« 2017-11 | Page d'accueil
| 2018-01 »
29 décembre 2017
Naya : interview pour l'EP Blossom
(Photo : Sunny Ringle)
Quand j’ai reçu une proposition d’interview pour une dénommée Naya, j’ai d’abord pensé avoir affaire à une pseudo chanteuse R’nB. Je ne sais pas pourquoi (la curiosité peut-être ?), j’ai quand même cliqué sur le lien qui m’était proposé. Et là, je tombe sur le clip de « Girl on the Moon » (la curiosité n’est pas toujours un vilain défaut, donc). Je découvre une nouvelle artiste très jeune aux compositions electro/pop envoûtantes, soutenues par un grain de voix particulier. Guitariste depuis son enfance, Naya fait partie de ces très jeunes artistes dotés d'une grande maturité.... Cela se ressent dans sa façon d'appréhender la musique, l'écriture et la scène. A l'écoute de son premier EP, Blossom, j’ai vite compris que cette chanteuse était une des promesses musicales des prochaines années.
J’ai donc accepté une mandorisation. L’entretien a été réalisé à l’issue de la première partie du concert de Son Little, à la Maroquinerie, le 11 décembre dernier.
Biographie officielle (mais raccourcie) :
Naya est née en 2000, a commencé le piano à cinq ans au Conservatoire, la batterie quelques années plus tard ; elle a découvert les Beatles à dix ans en vinyl grâce à la collection de ses parents, s’est mise à chanter dans la foulée et a peaufiné son apprentissage de la guitare via des vidéos sur internet, après que son père lui ait appris quelques accords. Elle commence rapidement à picorer sur le web et dans la discothèque familiale de quoi se constituer une culture musicale solide, et apprend assez d’anglais pour composer, à douze ans, sa première chanson, inspirée par un voyage en famille à New York.
Depuis quelques mois, elle s’accompagne sur scène d’un looper, et explore des sonorités électroniques dans son tout nouveau home studio, qui insufflent une tonalité plus mélancolique à son tempérament joyeux.
En 2013, Naya a déjà une petite réputation sur les scènes des environs de Bordeaux : elle a joué en première partie de Mademoiselle K, Fauve ou Rover, a affiné son jeu de scène, depuis une première expérience grisante au skate park de Libourne.
Naya est encore très jeune (16 ans), mais a étonnamment pris son temps : deux ans après la parenthèse « The Voice Kids », dont elle a été finaliste en 2014, elle joue à la Boule Noire à Paris, est repérée par Sony Music, et sort aujourd’hui un premier EP constitué de ses cinq premières compositions. L’été dernier, elle a fait la tournée des festivals (Musilac, Le Big Festival...), a accompagné Jain pour cinq dates de sa tournée française. Depuis deux ans, elle compose ses propres chansons, dont elle a enregistré les maquettes dans le home studio d’un ami de ses parents. Elle y apporte sa voix incroyablement mûre, ses airs accrocheurs, mais aussi ses idées de production et d’arrangements. Naya aime être seule maître à bord, écrit sur ce qu’elle voit et ressent, ne s’interdit pas de chanter un jour en français.
L’EP :
En cinq chansons, une artiste est née. La première identité est bien sûr la voix de Naya, douce et très affirmée, bluesy mais mise au service d’une pop rêveuse et mélancolique, habitée de fantômes (« Ghost By Your Side ») ou d’envies d’ailleurs (« Girl on The Moon »). Autour de l’architecture guitare-voix se déploie une production riche qui laisse la mélodie au cœur et prend des libertés avec les canons de la folk pour s’ancrer profondément dans les sonorités contemporaines. De la pure pop, cuvée 2017.
(Photo : Mara Zampariolo/Les Inrockuptibles)
Interview :
Tes parents sont les deux leaders du groupe bordelais The Basement, un groupe qui joue de la noise décapante. Tu allais les voir sur scène quand tu étais petite ?
Même pas. La première fois que je les ai vus en concert, c’était à l’âge de 13 ans. Ils sont souvent partis en tournée, en Europe… j’avais envie de faire la même chose. Toute ma vie, j’ai vu mes parents répéter jusqu’à très tard le soir, revenir de tournée et me raconter les rencontres qu’ils avaient fait, les scènes sur lesquelles ils avaient joué… ça me faisait rêver.
Tu ne fais pas la même musique. Tu aimes celle de tes parents ?
A la maison, on écoute ce genre de musique, mais pas uniquement. Ils sont très ouverts. J'ai toujours entendu de la pop, du rock, de la noise, de la soul… j'aime tout ça.
Toi, tu te diriges clairement vers la pop.
J’ai été aussi bercée par les mélodies d’Oasis. Je suis une grande fan de la pop anglaise et des mélodies. Pour moi, dans une chanson, la mélodie est ce qu’il y a de plus important. J’ai un home studio dans lequel je compose toutes mes chansons et je passe mon temps à chercher des mélodies. Pour moi, la rythmique est moins primordiale.
Clip de "Girl On the Moon".
Effectivement, depuis deux ans. Je m’intéresse beaucoup à la production. J’ai des idées précises sur ce que je veux, alors je passe un temps fou à essayer des choses, à bidouiller des sons… pour mon EP, j’ai travaillé avec deux réalisateurs. Je les ai beaucoup observés et j’ai donc beaucoup appris. Ça m’a passionné, alors je tente de m’y mettre seule.
Comment travailles-tu en studio?
J’écris, je compose et j’interprète chez moi. Ensuite, j’arrive en studio avec des démos vraiment abouties. Sur l’album qui sort l’année prochaine, j’ai travaillé avec Valentin Marceau. Il a produit la qualité des sons, mais la structure, les mélodies et la rythmique venaient de moi.
Tu as commencé la scène à l’âge de 11 ans, tu en as 17 aujourd’hui.
J’ai donc l’habitude de chanter devant un public. Du coup, je teste l’efficacité de mes chansons en live. Je vois les réactions des gens. J’arrive à repérer l'intérêt qu'ils ont ou pas.
"Great Ocean Road".
L’expérience The Voice Kids était intéressante ?
Oui, j’ai été finaliste en 2014, avec Garou comme coach. J’en parle systématiquement dans toutes les interviews parce que cela a été une très grande expérience pour moi. Se retrouver à 14 ans devant 8 millions de téléspectateurs, c’est incroyable et particulièrement formateur. Si j’ai plus d’aisance aujourd’hui sur scène, c’est aussi grâce à cette émission. C’est une sacrée bonne école. Je ne renie absolument pas, ça fait partie de mon histoire…
Tu as fait ensuite de nombreuses premières parties. C’est formateur?
Bien sûr, parce que les gens ne te connaissent pas, alors il faut les convaincre. J’ai toujours eu de supers bons retours. Ouf !
Je n’aime pas faire des comparaisons, mais je te classe dans la famille d’artistes comme Jain.
C’est quelqu’un que j’apprécie beaucoup. Sur scène, elle très forte. En plus, elle est très gentille. Humainement, c’est vraiment une crème. J’ai fait pas mal de premières parties d’elle et à chaque fois, elle venait me parler dans les loges. Parfois longuement.
"It doesn't scare me".
Ton EP, Blossom, a été bien accueilli.
J’en suis ravie. Je travaille desssus depuis que j’ai 14 ans alors je trouve que cet EP n’est pas arrivé si vite que cela (rires). En tout cas, l’album devrait sortir en avril prochain.
Il n’y aura que deux ou trois chansons de l’EP dans l’album…
En tout cas, il y aura beaucoup de nouvelles chansons dans un album relativement court. 10 titres, pas plus. Je vais faire en sorte qu’on ne se lasse pas de ce disque.
Naya, le 11 décembre 2017, à la Maroquinerie.
A 17 ans, j’ai l’impression que tu gères tout.
Oui, parce que c’est mon projet avant tout. J’ai quand même une équipe avec moi qui me dit ce qu’elle pense de mes idées. Ça discute pas mal, mais tout part de moi. L’idée des chansons, de la pochette de l’album, du clip… Je dirige tout et j’adore ça.
Que pensent tes parents de ta musique ?
Ils semblent apprécier. Ils me suivent avec attention et c’est très important pour moi de les savoir avec moi.
Tu es confiante en ton avenir musical?
Je ne suis pas trop inquiète parce que je fais la musique que j’aie envie de faire. Si ça plait, c’est cool, si ça ne plait pas, je ferai une autre musique. Je tenterai de rebondir. Aujourd’hui, j’essaie des choses, on verra comment ça se passe.
Avec Naya, après l'interview, le 11 décembre à la Maroquinerie (photo : la maman de Naya).
11:02 Publié dans Les coulisses du show biz, Musique | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : naya, blossom, the basement, the voice kids, interview, mandor
27 décembre 2017
Gervaise : interview pour l'EP Humeur Vive
(Photo : Julie Michelet)
« Serais-tu du genre à juger sur les apparences ? Une blonde, avec un nom pareil... Ça en inspire des choses. A croire que j'aime me distinguer. Peut-être. J'aime surtout à parler de la femme, des femmes, de moi et d'elles, et des hommes aussi. Je chante ce qu'ils m'ont fait et ce que j'aimerais qu'ils me fassent. Femme singulière qui décline les aventures au pluriel, fille aventureuse qui cherche l'amour au singulier, je navigue entre chanson et pop, entre paroles et paillettes. Sur ma bouche, il y a du rouge et des cocktails tendres ou explosifs, selon mon humeur. Pour peu que l'on se soit croisé, ton parfum embaume encore ces vers. Peut-être t'y reconnaîtras-tu... » Ainsi Gervaise présente son deuxième EP, Humeur Vive.
Teaser de Humeur Vive.
Comme elle le précise elle-même, son truc à elle c'est de parler de la femme, des femmes...et des hommes aussi. Sur sa bouche il y a du rouge et des cocktails, explosifs ou doux selon son humeur. Elle navigue entre chanson et pop, entre paroles et paillettes. Joueuse, assurément. Il n’en reste pas moins que les chansons de Gervaise sont originales, modernes et fraîches. Ça fait du bien par les temps qui courent. Une rencontre mandorienne s’imposait. Ainsi fut fait le 11 décembre 2017 dans un bar de la capitale.
Biographie officielle :
Gervaise ne s'est jamais vue faire autre chose que chanter, et son caractère étant ce qu’il est, elle n‘a jamais transigé là-dessus. Alors Gervaise chante et compose, depuis maintenant cinq ans. Accompagnée de sa guitare, elle assiste pendant quatre ans (2012-2016) aux Ateliers de Claude Lemesle et tape dans l‘œil Cabaret l’Escale de sa Bourgogne natale en 2013. Celui-ci développe à son endroit un dispositif (concerts, résidences, aide à la promotion) lui permettant de consolider et développer son projet artistique.
Gervaise passe alors aux choses sérieuses avec la sortie en autoproduction de son premier EP, Femme Mystère (octobre 2015), dans lequel elle s’amuse à multiplier les robes comme d’autres les casquettes. Tour à tour fille et femme, mère et maîtresse. Paradoxalement, ce disque permettra à la « femme mystère » de se dévoiler au public en multipliant scènes et tremplins, parmi lesquels les premières parties de Michel Fugain et Sanseverino ou encore le Prix Georges Moustaki (demi-finaliste en 2015). Cette même année, elle reçoit l’aide à l’autoproduction de la Sacem.
2016: Gervaise découvre l’univers de l’effeuillage burlesque ; la « femme mystère » se mue alors en « femme fatale », en poupée pop et platine, sensuelle. Son nouvel EP, Humeur vive, témoigne de ce virage. L’ambiance se paillette, s’électrise en même temps que la guitare ; Gervaise s’habille de la lumière des néons et des flammes. L’automne sera chaud.
