce que je sens que je repars. C’est un des paris les plus importants de ma vie professionnelle.
Le soir, à Pratgraussals, le premier artiste est un bluesman norvégien, Bjorn Berge. Il maîtrise à la perfection sa guitare à 12 cordes. L'artiste, à la cool, assis sur une chaise, a plaqué sa guitare sur des standards du blues ou des titres originaux. Il a électrifié l'auditoire.
Place à Étienne Daho. Le roi de la pop française était dans une forme éblouissante. Il a aligné ses succès les uns après les autres, laissant place parfois à une chanson tirée de son album le plus récent, Les Chansons de l'innocence retrouvée. Les gens de ma génération replonge dans les meilleures années de leur vie. Les années 80-90 sont marquées par les chansons de Daho et toutes les retrouver a été un régal. Le public a bien suivi le maître de l'electro pop "made in France".
Daho avec ses musiciens (avant son concert).
Daho avec pas ses musiciens (après le concert)
Asaf Avidan, j'étais très curieux de le voir sur scène. Le ravissement total Sa voix presque surnaturelle file les frissons. Je pensais assister à un concert plan plan, j'ai vu un show énergique entre blues, rock, jazz, pop... La classe absolue.
Avec Frah, leader de Shaka Ponk, juste avant de monter sur scène. (Photo : Robert Doisneau, comme chacun peut s'en douter.)
Quelques secondes avant le top départ scénique. Le calme avant la tempête.
La tempête est immédiate. Un show son et lumière de toute beauté et diablement efficace. J'émets quelques bémols sur leur musique. A la base, ce n'est déjà pas ma tasse de thé, mais on a l'impression d'entendre le même morceau pendant une heure. Cela dit, je n'ai pas boudé mon plaisir visuel et les spectateurs ont pris leur pied. Plein les yeux, plein les oreilles, Shaka Ponk excelle en la matière. Quelle énergie!
Le dernier jour arrive (malheureusement).
Retour à L’Athanor. Pour l’après-midi Scène talent.
Jesers, je le suis depuis le début de sa carrière. Je l’ai mandorisé là en 2011 et il a participé au Pic d’Or 2013 et a remporté deux prix, le Pic d’Argent et le prix du public. Nous nous sommes donc croisés souvent. Auteur interprète de la nouvelle scène française, c’est un amoureux des mots et de leurs sens. « Citoyen et conteur aux racines métissées, son univers musical est une rencontre entre plusieurs cultures, un voyage en chanson world emprunte de poésie urbaine. Avec son opus «J’aimerais qu’on sème», il nous invite à bord d’un nuancier coloré et positif dans lequel il aborde ses racines, de la France à L’Afrique, du Cap Vert au Sénégal, pour tracer des horizons tous liés aux événements de notre monde et où l’importance des mots illuminent les rimes ». Il est le vainqueur du tremplin "Découverte Chanson" Pause Guitare 2014. Cela m’a fait plaisir de le revoir ici.
Je dois vous avouer que Jesers m’a tiré des larmes pendant l’interprétation de ses chansons. Ses textes sont si sublimes. Ils prennent aux tripes sans ostentation (je ne sais pas comment il fait, mais il est très fort)… et comme je suis fier, je tentais de faire en sorte que ça ne se voit pas. (Oh ! J’ai une poussière dans l’œil !) Je pensais être le seul à tenter à retenir mes larmes. Après enquête poussée (je suis journaliste d’investigation) auprès de mon entourage, il se trouve que nous étions nombreux dans ce cas.
Quand soudain, il dit en me regardant : « Je vais maintenant faire mon dernier titre. Et je ne sais pas pourquoi, j’ai envie de le dédier à François ». Salaud ! Putain, moi, je suis un petit être sensible. J’ai écouté le texte. Il m’a tellement parlé que le ruisseau qui attendait de sortir a fini par sortir. Un geyser. Merci Jesers.
Après "l'effort", le réconfort de la rencontre avec le public.
Interview de Jesers :
Comment as-tu vécu ton Pause Guitare ?
Nous sommes là depuis mercredi. Je vais voir plein de concerts. J’ai dit à mes deux amis et musiciens, Marc et Philippe, qu’il fallait faire nos prestations le mieux possible. Tout le monde se donne à fond, nous devons en faire de même.
Je viens de voir ta prestation. J’ai l’habitude d’assister à tes concerts, mais c’est la première fois que je te vois avec un batteur.
Nous avons fait en sorte que la batterie ne parasite pas le texte. Nous avons cherché le bon dosage et je pense que nous l’avons trouvé. La batterie ne peut pas rentrer sur tous mes textes. Nous avions une écoute à deux et nous souhaitons que l’écoute soit similaire à trois. Philippe a fait et continue à faire des efforts dans ce sens… et il y parvient brillamment.
Aujourd’hui, le public a été très chaleureux. Nous avons été nombreux à être très émus. Moi, perso, des larmes ont coulé, sans savoir pourquoi.