(Photo : Julie Michelet)
Interview :
Raconte-moi ta rencontre avec la musique ?
Je chante depuis toute petite et à la maison il y avait tout le temps de la musique. Ma mère écoutait beaucoup de chansons françaises et de musiques du monde. Papa, lui, écoutait plutôt du rock’n’roll. Il me réveillait le matin avec « Hells Bells » d’AC/DC (rires). Du coup, j’ai une culture musicale très diversifiée.
Ta mère est dans le spectacle, je crois.
Elle est metteur en scène et comédienne, donc, j’ai chopé la fibre artistique très tôt. Elle donnait des cours de théâtre, alors j’y assistais. Je suis montée sur ma première scène à l’âge de 8 ans et j’ai compris tout de suite que ça m’attirait terriblement.
A quel âge as-tu commencé la guitare ?
A 15 ans. Quand j’ai commencé à aligner deux trois accords, j’en ai profité pour écrire des petits textes, qui sont devenus des petites chansons.
Tu racontais quoi à 15 ans ?
Je racontais des histoires pas forcément de mon âge. Au début, je n’écrivais pas de chansons autobiographiques, c’était des histoires imaginées ou vues dans des films. A 16 ans, j’ai écrit « Maladie mélodie » et « La femme que l’on déteste », deux chansons qui figurent sur mon EP La femme mystère. Ça me faisait du bien d’écrire et, à 17 ans, je commençais à me dire que je pouvais en faire un métier.
Et à cet âge-là, on fait quoi pour accélérer le processus ?
Autant j’ai su rapidement que je voulais devenir auteure-compositeur-interprète, autant j’ai mis du temps à l’assumer dans ma tête.
Premier clip tiré du deuxième EP de Gervaise, Humeur Vive.
Avant de faire de la scène régulièrement, tu as fait des études.
J’ai fait une licence de musicologie à Dijon. J’avais besoin de me légitimer un peu. Ça m’a ouvert sur plein de genres musicaux que je n’écoutais pas forcément comme le jazz ou la musique classique. Après, j’ai passé un master qui m’a permis d’apprendre l’organisation et la gestion d’évènements culturels. Aujourd’hui, en tant qu’artiste, je sais parfaitement comment les choses fonctionnent. Ce qui est amusant dans tout ça, c’est qu’à l’inverse des autres parents, ma mère ne comprenait pas pourquoi je perdais du temps à faire des études. Elle m’incitait plutôt à foncer dans la chanson.
A quel âge as-tu fait ton premier concert ?
A 18 ans. Tout s’est accéléré quand je suis arrivée à Paris, après mon master. J’ai commencé à chanter dans les bars et à me rapprocher du réseau « chanson » parisien. J’ai fait L’atelier de Cédric et les ateliers de Claude Lemesle. J’aurais dû faire encore plus de choses comme La Manufacture Chanson ou le Studio des Variétés.
Très vite, tu as sorti ton premier EP, Femme Mystère.
C’était un pot-pourri des premières chansons que j’ai écrites. C’était un disque plus classique et conventionnel que le nouveau. J’avais moins de moyen et je me cherchais encore musicalement. Je n’avais pas encore mon identité et mon son. J’étais pressée d’enregistrer un premier disque. Je trouvais ça cool, mais du coup, je n’étais sans doute pas encore assez exigeante. A l’époque, ça m’a permis de faire des tremplins et d’être en demi-finale du Prix Georges Moustaki. Je le suis encore cette année avec ce deuxième EP.
Tu as aussi intégré le groupe d’artistes Les Beaux Esprits.
J’en avais entendu parler via Garance et Rosie Marie. J’ai trouvé que tout était simple et sain avec ce collectif. Le créateur des beaux Esprits, Bruno Barrier, est quelqu’un qui aime les artistes et qui les respecte profondément… et il n’y a aucun problème d’ego chez personne. C’est un peu cliché de dire cela, mais c’est comme une petite famille. Cela dit, on n’est pas accepté tout de suite. Il y a une période d’observation. Tout le monde vient te voir, t’écoute… ensuite, ils en parlent entre eux. Tu n’as pas le tampon Beaux Esprits immédiatement (rires).
Avec les Beaux Esprits.
Tu es passée par la case Nouvelle Star. Belle expérience ?
Je suis allée jusqu’à la première épreuve au théâtre. Ensuite, je me suis demandé ce que je faisais là. C’était la première fois que je faisais un casting, de plus, en chantant les chansons des autres. Quand tu fais ce genre d’émission, soit tu joues le jeu de la télé, soit tu ne le joues pas. Je n’ai pas dû assez jouer.
Casting de Gervaise à la Nouvelle Star.
Ce deuxième EP, Humeur Vive est super bien produit.
C’est grâce à Denis Piednoir et Matthieu Seignez qui ont notamment arrangé et réalisé les chansons. Ils ont su apporter un nouveau son… plus moderne. Je n’écoute pas que de la chanson française, j’écoute aussi beaucoup de musiques anglo-saxonnes, je voulais donc éviter les arrangements poussiéreux. Ce qu’ils ont su faire était exactement le tournant musical que je souhaitais. Je viens de la chanson et je ne veux pas renier ça, juste, je voulais que cela sonne actuel.
Il est pas mal question de femmes libérées dans tes chansons. Dans « Sans anesthésie » par exemple, une femme fait en sorte que l’homme accepte l’acte sexuel.
Elle prend l’initiative parce qu’elle assume sa sensualité et son désir. Il y a deux ans, j’ai fait la rencontre d’un art que j’adore, l’effeuillage burlesque. Il y a un côté vintage qui m’attirait. Ces femmes qui s’effeuillent sur scène de manière forte et hyper assumée, j’ai trouvé ça génial. J’ai un peu évolué dans ce milieu-là ces derniers temps et ça a dû influencer certains textes de mes chansons (rires).
"Je vous laisse", extrait de l'EP Humeur Vive. Captation live au Cabaret l'Escale (décembre 2016).
Il y a un peu de féminisme dans tes chansons.
Oui, mais pas forcément militant. Mais, tu as raison, le féminisme est là dans ma façon d’aborder les thèmes.
« Le silence des femmes » incite les femmes à arrêter de s’autocensurer, incite aussi à prendre un peu plus de pouvoir… Au regard de ce qu’il se passe en ce moment, quelle résonnance !
Dans cette chanson, je parle du silence des femmes de manière générale, aussi bien dans le harcèlement de rue que dans la violence. J’ai écrit cette chanson avant toutes les affaires récentes et les ashtags #balancetonporc ou #metoo. Je pense qu’aujourd’hui les femmes en ont ras le bol. Les premières ont commencé à parler, les autres se sont engouffrées dans la brèche et c’est tant mieux. Personnellement, je ne milite pas, mais je suis abonnée à des pages Facebook qui parlent des femmes comme La fondation des femmes ou Les Glorieuses.
Pendant l'interview...
J'aime beaucoup « Flirt avec l’orage ». C'est une chanson qui dit qu’il faut vivre sa vie le plus intensément, car elle peut-être courte.
Dans ma vie, il y a eu des évènements qui ont fait que j’ai eu une sorte de réveil. Un réveil qui m’a incité à vivre vraiment, sans concessions. On peut changer sa façon de vivre du jour au lendemain à cause d’épreuves traversées.
Tu fais en sorte que tes chansons soient universelles ou tu n’y penses pas quand tu les écris ?
Evidemment, j’ai envie que mes chansons parlent aux gens, après je ne m’empêche pas d’écrire des choses très personnelles. Au-delà du sujet d’une chanson, je crois qu’en choisissant bien ses mots, tout le monde peut s’y retrouver quelque part.
Gervaise à la fin de l'interview, le 11 décembre 2017.
17:11 Publié dans Les coulisses du show biz, Musique | Lien permanent | Commentaires (1) | Tags : gervaise, humeur vive, beaux esprits, interview, mandor
20 décembre 2017
François Alquier : interview par Fabien Martin pour L'aventure Starmania +promos
Fabien Martin est un ami auteur compositeur interprète dont j’apprécie le travail depuis qu’il enregistre des disques. Il a été un des tout premiers mandorisés il y a 11 ans, en juillet 2006, puis il est revenu en 2014. Nous sommes devenus amis au fil des années.
Un jour, il m’envoie un message.
Lui :
-Pour ton livre, L'aventure Starmania, tu veux bien que je te mandorise?
Moi :
-Euh...
Lui : Tu fais la promo des autres tout le temps, je ne te laisse pas le choix. Je vais m'occuper de ton cas, point barre!
(Ainsi, le 29 septembre dernier, dans son studio d'enregistrement, un de mes chanteurs préférés a fait son boulot d'intervieweur impeccablement. Il avait bien lu le livre et m'a posé une série de questions très intéressantes.
(Fabien, reste dans la chanson, je ne veux pas que tu me piques mon job!)
(Et merci pour tout!)
Interview :
Bonjour François.
Bonjour Fabien.
Il y a environ deux ans, tu sortais un livre sur la chanteuse Louane, et aujourd’hui nous sommes ici pour parler de la parution de ton ouvrage sur l’aventure Starmania.
Tout d’abord, toi qui as l’habitude d’interviewer des chanteurs, qu’est-ce que ça te fait d’être interviewé par un chanteur ?
Etre interviewé n’est pas l’exercice dans lequel je me trouve le meilleur. Par un chanteur, qui plus est, c’est la première fois. Donc je ne sais pas. Je vais vivre cette expérience, et je t’en parlerai à la fin.
Alors ce sera notre première fois pour tous les deux. Tu as bien dormi ?
J’ai… moyennement dormi, mais pas à cause de ça.
La première question que je vais te poser sera la dernière à laquelle tu répondras, parce qu’elle n’est pas simple, et qu’elle va te demander un peu de réflexion et d’imagination. Tu vas donc y penser durant l’interview et j’y reviendrai à la fin.
Nous sommes donc en 2017, la dernière édition de Starmania a eu lieu en 1993 et, comme tu le sais, une nouvelle édition verra vraisemblablement le jour en 2018, sous la houlette de son auteur.
Ce que tu ne sais pas encore, en revanche, c’est que Luc Plamondon va t’appeler d’ici la fin de la semaine pour te proposer le poste de Directeur de Casting, poste que tu ne peux pas refuser évidemment.
Evidemment.
Qui verrais-tu dans chacun des rôles aujourd’hui ? Evidemment, on a besoin d’un casting franco-québécois, c’est le désidérata de monsieur Plamondon. Alors tu y réfléchis et on y revient dans trente minutes. Ok pour toi ?
OK.
Quel âge avais-tu au moment de la première mouture de Starmania ?
J’avais onze ans, je m’en souviens parfaitement. J’avais fait acheter le disque bleu de 1978 par mes parents, pour la seule et unique raison qu’il y avait à l’intérieur un chanteur que j’entendais de plus en plus, Daniel Balavoine. « Le Chanteur » était joué sur toutes les radios. Et cette voix-là m’avait complètement… bouleversé. Je l’adorais.
Donc tu as acheté l’album de Starmania juste…
… Juste parce qu’il y avait Balavoine, exactement !
C’est un spectacle que tu as vu ou que tu as fantasmé ?
Oui je l’ai vu, mais uniquement la dernière version.
Je voulais savoir si tu avais vu l’original.
Malheureusement, non. Et c’est vraiment ma version préférée. J’ai aimé Starmania avec la première version. D’abord l’album bleu, enregistré en studio, puis la version live, un an plus tard, qui est, à mon avis, la plus complète. Le vrai Starmania c’est cet album-là, puisqu’il y a toutes les chansons, ainsi que les intermèdes qui racontent l’histoire.
Avec Daniel Balavoine (Johnny Rockfort) en 1984 au Palais des Sports de Paris.
Donc c’est par le truchement de Balavoine que tu arrives à Starmania, mais tu y découvres d’autres chanteurs…
Oui, et j’ai fini par aimer toutes les chansons très rapidement. Je ne comprenais pas vraiment ce qu’elle racontait, parce que les thèmes abordés à l’époque ne me parlaient pas vraiment, mais j’aimais les voix. Et j’adorais la musique de Michel Berger. D’autant plus que toutes les chansons se suffisaient à elles-mêmes. On pouvait les écouter sans forcément penser à l’histoire.
Justement, c’était ma question suivante… Penses-tu que le public ait à ce point conscience de ce que raconte Starmania, au-delà des chansons ? Ne crois-tu pas que la redoutable efficacité et popularité de chacune des chansons n’a pas un peu éclipsé l’ensemble de la comédie musicale, son livret, son propos ?
Je partage ton avis. Les chansons ont éclipsé l’histoire et, j’irai même plus loin, elles ont éclipsé les interprètes. En France, peu de gens savent que c’est Claude Dubois qui chante « Le Blues du Businessman » par exemple. Et encore, là, je te parle de la première version…
C’est ce que tu écris dans ton livre d’ailleurs, ce sont les chansons qui sont au service des interprètes et non pas l’inverse…
C’est ce que me disait le directeur de Radio Nostalgie. Quand la radio diffuse ces chansons, personne ne sait qui les chante, à part Balavoine et Fabienne Thibault.
Oui quand même… Dans ton avant-propos, tu mentionnes une personne que tu as interviewée pour ton livre et qui te demande pourquoi tu aimes Starmania depuis toujours. Tu dis te retrouver dans l’incapacité de répondre. Depuis que tu as terminé le livre, j’imagine que tu as eu le temps de réfléchir à la question… As-tu une réponse à lui donner aujourd’hui ?
Je ne sais pas, j’imagine que toi aussi tu as des albums de référence, que tu as écouté toute ta vie, que tu aimes, mais tu ne sais pas vraiment pourquoi. Starmania, c’est un truc qui m’a toujours touché. Chaque chanson raconte une histoire dans laquelle tout le monde peut se retrouver.
Justement, est-ce qu’il y a une chanson qui te tient particulièrement à cœur ? Un personnage auquel tu t’identifies ? Ne me dis pas « Balavoine », attention! Je ne parle pas d’un chanteur en particulier, mais d’un personnage.
Je serai tenté, effectivement, de te dire que ma chanson préférée est « S.O.S. d’un terrien en détresse », car je la trouve superbe, mais Johnny Rockfort n’est pas le personnage dans lequel je me retrouve ; c’est un terroriste, il est plutôt faible, il se fait un peu mener par le bout du nez par Sadia puis par Cristal… De fait, en réalité, je trouve qu’il n’a pas tant de personnalité que cela.
Comme la plupart des terroristes aujourd’hui.
Oui, c’est vrai. Ma sensibilité m’amènerait donc plutôt vers le rôle de Marie-Jeanne, la serveuse automate. Je crois que c’est le rôle le plus universel. Elle raconte la solitude, les déceptions amoureuses, l’interrogation sur ce que l’on fait sur Terre, sur où est notre place… Marie-Jeanne se pose des tas de questions que l’on se pose tous. Les autres personnages sont davantage segmentants.
Avec Maurane (Marie-Jeanne), le 30 mars 1993 au Palais des Congrès de Strasbourg.
En lisant ton livre, j’ai eu la sensation que le succès et la réussite de Starmania, tant commerciale qu’artistique, tenaient au fait que Berger et Plamondon n’étaient pas du même continent. Un compositeur du Vieux Continent, et un auteur du Nouveau, avec tout ce que cela implique de modernité. Je ne sais pas si Starmania aurait été si visionnaire à l’époque, et donc autant d’actualité quelques décennies plus tard, si Luc Plamondon avait été européen. Qu’en penses-tu ?
Effectivement, Luc Plamondon est arrivé avec sa culture, et la culture nord-américaine, tu le sais, n’est pas la même que la nôtre. Et ce choix, Michel Berger l’a fait volontairement. Il savait qu’il n’allait pas trouver les mots, il sentait qu’il manquait quelque chose. Il n’avait pas la virulence de Plamondon, la même culture, ni forcément la même vision du monde. Cette association a été comme une étincelle, ils se sont trouvés. Et ils n’ont jamais pu refaire aussi bien, même s’ils ont remis le couvert par la suite avec « La Légende de Jimmy »…
Oui, un peu comme un vieux couple qui se remet ensemble des années après, mais ce n’est plus la même magie.
Ça n’a pas matché de la même façon. Je ne sais pas, il devait y avoir toutes les conditions réunies en 78 pour faire ce chef-d’œuvre.
Les planètes étaient alignées.
Voilà, c’est ça!
Je voudrais revenir un peu sur ton livre, sur la façon dont tu l’as écrit. Quelles ont été les premières étapes ?
J’ai commencé par les entretiens. Comme tu le sais, c’est mon métier, et j’aime beaucoup ça. Tous les livres que j’écris sont à base d’interviews, je trouve que c’est le bon matériel pour commencer un livre. Donc j’en ai fait beaucoup, beaucoup, beaucoup… Et le problème c’est que quand tu as autant de témoignages, et là j’en avais quand même trente ou trente-cinq, c’est qu’il faut déjà les retranscrire. Savoir où tu vas situer telle phrase, telle citation, tel thème… et cela devient vite un casse-tête, un véritable enfer même ! J’avais tout imprimé, tout disposé par terre, je relisais, je me disais : « tiens, ça, ça peut aller là, ça ici », etc… C’était ludique, mais difficile.
Combien de temps t’a demandé l’écriture de ce livre ? A quelle fréquence, à quels moments de la journée ?
Ça m’a pris un an en tout, dont véritablement trois mois à temps complet, où je ne faisais quasiment que ça.
Es-tu parvenu à sacrifier ta vie de famille et à laisser tomber tes amis afin de te consacrer pleinement à l’écriture ?
Les gens qui me sont proches ont eu la gentillesse de ne pas m’en vouloir quand j’avais beaucoup de boulot. Mais c’est vrai qu’on n’est pas disponible, ni dans le temps, ni dans sa tête. Mais je suis sûr que c’est pareil pour toi, qui est chanteur et musicien, quand on est dans son truc, on a du mal à s’en extirper. Starmania a occupé un an de ma vie ; je ne vivais que Starmania, je ne pensais que Starmania. Ça m’a fait pareil avec Louane. Quand tu prends un sujet, tu vis avec, tu t’endors avec, tu te réveilles avec.
En tout cas, bravo, le livre est vraiment beau, bien documenté, très fourni en photos et en témoignages. J’ai appris par exemple que Michel Jonasz avait décliné l’offre de chanter « Le Blues du Businessan ». C’est fou !
Oui, mais comme je sais que c’est quelqu’un de ta famille, il faudra quand même lui demander si c’est vrai.
On lui demandera. Cela dit, puisqu’on est entre nous tu peux me le dire, de quels protagonistes aurais-tu aimé avoir les témoignages, t’entretenir, et qui n’ont pas voulu te répondre ? Ou peut-être que tu n’as pas osé contacter ? Evidemment, on pense à France Gall, Luc Plamondon…
Ce sont ces deux-là justement ! Luc Plamondon, je voulais que ce soit lui qui fasse la préface.
Avec Luc Plamondon, l'auteur de Starmania, le 20 novembre 1998 à Radio Notre Dame.
C’est Maurane qui va être contente (Maurane signe la préface, NDLR)…
Je pense qu’elle le sait et qu’elle le comprend. Donc, concernant Plamondon, je n’ai pas eu de réponse. Ou plutôt une fin de non-recevoir de la part de son entourage, qui m’a expliqué qu’il ne participait jamais à ce genre de chose... France Gall, c’est une toute autre histoire. C’est quelqu’un de tout à fait admirable professionnellement, mais lorsque sort un projet concernant Michel Berger, je crois qu’elle aime bien avoir l’œil dessus, et moi je ne souhaitais personne qui veille sur ce que je faisais. Je voulais de la liberté et de la sérénité.
Donc tu ne lui as même pas demandé…
Pour être franc, j’ai hésité. Je me suis dit « soit je l’appelle », au risque d’être un peu embêté pendant l’écriture, soit je fais sans. Et il y avait suffisamment de témoignages d’elle à droite et à gauche sur le sujet pour que je puisse m’en passer.
Avec France Gall (Cristal), le 3 septembre 2015. ®Bruck Dawit
La ou les personnes que tu as été le plus heureux de rencontrer ?
J’étais heureux de les voir tous, car ce sont des personnes qui ont fait partie d’une aventure qui me fascine. Donc passer un après-midi avec les uns et les autres, c’était génial. Maintenant, la rencontre qui m’a le plus intéressée, c’était quand même Bernard de Bosson (photo à gauche).
Ça ne m’étonne pas. Un grand monsieur du métier.
Un grand monsieur sans qui Starmania n’aurait certainement pas existé puisque, comme je l’explique dans le livre, c’est lui-même qui a insisté auprès de Michel Berger, alors encore un peu frileux, pour financer le projet… et sans avoir entendu une seule note de musique ! C’est une anecdote assez connue, mais je la trouve incroyable. Prendre ce pari…
… avec la maison-mère américaine, qui demandait des comptes et lui mettait la pression !
Oui, mais Warner USA finançaient aussi les albums de Quincy Jones sans non plus avoir entendu quoique ce soit, ce que ne manquait pas de leur rappeler Bernard de Bosson. C’est quelqu’un qui a été à la tête de Warner pendant 17 ans, il a tout vu, tout connu, découvert Véronique Sanson, Berger… Alors quand je suis en face d’un gars comme ça, qui me reçoit chez lui à grand renfort de whisky et qui me raconte tout ça, je me dis que je suis un peu privilégié. Et je me dis aussi que sans lui, il y a de fortes chances que Starmania, on n’en ait jamais entendu parler.
Il faut parfois des gens un peu fêlés également pour suivre les artistes dans ce genre d’entreprise.
Exactement.
D’autres personnes ?
Je suis devenu assez proche de Sabrina Lory qui jouait Stella Spotlight dans la deuxième version, Peter Lorne également, qui était une des étoiles noires. Ce sont des gens qui m’ont beaucoup aidé, qui m’ont donné des photos personnelles inédites. Ils m’ont proposé de venir chez eux et on a sélectionné ensemble tout un tas de photos. Les frères Groulx, Richard et Norman respectivement Zéro Janvier et Johnny Rockfort, se sont réunis un après-midi pour retrouver et sélectionner plein de photos et me les envoyer par mail. Wenta, une formidable Sadia, aussi m’a envoyé des photos de sa collection personnelle. Tout ça fait une somme de documents que personne n’a jamais vu ! Je voulais absolument que le fan de Starmania y trouve son compte.
François, toi qui est un peu un des grands spécialistes de la chanson francophone, penses-tu qu’un opéra rock aussi puissant que Starmania puisse être créé d’ici disons… les 300 prochaines années ?
Je n’y crois pas du tout en fait. Mais je l’espère bien sûr, j’aimerais bien que quelqu’un détrône Starmania un jour. J’ai vu beaucoup de comédies musicales, ça n’a jamais, jamais le niveau de Starmania. Ni dans les thèmes abordés, ni dans les voix. Peut-être dans le décor, dans la scénographie, mais ça ne me touche pas. Même « Notre-Dame-de-Paris », pourtant écrite par Luc Plamandon… je trouve ça tellement insipide…
Et encore, au niveau des compositions, tu ne cites pas la pire de ces vingt dernières années… Pour le reste, c’est vrai qu’en général on sent que tout a été lissé et raboté afin de plaire au maximum de personnes mais que plus personne ne s’en souvienne.