J’ai vu beaucoup d’émotion et ça m’a touché aussi. L’émotion, le public ne peut pas l’avoir seul. C’est qu’il se passe quelque chose sur scène. Ça peut paraître bizarre, mais moi aussi, je suis parfois bien pris par ce que je dis.
Tu vois les réactions des gens quand tu es sur scène ?
Oui, j’ai vu la tienne par exemple. Je t’ai regardé parce que tu étais bien en face de moi. J’ai vu ton émotion. Je ne te savais pas si sensible… et c’est ça qui m’a donné envie de te dédicacer ma dernière chanson. Le texte t’allait parfaitement.
C’est la première fois qu’un artiste me regarde dans les yeux lors d’un concert et qu’il me dédie une chanson. Et une putain de belle chanson. Là, je t’avoue, j’ai craqué.
J’ai vu (sourire).
Qu’elle est ta relation avec Pause Guitare ?
C’est une relation très intense. Avec Alain Navarro, avec le public d’ici, les bénévoles… il y a vraiment une belle relation. Mon batteur, Philippe, vient pour la première fois et il m’a dit « mais qu’est-ce qu’on vous aime ici ! »
Vous avez eu le droit à une standing ovation.
Oui. On n’en revient pas. J’avais l’impression que c’était notre anniversaire aujourd’hui.
Après Jesers, place à Nevché. J’adore. « Avec « Monde Nouveau Monde Ancien », son premier album sorti en 2009, puis « Le soleil brille pour tout le monde ? », une mise en musique de textes inédits et militants de Prévert en 2011, Frédéric Nevchehirlian, désormais appelé « Nevché », a tracé une route sinueuse et singulière entre rock, slam et chanson.
Un nom compliqué, un genre indéfinissable, une démarche de développement artisanale et militante, ce capétien de français n’avait pas tous les atouts pour vivre de sa musique dans le contexte que nous connaissons depuis une décennie. » Son dernier album Rétroviseur est un pur joyau. J’étais content de le voir sur scène… et de l’interviewer.
(Photo : LongueurDondes.com)
(Photo : LongueurDondes.com)
Interview de Nevche:
A la fin de ton concert, tu as rendu un vibrant hommage au boss de Pause Guitare, Alain Navarro.
Je fais rarement ce genre de chose. Comme il y a un climat de tension dans le monde de la culture, des choses pas toujours positives, je voulais dire dans un micro, devant témoins, qu’il y a des gens qui sont fidèles, qui prennent le temps, qui nous laissent nous tromper. Ils nous permettent de revenir, de nous installer dans la durée. La vie, ce n’est pas qu’un coup. C’est dans la durée, ça s’étale. Il m’a accueilli avec mes différentes formations et ensuite en solo. Il m’a toujours suivi avec une fidélité désarçonnante.
Un jour, il t’a mis en première partie de Dick Annegarn.
Il a eu l’élégance de nous mettre au contact d’un grand monsieur de la parole et de la chanson. Il fait en sorte que l’on se rencontre ou pas. Il ne fait pas l’entremetteur, il laisse exister les choses. Depuis, avec Dick, nous n’avons cessé de nous croiser et de nous recroiser. Alain Navarro initie les choses dans la discrétion. De par ma culture arménienne, je suis sensible à cela. Les arméniens sont en retrait. Ils n’aiment pas dire les choses. Je ne veux rien ajouter. Je viens de dire sur scène que je l’aimais profondément, que c’était quelqu’un d’important. J’aime dit qu’il était un phare pour moi. Je ne voulais pas être impudique, mais politiquement, je trouvais qu’il était important que les gens sachent que ce genre d’homme existe. Ils sont rares.
Je viens d’être témoin d’une conversation entre toi et Jesers. Tu l’as félicité et a été touché.
J’ai beaucoup apprécié sa douceur et sa tendresse. C’est une valeur politique, aujourd’hui, pour moi. Je n’aime pas tous les styles de musique, je ne suis pas sensible à tout, mais j’aime voir la beauté où elle se trouve. Je suis une tête chercheuse de beauté. J’aime aller vers le beau des gens. On est tous des connards, des incompétents. On a tous nos travers… mais ce qui me plait, c’est la beauté des gens. Serge, Jesers, geyser de beauté, geyser de simplicité. Il a une force de douceur et d’empathie.
Dans ton concert, il y a beaucoup de tendresse, mais aussi beaucoup de folie. Il faut trouver le bon équilibre pour que le public puisse s’y retrouver?
En fait, je ne me pose pas la question de la réception du public, je me pose la question de mon équilibre intérieur. Si je me sens équilibré intérieurement, mélange de délicatesse extrême et d’énergie extrême, tout se passe bien. Je livre au public, avec honnêteté, mon grand écart.