Et c’est l’erreur. Dans la première version de Starmania, il n’y a rien d’édulcoré. D’ailleurs, lors de la deuxième version, ce n’est déjà plus pareil…
En ce qui te concerne, tu es plutôt version 1979, 1988 ou 1994 ?
79 et sans conteste.
Ce qui est dit en sous-texte dans ton livre, c’est que l’ambiance des représentations de Starmania en 79 n’est pas fofolle… c’est un peu la lutte des egos. On sent qu’ils ne vont pas partir ensemble en vacances… Contrairement aux versions suivantes d’ailleurs.
Cette réunion entre les Québécois et les Français était une première, et on m’a souvent dit qu’ils ne s’entendaient pas forcément bien entre eux. Mais également entre musiciens américains et chanteurs canadiens ! Il y avait pas mal de mics-macs en coulisses. Les petits conflits, l’esprit de compétition, etc… Quant à France Gall, elle avait une place un peu particulière, puisqu’elle était également la femme du compositeur, en plus d’être déjà une star. Balavoine, lui, ne voulait pas vraiment en être. Ces histoires de comédies musicales, son personnage de terroriste, il avait vraiment peur que ça parasite sa carrière qui commençait à décoller. Ce manque d’envie, ça ne facilite pas vraiment l’adhésion. Et puis il y avait le metteur en scène, Tom O’Horgan, un Américain un peu déjanté, qui n’aidait pas à l’ambiance.
Qu’est-ce que tu reproches aux versions suivantes ?
J’aime beaucoup la deuxième version, celle de 1988. J’aime beaucoup Sabrina Lory, Renaud Hantson, Wenta, les frères Groulx et bien sûr Maurane. Même la mise-en-scène est pas mal du tout. Je déplore juste le fait qu’ils aient retiré certaines chansons. Et je regrette vraiment les arrangements musicaux, très marqués années 80. Ils étaient très dans l’époque, et forcément, ça a mal vieillit.
C’est vrai que les versions qu’on entend aujourd’hui sont toujours celles de 79.
Toujours ! Starmania, on entend toujours la première version. Quant à celle de 1994, mise en scène par Lewis Furey et tant décriée par France Gall, c’est la seule que j’ai vue en vrai. C’était un peu déroutant, car le délire de Lewis Furey n’était pas du tout celui de Berger ou de Plamandon, mais je ne l’ai pas trouvé non plus catastrophique. C’était spectaculaire, avec cascadeurs, jongleurs… On en avait plein les mirettes, c’était vraiment la grosse artillerie. Mais plus le temps passait, moins il y avait de décor, de personnes sur scène… ça devenait un peu n’importe quoi à la fin.
Et toi, est-ce que tu aurais aimé chanter dans Starmania ?
Je ne sais pas, et puis aujourd’hui c’est moi qui pose les questions. En plus, tu sais que c’est ma première interview alors c’est important de s’inspirer de ce qui a été fait avant, par les maîtres. Je vais donc, pour terminer, te poser trois questions « à la manière de ».
OK, allons-y.
On va commencer à la manière de Thierry Ardisson.
Tu as pris beaucoup de cocaïne pour écrire ce livre ? Peut-être même avec certains interprètes de Starmania ?
Avec les interprètes de Starmania, je n’ai bu que du thé ou du café. Ah! Aussi un Coca Light un jour.
Quelle tristesse cette époque…
Maintenant, à titre personnel, je ne prends pas de drogue, mais il m’est arrivé d’être accompagné d’un bon verre de vin. Ça me détendait et finissait par débloquer la situation quand je me retrouvais dans une impasse.
A la Manière de Yann Moix.
L’impossible n’étant pas le contraire du possible, mais plutôt une sorte de possible qui serait arrivé à son incandescence, penses-tu que c’est justement parce qu’une telle comédie musicale était impossible à réaliser en France que Luc Plamondon et Michel Berger l’ont fait ?
Euh… oui. T’as pas un aspirine, s’il te plait ?
Et enfin à la manière de Jacques Chancel. Et Dieu dans tout ça ?
Dieu n’a pas sa place dans Starmania. Etonnamment, il n’est pas du tout question de religion. Il y a juste eu dans la première version un gourou d’une secte.
Pendant l'interview...
Je reviens donc à ma première question. Tu as fait ton casting ?
Qui verrais-tu dans le rôle de Johnny Rockfort ?
C’est compliqué pour moi qui suis toujours à la recherche du nouveau Balavoine. Mais je dirai Pierre Lapointe.
J’en étais sûr. Zero Janvier ?
Renaud Hantson. Il a participé aux versions 88 et 94, il serait parfait pour faire le raccord. Et il a l’âge du rôle à présent.
Stella Spotlight?
Une québécoise aussi foldingue que Diane Dufresne à l’époque : Klo Pelgag. Elle est peut-être trop jeune, mais elle serait très bien, excentrique comme il faut. Son show est une folie totale.
Ziggy?
Eddy de Pretto.
Cristal?
Louane, tiens!
Oui, enfin si France Gall accepte. Sadia?
Je ne vois pas à quoi tu fais référence (rires). Mais ma réponse est Fishbach.
Et enfin Marie-Jeanne ?
Buridane.
Très bon casting. Merci.
Merci, c’était ta dernière question ?
Oui, et je te remercie de tes réponses.
Pendant l'interview (bis).
Quelques personnalités présentes dans le livre... avec le livre.
Renaud Hantson (Ziggy en 1988 et 1989 et Johnny Rockfort en 1989).
Grégoire Colard (attaché de presse de Starmania 1979 et de Michel Berger et France Gall pendant 16 ans).
Fabienne Thibeault (Marie-Jeanne 1978 et 1979).
Norman Groulx au Québec (Johnny Rockfort dans les versions de 1988 et 1993)
Roddy Julienne, le grand gourou dans les version 1978 et 1979.
Et oui, il y a eu une merveilleuse soirée de lancement le 17 novembre dernier, à Paris, à la librairie Les nouveautés. Beaucoup de monde, dont quatre artistes de Starmania. Voici quelques photos.
Avec René Joly, L'extra-terrestre dans la version 1978 et Roger-Roger dans la version live de 1979.
René Joly (voir photo précédente), Roddy Julienne (le grand gourou dans la version public de 1979), Fabienne Thibeault (Marie-Jeanne en 1978 et en 1979) et Peter Lorne (une étoile noire dans la version 1988).
Les mêmes avec le chanteur Thomas Caruso.
Quelques invités, en début de soirée...
En mode sérieux.
Avec la chanteuse Céline Lenfant, le chanteur Thomas Caruso et le découvreur de talent, Olivier Bas...
...à qui je me demande bien ce que je racontais.
Avec Jérôme Collet (Spartacus, Notre-Dame de Paris...) et Roddy Julienne (Starmania, Notre-Dame de Paris...)
Les mêmes avec Corinne Labat, la présidente du Pic d'Or.
Avec les chanteuses et chanteurs, Geneviève Morissette, K!, Fabien Martin, Sophie Le Cam, Carole Masseport et Jean-Jacques Nyssen.
Avec mes amis, Patrice Demailly (journaliste) et Arnold Turboust (auteur-compositeur-interprète).
Avec Laurent Balandras (éditeur, manager, auteur...)
Avec mon ami, le chanteur Caruso.
Les chanteuses Céline Lenfant (à gauche) et Déborah Elina, entourant Stéphane Violas et Alexei Smigielski (ASV Chansons).
Quelques invités...
La présidente du Pic d'Or, Corinne Labat, avec deux Pic d'Argent K! et Thomas Caruso.
Avec les deux humoristes, comédiens, auteurs, Jonathan O'Donnell et Akim Omiri.
Avec mes potes comédiens et auteurs, Kaza, Vincent Scalera et Guillaume Gamand.
Mon attachée de presse, Clémentine Duguay, Fabienne Thibeault et Jean-Louis Hocq, directeur adjoint du pôle Tourisme - Pratique- Livres illustrés (marques Lonely Planet, Solar, Hors Collection, Acropole, Pré aux clercs) de Place des éditeurs (groupe Editis).
Boris Gasiorowski (animateur et manager), Roddy Julienne et Peter Lorne.
Avec Stéphane Violas (organisateur de spectacle) et la chanteuse Sophie Le Cam.
Avec les quatre artistes de Starmania et mon pote de toujours, l'animateur de Nostalgie, Olivier Louvet.
Petit melting pot de photos. Merci à tous d'être passés, vous dire que l'émotion était là est un euphémisme...
Le livre se vend bien. Il est souvent très bien classé dans les ventes du site d'Amazon (même si la mort de Johnny, le 5 décembre 2017, a un peu biaisé les résultats.)
On parle du livre là:
Dans la presse écrite :
FrancoFans (le bimestriel indé de la scène francophone, décembre/janvier 2018, n°68):
Open Mag (le journal gratuit de la FNAC, n°201, décembre 2017, janvier 2018):
Gala (n°1278, du 6 décembre 2017):
Hexagone (janvier-février-mars 2018 n°06) :
Dans sa version en ligne.
France Dimanche (N°3722, 29 décembre 2017).
Longueur d'Ondes (N°84 Hiver 2017/2018):
Dans sa version en ligne.
Apollo Magazine, trimestriel masculin haut de gamme (N°21 avril 2018):
Jukebox Magazine, le mensuel musical des passionnés de musique et collectionneurs de disques (N°377- mai 2018):
Le Figaro (N°22950-26 mai 2018):
Sur le net :
Chez TouteLaCulture.com.
Sur le site de France Bleu.
France Bleu avec Julien Baldacchino.
Sur le site de TV Melody.
Sur le blog consacré aux biographie, Bios enchantées.
Sur le site consacré aux comédies musicales, Musicale Avenue.
Sur un autre de même type, Regard en coulisses.
Sur le site culturel Art Six Mic.
Sur le site culturel, Culturellement Vôtre (l'article certainement le plus détaillé de tous.)
Sur le site culturel Week-People.
Sur le site culturel FanMuzik.
Sur le site culturel France Net Infos.
Sur le "quotidien des professionnels des médias" Médias+.
Sur le site culturel Fenêtres sur blog (Music Box).
Avec Gérard Quentin de Music Box.
Sur la page YouTube du Monde du ciné (dans la hotte du Père Noël).
Sur le site consacré à la chanson française, Chanter, c'est lancer des balles.
Sur un autre site consacré à la chanson française (et pas des moindres), Nos Enchanteurs.
Sur la page Facebook de Broadway à Paris.
Avec Mickael Obry de Broadway à Paris.
Le livre est aussi conseillé comme cadeau de Noël par le site Culture Hebdo, le carrefour d'information du livre au Québec et dans le monde, La Presse, site d'info de Montréal, Le Journal de Montréal et par le site consacré aux livres et aux films, Baz'Art.
Le Journal de Montréal (25 novembre 2017).
Une idée de cadeau en or et un jeu concours dans le n° spécial fêtes de Maxi (n°1624, du 11 au 17 décembre 2017).
Un autre jeu concours avec la radio partenaire du livre, Nostalgie, sur leur site, du 4 au 10 décembre 2017.
Et, malheureusement, la presse people et leurs extraits non contextualisés.
Le pompon avec Voici, puis Yahoo qui copie-colle, et ceux qui suivent, Gala, Non Stop People, Orange, Pure People, Free, Télé Loisirs, Le Gossip, People no limit, Femme Actuelle, 7 sur 7, Le Point (oui, même eux!), Le Figaro, Pure Break...
En pleine promo de ce livre, France Gall est décédée... j'ai écrit "mon rendez-vous manqué" avec elle pour le Huffingtonpost. A lire ici.
Et quelques mois plus tard, c'est au tour de Maurane de partir. Voici des articles qui font référence au livre:
Le Huffpost édition Québec , PureBreak Charts...