Là encore, j’étais très impatient de voir Karimouche sur scène. J’en ai toujours entendu le plus grand bien et son deuxième album reçu il y a deux mois, Action, m’avait beaucoup plu. « Son premier album, Emballage d’origine, avait été une révélation en 2010 et, depuis, elle s’est abonnée à la scène : chanteuse, rappeuse, comédienne. Une musique inspirée d’Afrique du Nord, de la chanson française et de la culture urbaine, de la France métissée et de l’insolent talent d’une personne hors norme.Voix forte et sereine, rimes franches et intimes, elle fait résonner ses nouvelles chansons comme un grand tournoiement à la fois assassin et tendre. » Son show d’une heure était très convaincant. Drôle, beau, émouvant. (Et de sacrés musiciens derrière elle).
(Photo : LongueurDondes.com)
Interview (express) de Karimouche:
Tu aimes ce genre de configuration. Trois artistes présentant leur répertoire en une heure ?
Oui, j’aime cela. Les co-plateaux sont très vivants. On rencontre plein de gens et surtout, on découvre d’autres artistes. C’est enrichissant. Cet après-midi, j’ai découvert Jesers qui m’a impressionné et je connaissais Nevché que je respecte beaucoup.
Tu viens de sortir un nouvel album… tu as joué quelques morceau qui y figurent.
Quand tu fais une heure, le choix des chansons est complexe à faire. Je fais tout mon répertoire, mais en accélérant le tempo (rire).
Connaissais-tu Pause Guitare ?
Je connaissais de nom et de réputation, mais je n’y avais jamais participé. Je suis donc très heureuse et très flattée d’avoir joué ici. Le festival est génial, les bénévoles sont supers. Toutes l’équipe technique est très agréable et efficace. Ce n’est pas partout que cela se passe ainsi. Ici, il y a quelque chose de différent. Quelque chose de positif. C’est un bonheur de venir jouer ici.
Et le soir à Pratgraussals... Hindi Zahra. Pour je ne sais plus quelle raison, je n'ai pas été attentif à son concert. J'ai entendu au loin ces chansons soul-folk-jazz où affleurent ses origines sud-marocaines.
Enfin, Cali débarque. La big claque. Je ne l’avais plus vu en concert depuis longtemps, (même si je le mandorise parfois, voir là et là). Il me semble qu’il est le chanteur français le plus performant sur scène. Un concert insensé où l’on sent l’amour qu’à l’artiste pour son public et sa joie incommensurable d’être sur scène. Énergique, positif, joueur.
Quel plaisir de le voir chanter ses succès (mais pas que), courir dans tous les sens, aller dans la foule sans « garde du corps », faire monter les photographes et jouer avec eux, appeler une jeune femme pour qu’un bénévole de Pause Guitare fasse sa demande en mariage… Il transmet son enthousiasme d’être là et nous, on l’admire pour cela. Et on est impressionné.
Celle-là, elle est de moi. C'est donc, évidemment, la photo la plus belle. (Hein?)
Avec Dieu le père, Alain Navarro.
Et pour conclure Pause Guitare cru 2015, une photo de Bob Dylan. (Si, il est là, au fond, quelque part...) Reste chez toi Bob. Si tu ne veux plus te montrer, dire bonjour, respecter ton public, donner un peu de toi, faire plaisir aux gens qui donnent de l'argent pour venir te voir. Je pourrais dire "I was here"... mais je n'ai pas vu grand chose... (Bon dieu, en plus, il est passé après Cali. Le jour et la nuit. Le meilleur et le moins bon (je parle scéniquement, bien sûr).
Et un grand merci à Alain Navarro, adulé de tous (voir la photo du journal des bénévoles, ci-dessous) et grand ordonnateur de ce festival.
Pour terminer, voici une interview du maestro de l'organisation par Thierry Cadet pour Horscène. Alain Navarro dresse un premier bilan de Pause Guitare version 2015 qui a rassemblé près de 48 000 festivaliers. Et surtout, vous verrez toute l'humanité que dégage cet homme. Que j'aime.
A lire ici, un article de La Dépêche sur le bilan très complet de cette année.
Merci à toute l'équipe d'Arpèges et Trémolos, tous les bénévoles (en particulier Tristan Leouek, notre ange gardien et Christelle Canaby qu'on a dérangé pour un oui ou pour un non et qui gardait toujours le sourire), les photographes (ultra talentueux) de Pause Guitare (sans qui cette chronique n'aurait aucune raison d'être.)
Richard : www.richardstorchi.net
Jean Luc : 500px.com/Jean-LucClercq-Roques
Mary : www.mrscustomspics.com
Melanie : www.memaile.fr
Lilian : www.lilianginet.com
Jean : www.facebook.com/chasseur.delumiere.9
Damien : eyelivephoto.com
MC : marioncadillac.fr
Fabien : fabien.espinasse@gmail.com
(Et merci aussi à Serge Beyer : LongueurDondes.com, dont voici l'excellent compte rendu du Festival.)
11:19 Publié dans Les coulisses du show biz, Musique | Lien permanent | Commentaires (1) | Tags : pause guitare, 2015, bilan, interview, jesers, karimouche, nevché, k, barbara weldens, dominiuqe janin, alors chante, alain navarro, mandor