Quelques médias:
MOI FM (le podcast de l'interview est là!), le 16 octobre 2017, dans L’œil de Sab animé par Sabrina Fraty. Emission avec Fabienne Amiach (présentatrice de la météo sur France 3 depuis 28 ans) pour son livre "Les potagers des grosses légumes" aux éditions Fortuna.
Sabrina Fraty, Fabienne Amiach et moi.
Sabrina Fraty, Fabienne Amiach et moi.
Fabienne Amiach et moi interprétant en direct, "Le monde est stone".
Photo d'après émission avec Sabrina Fraty, le rappeur Alibi Montana (directeur de la radio), Fabienne Amiach et moi.
Ici avec Olivier Vadrot (manager d'artistes), Sabrina Fratry, Fabienne Amiach et son éditeur François Michalon.
Radio Air Show, le 27 octobre 2017, dans Le Kiosque, animé par Arno Koby. (Le podcast est là).
Face à toute l'équipe de l'émission Le kiosque.
En pleine écoute.
Présentation de l'ouvrage.
L'auteur compositeur interprète et humoriste Show Man, William Klank (http://william-klank.com/) présente l'objet.
Jacky lave plus propre (JLPP), présenté par Jacky sur IDF1, le 7 novembre 2017. (Le podcast de l'interview est là. Commencer à 24'16'')
Avant l'interview, le divertissement (tout est visible ici en replay). Ici Jonglage.
Là, dessin.
Si. Ceci est bien une chaise.
Sauter à cloche-pied en épelant un mot à l'envers. La promo d'aujourd'hui.
Et enfin, la promo…
Avec les deux autres invités (très sympathiques), la chanteuse Noon et le chanteur Olivier Saf.
Radio Campus Paris (93.9 FM) le vendredi 10 novembre 2017 de 21h à 22h30, l'émission TriFaZé avec Buridane, Alysce (en direct) et moi (en différé) animée par l'excellente Cécile Goguely et la participation de Cyril Adda. Le podcast de l'émission est là (début d'interview sur le livre à 58'29'').
Enregistrement de l'interview par Cécile Goguely, le 5 novembre 2017 à l'agence Mixicom.
Le 15 novembre 2017, dans les matinales d'IDFM (Radio Enghien), présenté par Christophe Caron. (Pas de podcast).
Dans l'émission de François Joyeux, Une heure avec... (à écouter là) sur différentes radios provinciales (voir bandeau ci-dessus).
Avec François Joyeux, lors de l'enregistrement de "Une heure avec...", le 17 janvier 2018.
Dans l'émission Que faire des mômes présentée par Eric Coudert et diffusé sur plus de 30 radios. (A écouter là à partir de 26 mn 10 secondes).
Avec Eric Coudert, lors de l'enregistrement de "Que faire des mômes", le 19 janvier 2018.
Sur France Musique, le dimanche 10 décembre dans l'émission, 42e Rue, présentée par Laurent Valière, le livre est chroniqué.
Le 30 novembre 2017, dans l'émission 18h-Minuit présenté par David Khalifa, sur la chaîne de télévision Non Stop People.
En régie...
Avec le journaliste David Khalifa après l'interview.
Le 4 décembre 2017, sur la télé des Pyrénées HPyTv dans l'émission présentée par Steeve, HpyHour (#136). A partir de 4'18''
Le 15 janvier 2018 dans l'émission "Loft Music" sur Sud Radio présenté par Yvan Cujious, depuis le studio Luna Rossa à Paris avec les artistes Noon, Geneviève Morissette et Cyril Adda. L'émission en podcast est là.
Noon, Cyril Adda, Geneviève Morissette, moi et Yvan Cujious.
Cyril Adda, Noon et Geneviève Morissette.
Après l'émission, Cyril Adda, Geneviève Morissette, Noon, moi et Yvan Cujious.
A Europe 1, pour Europe Week-end présentée par Wendy Bouchard. Je suis le coup de cœur culturel du 4 mars 2018. Ecouter le podcast ici.
Avec Wendy Bouchard, pendant et après l'enregistrement de l'interview, le 26 janvier 2018.
Frédéric Zeitoun a interviewé Fabienne Thibeault et moi pour l'émission de France 2, C'est au programme, présentée par Sophie Davant. Ce reportage a été diffusée le vendredi 9 février 2018. Le voici.
Voici quelques photos pendant l'enregistrement de ce reportage.
Avec une maquilleuse de choix... #générositédelartiste
En pleine interview de Frédéric Zeitoun.
Hop! Raccord maquillage. Fabienne Thibeault, toujours aussi prévenante et généreuse.
Fabienne Thibeault, elle aussi interviewée pour ce spécial Starmania.
Avec Fabienne Thibeault, à la fin de l'enregistrement.
Avec Frédéric Zeitoun, à la fin de l'enregistrement.
L'excellente journaliste Véronique de la Maisonneuve m'a reçu le 27 mars 2018 dans le mag culture de Radio Sensations (à Elancourt), la radio des Yvelines. L'émission a été diffusé le samedi 31 mars 2018. Le podcast est là.
Pendant l'enregistrement…
Le 17 avril 2018, le journaliste culturel de France 2, Laurent Hakim, m'a interviewé dans les locaux de France Télévisions pour le journal télévisé du Week-end présenté par Thomas Sotto. Le reportage a été diffusé le samedi 16 juin 2018. Vous pouvez le voir ici.
Quelques photos des coulisses du tournage.
Yves Lecoq m'a interviewé le 4 mai 2018 pour l'émission de France 3, Les grands du rire. L'émission a été diffusée le 15 septembre 2018.
Avant l'interview. Plateau vide.
En place.
En régie...
Après l'enregistrement.
Le 29 août 2018, j'ai été l'invité de Sidonie Bonnec et Thomas Hugues sur RTL dans l'émission La curiosité est un vilain défaut pendant 45 mn. Le podcast est écoutable là.
(Photo : Isabelle Piana/RTL)
En direct...
Avec Sidonie Bonnec et Thomas Hugues, à la fin de l'émission.
Le 13 septembre 2018, tournage pour l'émission Cette semaine-là pour France 3 à l'hôtel Mansart.
Et la diffusion de l'émission s'est tenue le 14 octobre 2018 (voir là).
Le 14 décembre 2018 dans l'émission "Loft Music" sur Sud Radio présenté par Yvan Cujious, depuis le studio Luna Rossa à Paris. Je suis venu avec quelques amis artistes que j'ai choisi : Francoeur, Centaure et Peter Lorne (une étoile noire dans la version 1988 et grand ami de France Gall). C'était une émission pour rendre hommage à France Gall. J'ai bien sûr beaucoup évoqué Starmania. L'émission en podcast est là.
(Photo : Didier Venom)
(Photo : Didier Venom)
(Photo : Didier Venom)
(Photo : Didier Venom)
(Photo : Didier Venom)
(Photo : Didier Venom)
(Photo : Didier Venom)
(Photo : Didier Venom)
(Photo : Didier Venom)
(Photo : Didier Venom)
Le 9 avril 2019, Catherine Richer m'a interrogé sur le 40e anniversaire de Starmania sur scène dans l'émission Le 15-18 sur Radio Canada.
Ecoutez ici.
Le 10 avril 2019, le site de Radio Canada a écrit un reportage sur Starmania d'après mon livre.
A lire ici.
Le 10 avril 2019, Yannick Boréan m'a interviewé en vidéo pour le site de France Bleu. Voir et lire là.
A lire aussi sur le site de France Bleu, Starmania, 40 ans de succès, La genèse (d'après mon livre).
Le 19 mars dernier, Wendy Bouchard m'invite de nouveau sur Europe 1, mais cette fois-ci dans son émission On fait le tour de la question. Une heure pour parler des 40 ans de Starmania en compagnie de Fabienne Thibeault qui vient de sortir un livre sur le sujet, Mon Starmania, par la première serveuse automate et David Abiker, grand fan de Starmania qui a écrit la préface du livre de Fabienne. Une heure absolument géniale écoutable ici! Et Europe 1 a débriefé l'émission ici.
Le livre de Fabienne et le mien sont aussi référencés à propos d'un sujet sur Starmania sur le site de France Inter.
En direct avec Julie et Wendy Bouchard.
De gauche à droite : Julie, Wendy Bouchard, Fabienne Thibeault et David Abiker.
En régie…
Photo de fin d'émission : Julie, bibi, Wendy Bouchard, Fabienne Thibeault et David Abiker.
3 ans plus tard, le 9 avril 2021, je passe à la vitesse grand V dans le journal de 20h de France 2 pour évoquer Michel Berger et Starmania. A voir ici.
Quelques signatures:
Dédicace (en toute discrétion) au Rivoli 59, dans le cadre de la journée de présentation du Mégaphone Tour 2017-2018.
Sur mon stand, j'ai reçu la visite de la journaliste de FrancoFans, Stéphanie Berrebi...
...qui m'a offert un joli autocollant.
Martin Luminet est passé aussi.
Siau.
Avec Geneviève Morissette.
Une Camille Hardouin se cache derrière mon livre. Sachez la retrouver.
...et enfin Jeanne Rochette. Merci à tous d'être venus faire un coucou.
Séance de dédicaces du livre à l'Espace Culturel Leclerc du Méridien à Ibos (à coté de Tarbes).
La Nouvelle République des Pyrénées a annoncé l'événement.
Pyrénées infos Tarbes, aussi (lire là).
Des anonymes fans de Starmania...
...et des amis.
La Nouvelle République des Pyrénées du mardi 21 novembre 2017 est revenu sur cette signature.
J'étais invité au 16e Salon du Livre et de la Chanson à Randan les 15 et 16 septembre 2018.
Quelques minutes avant l'ouverture...
Avec Olivier Vadrot, mon attaché de presse/manager préféré qui s'est bien occupé de moi durant ces deux jours.
Mon voisin de table durant ces deux journées, Nilda Fernandez. Un lien s'est créé entre nous.
Avec Oliver Vadrot et Nilda Fernandez. Le trio de choc!
Une fan (très austère) de Starmania.
Jacqueline Boyer, Anne Sylvestre et moi (attendant les lecteurs).
L'orchestre de l'Université de Limoges, le chœur de l'Université et des artistes professionnels ont interprété "Les chansons de Starmania" à l'Opéra de Limoges le 22 septembre 2018. J'ai été invité à et évènement par la directrice du service culturel de l'Université de Limoges, Nadine Gogne. Ce jour-là, l'occasion m'a été donné de me livrer à deux séances de dédicaces.
La presse locale en a parlé…
Pour lire l'article ci-dessous, cliquez sur l'image (ou achetez-vous une bonne loupe).
Un article très sympa sur le site de France 3 Nouvelle Aquitaine.
La librairie Anecdotes avait fait les choses en grand.
Avant ces deux dédicaces, j'ai fait un peu de promo à France Bleu Limousin avec Christophe Besson (animateur et responsable des programmes).
Avant la dédicace à la Libraire Anecdotes, un peu de repos devant l'entrée… genre, je suis là par hasard.
C'est parti pour une après-midi de dédicaces.
Jean-Michel Gillet, le bienveillant maître des lieux.
Une fan de Starmania...
Avant de partir, pot de l'amitié.
Le soir, la représentation de "Les chansons de Starmania" s'est parfaitement déroulée à l'Opéra de Limoges. (Photo : Isabelle Rio).
Ici, avec Nadine Cogne, la directrice du service culturel de l'Université de Limoges et organisatrice de l'évènement, ici en "étoile noire".
Il est temps de signer…
Le 10 novembre 2018, dédicaces à la librairie les Volcans à Clermont-Ferrand.
Avec Dominique Janin (Kanopé Prod, réseau chanson occitanie).
Du monde, cet après-midi là. Merci à tous les auvergnats présents, attentifs et réceptifs!
Le lendemain, le 11 novembre 2019, à Cébazat, autre séance de signature. Cette fois-ci dans le cadre du festival Sémaphore en Chanson.
(Photo : David Desreumaux)
J'étais invité au 17e Salon du Livre et de la Chanson à Randan les 6 et 7 avril 2019. Là deuxième fois en un an pour ce livre...
Il faut y mettre du sien pour convaincre...
J'ai passé deux jours merveilleux avec Pascal Danel et sa femme Florence.
Nous avons eu de belles conversations, sérieuses...
...parfois moins.
Florence et Pascal Danel, bibi et Olivier Vadrot, mon pote manager grâce à qui je suis régulièrement invité à ce salon.
En pleine conversation sur Starmania avec Stone.
"Stone, le monde est Stone" (Ca, s'est fait!)
Monty en pleine lecture de.
Avec Monty et le manager René Sorre.
22:56 Publié dans Les coulisses du show biz, Livre, Musique | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : françois alquier, mandor, interview, l'aventure starmania
18 décembre 2017
MontparnassE: Interview pour (Des) Couleurs manifestes
(Photo : Lo Bricard)
MontparnassE, je ne connaissais que de nom. Je savais que l’artiste existait, mais je ne l’avais jamais écouté/entendu. Récemment, son attachée de presse (amie de moi) me glisse son dernier disque, (Des) Couleurs manifestes, dans la main en m’indiquant que je devrais aimer (je suis donc si prévisible que cela Anne Claire Galesne ?) Bon, elle avait raison. J’ai adoré dès la première écoute. Une voix Goldmanienne, des chansons Coldplayiennes et de magnifiques mélodies. Evidemment, j’ai souhaité rencontrer Philippe MontparnassE. Ainsi fut fait le 20 novembre dernier dans son QG parisien. Un sympathique bar à vin (dans lequel, raisonnablement, nous avons bu un café).
Biographie officielle :
La chronologie de MontparnassE est simple. Tout part du rock et y revient. En 2007 Jean-Patrick Capdevielle produit les premiers titres de Philippe Deyrieu, qui se produira désormais sous le nom d’emprunt de MontparnassE. Très vite un album destiné uniquement aux sorties de concerts verra le jour Pop Tasty, Philippe joue beaucoup sur scène et rôde déjà les chansons de demain. C’est tout naturellement que vient alors le premier vrai disque studio de l’artiste, Anachronique réalisé par Ken Ploquin (Bashung, Daho, Hugh Coltman). MontparnassE emmène cet album aux 4 coins de la France et bien au-delà, pour enfin s’arrêter à Londres où démarre la production de son second album, Studio d’Eux. C’est à Abbey Road que ce 2ème opus prendra racine, réalisé par Chris Bolster (Coldplay, Paul McCartney, Oasis) MontparnassE y enregistre les 12 titres d’un LP où se rencontrent les bienveillants fantômes des idoles Pop, des idoles rock, des années Never mind et Doc Martens.
Un single plus loin, ce sont des pages inattendues qui s’ouvrent : l’invitation un dimanche sur un célèbre canapé rouge, de Michel Drucker et Jean-Paul Belmondo, ému d’être cité dans son titre « Quand j’étais Jean-Paul Belmondo ».
En 2013 MontparnassE signe la BO du film Le Cœur des Hommes 3, et démarre une tournée d’où sera tiré Détours Live, le premier album live de l’artiste. Pour le mixage de ce dernier, Philippe fait appel à Vincent Perrot (arrangeur sur quelques titres d’Anachronique, 5 ans plus tôt). L’entente est comme au premier jour... Et l’idée de confier le tout nouveau titre fraîchement écrit intitulé « Another Strange day » à Vincent pour « essayer des choses » fait son chemin...L’envie d’insuffler un peu d’électro dans sa musique aussi... Le résultat est remarquable...
Fort de cette nouvelle collaboration, Philippe entame l’écriture et la composition des 10 autres chansons originales qui, associées à « Ma France » - superbe reprise de Ferrat - et à « Écoute moi jusqu’au bout » dont Cali signe le remarquable texte - forment aujourd’hui le 3ème album studio de MontparnassE.
MontparnassE nous livre un nouvel album aux sonorités pop, électroniques, qui sans que l'on s'en aperçoive, nous font battre du pied, bouger la tête, chanter, nous lever et danser. Pendant l'enregistrement, très vite s'est imposé l'envie de partager avec des artistes, amis de longue date et plus récents, cette jolie fête "manifestement colorée". Ainsi vous retrouverez sur cet album Cali (« Ecoute-moi jusqu'au bout »), Jean-Patrick Capdevielle (« Kiss Kiss ») et Noémie Alazard (« Quand tu m'entraines »). (Des) Couleurs manifestes est le 3ème album studio de MontparnassE. Arrangements et réalisations Vincent Perrot. Orchestre symphonique de Budapest dirigé par François Rousselot. Mixé par Vincent Perrot et masterisé par Benjamin Joubert.
(Photo : Lo Bricard)
Ta passion de la musique vient-elle de ta famille ?
J’ai un grand-père qui était accordéoniste de bal, mais ça n’a rien à voir. Quand j’étais jeune, ma mère écoutait beaucoup de chansons françaises comme Ferrat et mon père était très Pink Floyd et Beatles. Moi j’aimais bien Goldman, Souchon et Cabrel. J’ai été bercé par ces différents artistes pendant très longtemps.
Et ton rapport avec un instrument de musique, il est venu comment la première fois ?
Très banalement. J’ai fait mes premiers accords basiques sur la plage pour draguer les filles, nous étions dans les années 90. C’est comme ça que j’ai commencé, mais après j’ai continué. Je ne faisais que des reprises.
Tu as eu l’idée d’écrire tes chansons rapidement ?
C’était à une époque où je travaillais dans un restaurant à Montparnasse. Avec le copain qui m’avait appris mes premiers accords, Vincent, on écrivait des chansons pour se marrer et se faire plaisir, sans penser en faire quelque chose de concret. Un jour, on a écrit une chanson qui s’appelle « Ce ne sont pas des anges ». Dans le restau où je travaillais, on avait comme voisin Jean-Patrick Capdevielle. Un jour, je suis allé lui demander si je pouvais lui donner une cassette avec quelques morceaux. Il accepte en me disant qu’il me donnera son retour. 15 jours après, je reçois un message sur mon répondeur. C’était lui qui me disait qu’il trouvait qu’il y avait quelque chose dans mes chansons. Du coup, d’une partie de rigolade, je commençais à vouloir que cela devienne un truc sérieux.
Jean-Patrick Capdevielle et Philippe MontparnassE.
Oui, parce que pour une fois j’avais l’avis d’un pro. Ma famille et mes amis adoraient ce que je faisais, mais j’avais besoin d’avis de personnes objectives. Depuis ce jour, toutes les chansons que j’écris, je lui envoie systématiquement. Il écoute et il me donne son avis.
Vous n’avez pourtant pas le même univers musical tous les deux.
C’est vrai. Jean-Patrick est un peu hostile à la chanson française et je crois que le fait qu’il aime mon projet et qu’il décide de le produire m’a beaucoup rassuré sur le chemin que je devais prendre.
Un jour tu lui envoies « M’enfermer dehors ».
Oui, et il change de discours. Il voudrait que l’on se parle parce qu’il souhaite me produire. Ce qu’il fera en 2007 avec l’album Anachronique.
A partir de là, tu te dis : « si j’en faisais un métier ? »
Disons que c’était un rêve qui commençait à devenir un peu une réalité. J’avais autour de moi des gens qui aimaient bien ce que je faisais, qui avaient l’air motivé, je jouais avec des types comme Christophe Deschamps qui était le batteur de Goldman, j’entends mes chansons dans des versions professionnelles... c’est sûr que ça me galvanisait pas mal et ça m’a incité à continuer à écrire de nouvelles chansons. Tout d’un coup, les choses devenaient possibles.
Clip de "Couleurs manifestes".
Ta voix (que j’adore) a-t-elle été influencée par tes ainés ?
Je ne sais pas. Pendant des années, j’ai chanté le répertoire des autres, il m’en reste peut-être quelque chose inconsciemment.
Ton disque sonne très actuel ?
Pour ce nouvel album, j’ai adapté le projet aux sons d’aujourd’hui, ce qui n’était pas le cas dans les précédents. J’ai procédé différemment qu’avec les deux autres : J’ai écrit les musiques, on les a réarrangées et je me suis interdit d’écrire une ligne de texte. Avant j’écrivais paroles et musique en même temps, désormais je souhaite que les arrangements expriment un univers par lui-même.
Reprise de "Ma France" de Jean Ferrat. Une chanson importante pour la famille de Philippe MontparnassE.
Parle-moi de ta collaboration avec Cali.
Nous nous sommes rencontrés aux Francofolies de Spa en Belgique. Je crois que l’on peut dire que nous sommes les deux artistes les plus programmés de ce festival. Au bout d’un moment, j’ai voulu faire la connaissance de cet artiste que j’aime beaucoup. On m’en parlait à chaque fois en bien. Je le confirme, c’est un type bien. Je lui ai proposé de chanter une chanson ensemble, il n’a pas dit non.
Et ensuite ?
Un jour, de passage à Paris, il m’appelle pour me dire qu’il est en studio et que si je le souhaite, on peut se voir. Je lui fais écouter les chansons du nouvel album, il semble adorer tout et me complimente sur ma voix. Après il repart en tournée, je lui envoie des musiques, dont celle d’ « Ecoute-moi jusqu’au bout ». Un peu plus tard, il me fait un texte dessus. On se retrouve ensemble de nouveau à Paris et il tient à me le faire découvrir devant moi pour me jauger pendant que je l’écoute. Il était vraiment au service du projet et d’une humilité totale, parce que je ne suis personne. Il n’avait pas de précautions particulières à prendre avec moi et pourtant, il en a pris. Le texte était magnifique et je ne pouvais rien lui apporté de plus, alors on a décidé de l’enregistrer.
Clip de "Another Strange Day".
Je suis impressionné par la production de ton album.
Je le dois à Vincent Perrot. Pas l’animateur d’RTL, hein ! Il a arrangé et réalisé tous les titres. Il a fait un travail formidable. Avec nous, nous avons eu l’orchestre philarmonique de Budapest… et puis, on a enregistré dans de très bons studios. Ce n’est pas un album d’appartement (rires).
C’est quoi le style MontparnassE ?
Je ne sais pas. Je pense que c’est de la chanson française avec une connotation pop anglaise. Il y a des références qui s’installent derrière, toutes proportions gardées bien sûr. Parfois un peu de Coldplay, parfois un peu de Beatles… c’est parce que j’écoute beaucoup ces artistes. Je ne crois pas plagier quiconque, mais j’aime ces sons-là.
Pendant l'interview...
Il y a eu du financement participatif ?
Avec KissKissBankBank, c’est devenu une aventure incroyable et collective. J’ai tout expliqué au fur et à mesure de l’avancement du disque à ceux qui ont participé. Certains contributeurs ont fait les chœurs de certaines chansons. Beaucoup sont venus écouter dans un studio la première mouture du disque… bref, je les ai impliqués. Beaucoup de liens entre nous se sont créés. C’est devenu leur disque. Bon, il faut aussi que je précise qu’après, il a fallu que j’ajoute de l’argent parce que la machine s’est emballée (rires).
Tu as fait la BO du film Le cœur des hommes 3. Comment es-tu arrivé sur ce projet énorme ?
C’est encore une histoire de rencontre. Dans ma vie musicale, ce n’est que ça. Il n’y a pas de choses forcées en fait. Avec le réalisateur du film, Marc Esposito, nous avons une amie comédienne en commun, Albane Duterc. Elle est venue me voir en concert accompagnée de Zoé Félix et Marc Esposito. Il semblerait que ce dernier ait beaucoup aimé ce qu’il a vu et entendu. Comme il y avait un after après le concert dans un bar, avec Marc, nous avons sympathisé jusqu’à 4 heures du mat. On s’est revus pour diner ensemble la semaine suivante, ça s’est terminé encore jusqu’à 4 heures du mat. Bref, on est devenu potes, mais on ne parlait jamais musique. Notre relation était telle que je m’interdisais de lui demander quoi que ce soit de professionnel de peur qu’il pense que tous nos moments passés ensemble étaient intéressés. Un jour, il part tourner son film « Le cœur des hommes 3 » en juillet et août et moi je pars en vacances. En septembre, il m’envoie un mail m’expliquant que tout s’est bien passé. Il me demande si je veux faire des essais de musique pour le film. Evidemment, j’accepte. Je m’enferme pendant une semaine et je lui écris une douzaine de titres. Je lui envoie un vendredi soir, le samedi matin, il me répondait. Il a adoré. Après on a affiné et peaufiné par rapport aux différentes séquences.
Tu avais vu les deux premiers ?
Oui et j’en étais fan. Ce qui a facilité la création des musiques… quand on connait parfaitement les personnages et l’univers dans lequel ils évoluent, on est plus inspiré.
A la fin de l'interview, le 20 novembre 2017.
08:26 Publié dans Les coulisses du show biz, Musique | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : philippe montparnasse, (des) couleurs manifestes, cali, jean-patrick capdevielle, interview, mandor
14 décembre 2017
Natalia Doco : interview pour l'album El Buen Gualicho
(Photo : Maria Paula Desch)
Par ce temps hivernal, une petite escale en Amérique du sud serait de bon aloi. Cela tombe bien (les hasards de la vie, quand même…), l’auteure-compositrice interprète argentine installée en France depuis 4 ans, Natalia Doco revient plus chamanique que jamais avec El Buen Gualicho. Elle distille ses sonorités latines dans quatorze nouvelles chansons entre douceur et énergie, comme une seule et même respiration.
Pour en parler, j’ai rencontré la jeune femme dans un bar parisien, le 20 octobre dernier.
Préparé avec le soin et les incertitudes d’un premier album, Mucho Chino sort en Juin 2014. Cet opus jazzy-sucré présente les compositions de Natalia, et presqu’autant de reprises, plus ou moins assumées par la chanteuse. Mais quand on a la chance de signer avec un label à Paris, sans parler un mot de français et après des années de vaches maigres en Argentine puis au Mexique, on est prêt à certaines concessions.
15.000 albums et 75 concerts plus tard, Mucho Chino est un premier album qui a trouvé son public médiatique et scénique : tant celui de Gilberto Gil que de Yannick Noah, de Faada Freddy, Brassens, Flavia Coelho ou Calogero.
En avril 2015, quelques jours avant de nous quitter, Rémy Kolpa Kopoul, connexionneur hexagonal de la world music, met en contact Natalia avec Axel Krygier. Les deux argentins commencent alors à travailler sur deux premiers titres, puis sur un album entier.
C’est en effet la première fois que le génie de la scène indépendante argentine accepte de produire un album pour un autre artiste. Le challenge est grand puisque 11.000 km séparent Natalia et Axel, deux artistes à part entière qui doivent partager une vision sans concession d’une pop argentine moderne.
Krygier rassemble son équipe de musiciens porteños, réalise et orchestre les morceaux. Natalia les rejoint en été (l’hiver français) pour insuffler sa vision et participer activement à la réalisation de son « vrai premier album… entier ».
C’est tout début 2016, alors que la majorité des instruments est enregistrée, que le label Belleville Music décide de mettre fin partiellement à ses activités. Dans ce contexte, Natalia préfère embrasser totalement son indépendance et monte avec son compagnon, Florian Delavega, le label Casa Del Árbol.
Cette fois, Natalia est aux commandes de son album et elle en signe tous les titres, avec quelques jolies collaborations : Belle du Berry (Paris Combo), le duo Yépa et Florian Delavega co-signent quelques textes en français. El Buen Gualicho, l’incantation bienfaisante, se décline en 14 titres. On y retrouve la nostalgie de la solitude, des doutes, mais aussi l’inspiration puissante du continent sud-américain (cumbia, chacarera, copla…), le réveil d’une féminité assertive, des mantras inspirants aux harmonies complexes.
La jeune sirène ensorcelante annoncée sur le premier album a retrouvé ses jambes, et elle enfonce ses pieds nus dans la terre de ses ancêtres, y puise une énergie nouvelle, convoque la lune et les esprits, incarne le pouvoir féminin ancestral de voix multiples.
(Photo : Hugues Anhes)
Axel Krygier n’avait jamais travaillé pour un autre artiste. Comment cela s’est-il passé ?
Pour moi, c’est un vrai génie et une personne extravagante. Quand on parle avec lui, on ne peut pas avoir une conversation normale. Il place toujours son interlocuteur dans une ambiance surréaliste.
Vous aviez fait plusieurs sessions par Skype avant de vous rencontrer personnellement.
Oui, pendant un an. On ne parlait finalement pas beaucoup musique. Quand je lui expliquais en image ce que je voulais dans une chanson, il m’envoyait une maquette et c’était exactement ce que j’avais imaginé. Il y avait une formidable osmose entre nous.
Dans le précédent disque, il y avait des reprises, contrairement à celui-ci dans lequel ne figurent que des chansons originales de vous.
Pour les textes en français, j’ai reçu un peu d’aide. Ça fait presque 6 ans que j’habite ici et j’ai voulu écrire comme je pense. Aujourd’hui, je pense plus en français qu’en espagnol. Ca me parait donc normal de chanter dans les deux langues. Ce n’est pas un choix, c’est une évidence. J’adore cette langue et je ne rêve que d’une chose : ne plus avoir d’accent.
Clip de "La Ultima Cancion".
En France, on a tout de suite apprécié l’artiste que vous êtes.
Ça m’a touché parce que ça n’a pas été le cas dans mon pays natal. J’ai essayé plusieurs fois d’avoir une carrière en Argentine, mais je n’ai jamais réussi. Là-bas, musicalement, il n’y a pas trop d’évolution. Les artistes qui marchent le mieux sont des groupes de quartier qui font du rock national, et ils sont composés uniquement de mecs. Il n’y a jamais de fille. Je connais plein de copines qui ont pourtant beaucoup de talents et des projets intéressants, mais personne n’investit sur elles. Ici, le public français est bienveillant et curieux de découvrir de nouvelles musiques. J’apprécie beaucoup.
Il y a plein d’images, de métaphores dans ce disque.
Quand on écoute mon disque, il faut mettre les écouteurs, fermer les yeux et on peut éventuellement partir dans un voyage unique. Ce ne sera pas le même voyage selon les personnes qui écoutent. J’ai toujours voulu faire ça avec la musique : transporter les gens ailleurs. J’essaye de ne pas donner beaucoup d’explications précisément pour que chacun s’approprie les chansons à leur manière.
Je n’aime pas parler des pochettes dans les interviews, mais celle-ci n’est pas banale. Elle est pleine de symboles… On vous voit méditative et sereine.
Ça représente plein de choses. J’ai voulu montrer la femme sacrée qui existe dans toutes les femmes et qui est complètement oubliée à cause notamment de la religion. Les religions annulent la féminité de la femme. Il y a sur la pochette des symboles et des traditions un peu compliqués a expliquer en quelques mots, mais qui ont à voir avec l’intuition et le pouvoir féminin. La fleur de lotus représente l’épanouissement si elle se trouve dans un état intérieur connecté, méditatif. Il y a aussi les cycles de la lune, parce que les femmes sont forcément connectées à elle. On y voit aussi le désert de mon pays, parce que c’est l’endroit le plus mystique que j’ai connu dans ma vie. Dans mes chansons, je parle de tout ça, mais pas au premier degré, parce que j’ai peur de mettre des limites par rapport aux personnes qui n’ont pas toutes ces croyances en elles.
Clip de "Respira".
Que pensez-vous de ce qui marche aujourd’hui en matière de musique en France ?
Quand j’écoute la radio, ça me donne envie de pleurer. On entend des gens qui n’ont rien à dire. Je ne sais pas, au hasard, le dernier album de Shakira… vous ne comprenez pas les paroles, mais heureusement pour vous. On oublie d’élever l’esprit des gens alors qu’il est possible de l’épanouir avec l’art. Je me demande parfois s’il n’y a pas un complot pour endormir le peuple. Le niveau de superficialité et de vacuité dans ce qu’on entend me chagrine. En tant que société ou même en tant qu'être humain, on va où avec ce que l’on nous propose ?
(Photo : Maria Paula Desch)
L’artiste à la mission d’élever les gens ?
Pour moi oui. Sinon, je ne ferais pas ce métier. Je resterais dans la forêt et la vie serait belle. Ma position de chanteuse me sert à délivrer des messages. Je le prends comme une mission. Si on me donnait le pouvoir de Shakira, je transmettrais d’autres valeurs. J’essaierais de faire prendre conscience aux femmes de leur pouvoir, j’essaierais de faire comprendre aux hommes d’utiliser leur côté féminin pour pouvoir changer les choses, pour élever notre société, lui faire prendre conscience de ce que l’on mange, ce que l’on vit, ce que l’on pense, ce que l’on dit. L’homme qui va réveiller sa part de féminité ne va jamais harceler une femme.
Que pensez-vous de ce qu’il se passe au niveau de la libération de la parole de la femme actuellement ?
C’est le début de quelque chose. Nous sommes fatiguées d’être un objet et on commence à se réveiller vraiment. Moi, je suis indépendante. J’ai des activités professionnelles, je n’appartiens à personne.
Est-ce que votre disque est un disque militant ?
Oui. Je voudrais qu’il le soit.
C’est un disque féministe ?
Je n’aime pas le mot féministe parce qu’il laisse de côté les hommes. Je trouve que les hommes ont des qualités incroyables. Ce qui m’importe au fond, c’est d’être dans une énergie équilibrée. Je ne veux pas faire la guerre à un homme complet.
Le 20 octobre 2017, après l'interview.
17:18 Publié dans Les coulisses du show biz, Musique | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : natalia doco, el buen gualicho, interview, mandor
13 décembre 2017
Jo Wedin et Jean Felzine : interview pour l'album Pique-Nique
(Photo : Louis Teran)
La suédoise Joanna Wedin, ex-membre du groupe MAI et le français Jean Felzine, chanteur et guitariste du groupe Mustang commence peu à peu à se forger un nom dans la french pop. Leur premier album, Pique-Nique, réunit toutes les influences musicales des années 1960-1970 : rocksteady, rockabilly, pop française, soul. Leurs chansons d’amour corrosifs peuvent parfois faire esquisser un sourire. Même si c’est la voix de Jo que l’on entend le plus, leur association vocale idéale laisse filer une certaine nonchalance et des refrains très accrocheurs. Ce disque, harmoniquement et mélodiquement formidable, entre nostalgie et modernité, place la pop sur un beau piédestal.
J’ai rencontré Jo Wedin et Jean Felzine hier, le 12 décembre, au café des Ondes, pour évoquer l’album et le Divan du Monde de ce soir, qui fait office de soirée de lancement du disque.
Biographie officielle :
En 2015 sort le premier EP auto-produit de ce duo de songwriters franco-suédois, où la guitare de Jean Felzine, nerveuse et expressive répond à la voix de Jo Wedin, très pure, aux accents de soul blanche. Deux titres sont remarqués : « Idiot », gros slow en forme de séance d’humiliation et « Les hommes (ne sont plus des hommes) », disco-funkcaraïbes au texte mordant. Leur premier album réalisé par Etienne Caylou donne une vision plus nette de leur talent singulier.
L’ouverture, « Chanter, baiser, boire et manger » aux accents rocksteady, est un hymne hédoniste en surface, mais une lovesong désabusée en profondeur. Elle a valeur de note d’intention pour l’album : un disque de pure pop, généreux, varié et sexy, plein de chœurs, de refrains et de d’accroches de guitare, mais aux textes surprenants, plus drôles ou risqués qu’il n’y paraît, à l'image de l’autre hymne de l’album, le dépressif « Un jour de plus un jour de moins ».
Au menu de ce Pique-Nique aux allures de best of, un vrai catalogue de sentiments humains, et féminins en particulier, incarnés par Jo à tour de chanson avec juste ce qu’il faut d'accent suédois. Envie (une « Femme de chambre » hitchcockienne qui menace sa patronne sur fond de guitares surf) ; ennui (le très glam-rock « Ne fume jamais au lit »), érotomanie (le calypso « Je t’aurai ») ; nymphomanie et sexe en plein air (« Les eaux claires »), et même une chanson sur la chirurgie esthétique (« Nez, lèvres et menton »). Une variété de thèmes qui répond à celle d’arrangements aux influences multiples : soul, pop, caraïbes… et toujours ces belles harmonies à deux voix. Ils reprennent à leur façon le fameux « After Laughter (Comes Tears) », perle soul de Wendy Rene. Dans « Le jeu » qui clôt le disque, les deux chanteurs jouent avec leurs rôles - ces clichés de blonde sexy et de brun ténébreux - et décrivent toutes les étapes d’une relation d’un soir, ou d’une vie, on ne sait pas trop. Ça ressemble autant à une parade amoureuse qu’à une marche funèbre. Tout l’art du duo est là-dedans.
A votre première rencontre, vous avez vite su que ça allait marcher entre vous musicalement ?
Jean : Au premier rendez-vous, on a remarqué que nous aimions la même chose en musique. Les belles mélodies, les belles voix et l’énergie… nous avions tous les deux la même vision de la pop.
Jo : Nous deux, on a toujours travaillé avec plein de musiciens. Mais c’était la première fois que je n’avais pas besoin d’expliquer ce que je voulais. Nous étions sur la même longueur d’onde.
A la base, Jo, vous aviez fait appel au talent de Jean pour faire des chansons juste pour vous. Il était là simplement pour vous aider, mais c’est devenu un duo très vite.
Jean : Oui, dès le premier concert. Les gens nous disaient que nos voix allaient bien ensemble et que le duo fonctionnait à merveille.
Jo : Avant le concert, effectivement, on faisait des chansons, mais c’est moi qui chantais et Jean qui faisait les chœurs. Après ce fameux concert, effectivement, nous nous sommes mis à écrire des chansons à deux. J’ai laissé tomber momentanément mon projet solo.
Dans l’album finalement, il n’y a que deux duos, sinon, c’est Jo qui chante les dix autres titres.
Jean : Ce dont nous sommes certains, c’est que dans le futur, nous allons en faire plus. Dans cet album, il reste des vestiges de ce que devait être son projet solo.
Jo : On aimerait avoir la moitié de notre répertoire en duo.
Votre premier EP date de 2015. Sur l’album, vous n’en avez repris que deux morceaux, « Idiot » et « Les hommes (ne sont plus des hommes) ». Pourquoi ?
Jean : On a estimé qu’il fallait que les gens aient une raison d’acheter ce deuxième disque s’ils avaient déjà l’EP. On a choisi les deux chansons qui ont été les plus remarqué. Les autres, nous les jouions déjà sur scènes.
Clip de "Les hommes (ne sont plus des hommes)".
Il y a une constante dans les textes de vos chansons, c’est la domination de la femme sur l’homme… avec humour.
Jo : Ça vient de moi. Mon côté suédoise (rires).
Jean : Je me souviens d’un concert ou était venu Nicolas Ker, le chanteur de Poni Hoax. Il m’a dit : « mais qu’est-ce qu’elle t’envoie dans la gueule ta copine ! » Je lui ai répondu que j’écrivais les chansons avec elle. Il m’a répondu : « tu es un pervers alors ! »
C’est vrai que dans « Les hommes (ne sont plus des hommes) », on en prend pour notre grade.
Jo : C’est une chanson ironique. Les gens qui écoutent cette chanson et qui le prennent mal, ce sont des hommes ont peur de perdre leur virilité aujourd’hui. On parle toujours de la femme en expliquant comment elle doit être, comme elle doit se comporter… etc. Rien n’a changé depuis les années 50. J’ai voulu inverser la chose en écrivant cette chanson avec Jean. On trouvait ça marrant.
Dans « Idiot », une femme explique à un homme comment il faut la séduire.
Jo : Quand tu dis trop à quelqu’un que tu l’aimes, la magie disparait. Comme c’est moi qui chante cette chanson, c’est une femme qui parle à un homme, mais on peut inverser les rôles et le sujet reste vrai de la même façon.
Clip de "Idiot".
La vie de couple est très présente dans ce disque.
Jean : Ce n’est pas forcément la nôtre. On a transposé pas mal d’histoires vues à droite à gauche.
Vous ne faites pas que des chansons amusantes. « Un jour de plus, un jour de moins », par exemple, n’est pas gaie.
Jo : Nous évoquons la dépression.
Jean : C'est ma chanson préférée de l'album, je crois. J’aime bien les disques où il y a des émotions différentes. C’est important qu’il y ait à la fois l’humour, des chansons pour danser et des chansons tristes.
Clip de "Un jour de plus, un jour de moins".
Votre disque est un délicieux mélange de modernité et de rétro.
Jean : On écoute un peu de pop contemporaine, mais on écoute surtout de la pop des années 50, 60, 70. Fatalement, ça se retrouve dans le disque.
Jo : Avec Jean, on ne se met aucune limite.
J’adore « Le jeu ». Une chanson sur la parade amoureuse que doivent se faire un homme et une femme au début d’une relation.
Jean : C’est surtout une chanson sur la nécessité de faire semblant dans la vie, sur l’importance du mensonge. Le mensonge est primordial dans la vie.
Jo : Dans un couple, si tu dis tout ce que tu penses, il explose en moins de deux.
Clip de "Je t'aurai".
Jean, ce projet en duo n’a pas mis un terme à votre collaboration à Mustang.
Jean : Pas du tout. On enregistre en ce moment. En 2017, il est compliqué pour un artiste de survivre avec un seul projet.
Et vous Jo, vous êtes toujours avec le groupe MAI ?
Jo : Non, moi je fais un projet solo dans lequel je chante entièrement en anglais.
Jean : On a gardé nos deux noms dans notre projet commun, car l’idée n’était pas de se marier sur disque. Ça nous permet de continuer à faire des choses séparément.
Jo : J’ai l’impression que ce n’est pas très français de faire plusieurs projets musicaux. Enfin, je dis ça, mais je trouve que ça commence à changer. En Suède ou aux Etats-Unis, depuis des années, tout le monde joue dans un groupe, en solo, en duo ou accompagne un autre artiste à la guitare. C’est commun.
Jean : J’ai des goûts différents, même parfois un peu contradictoire. C’est difficile de mettre tout ça dans un seul projet.
Clip de "Chanter, baiser, boire et manger".
Il faut garder une cohérence dans un album.
Jean : Voilà, c’est ça. C’est peut-être une erreur que l’on a faite à un moment avec Mustang. En tout cas, avoir plusieurs projets permet de satisfaire ma schizophrénie. Avant, il fallait choisir son camp, savoir à quelle famille on appartenait et s’y tenir. Aujourd’hui, ça n’existe plus.
Il y a une chanson en Anglais, « After Laughter (Come Tears) », une reprise d’une chanson de Wendy Rene.
Jo : J’adore cette chanson depuis très longtemps. Au début, je ne me sentais pas assez douée pour la chanter et Jean a un peu insisté.
Jean : Je voulais la traduire, je n’y suis pas parvenu.
Jo : On ne voulait pas faire cette chanson en moins bien, du coup, on a gardé le texte anglais. Jean a ce talent de reconnaître qu’il ne peut pas faire telle ou telle chose.
Quand vous écoutez l’album, vous en êtes fier ?
Jean : On aurait aimé avoir plus d’argent pour le faire. Cela nous aurait permis d’avoir de vraies cordes. J’adore les cordes. Il y a des violons sur quasiment toute la musique que nous écoutons. Sinon, je n’ai pas d’énormes regrets sur le disque.
Ce qui est bien, c’est que vous n’êtes pas dans la mouvance actuelle. J’aime votre singularité.
Jo : On a aussi conscience que c’est un risque. Mais l’idée de ne pas faire comme tout le monde est assez jubilatoire.
Vous aimez qui comme artistes français ?
Jean : Polnareff est mon héros absolu. J’aime aussi beaucoup William Sheller. Joe Dassin aussi, je suis fan de country, il a fait de belles adaptations françaises.
Jo : J’aime bien Véronique Sanson.
Le concert au Divan du Monde, c’est un peu la soirée de sortie du disque.
Jean : Nous serons trois sur scène. Nous avons un batteur avec nous. On a des petites astuces, sans passer par des séquences, pour interpréter les chansons de manière assez proche du son de l’album.
Vous avez le trac ?
Jo : Moi j’ai toujours le trac. C’est terrible d’ailleurs.
Jean : Moi aussi. Mais une fois sur scène, tout va bien.
La scène, c’est le meilleur moment ?
Jean : Oui, mais j’aime bien aussi le studio. Pour être franc, le meilleur moment, c’est quand tu as fini une chanson.
Jo : Ce qui est particulièrement jouissif, c’est quand, en plus, elle est bien réalisée en studio et qu’elle nous satisfait en tout point.
13:52 Publié dans Les coulisses du show biz, Musique | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : jo wedin, jean felzinee, pique-nique, divan du monde, interview, mandor
11 décembre 2017
Kevin Tran : interview pour le manga Ki et Hi (tome 2)
En décembre 2016, j’avais ici réalisé une première interview du YouTuber star et désormais auteur de manga à succès, Kevin Tran (Le Rire Jaune). C’est un garçon que j’apprécie beaucoup humainement et j’ose dire « intellectuellement ».
Il sort le deuxième tome de sa série Ki & Hi, intitulé Une famille de fous. Pour Le magazine des loisirs culturels Auchan (daté des mois de décembre 2017 et janvier 2018), je l’ai interviewé de nouveau.
08:46 Publié dans Livre, Magazine Auchan | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : kevin tran, fanny antigny, le rire jaune, ki et hi, manga, interview, mandor, le magazine des loisirs culturels auchan
09 décembre 2017
Jean-Roch Waro : interview pour son deuxième album
Bonne nouvelle ! Jean-Roch Waro est de retour avec un nouvel album, une décennie après le précédent, Music Gang. Un retour qui fait du bien, placé sous le signe du groove sous fond de jazz, de soul, de folk et de rock. Textuellement, il se livre sans se dévoiler, mais musicalement, il lâche tout.
Le 11 septembre dernier, nous nous sommes donné rendez-vous dans un bar de Trocadéro pour une première mandorisation (en espérant qu’il ne faudra pas attendre 10 ans pour la prochaine…)
Biographie officielle :
Jean-Roch Waro est auteur, compositeur, guitariste et chanteur. Au cœur des années 1980, sa tendre enfance chaloupe entre le Rock’n’ roll brut de fonderie de la « vallée de la Fensch » en Lorraine, et les rythmes Séga-Maloya de l’Isle de la Réunion natale de son grand-père.
À 15 ans, il forme son premier groupe Rock Inc. À 20 ans, il ouvre les concerts de The Meteors, Noir Désir, Paul Personne, Pigalle et CharlElie Couture.
Vient alors le temps de l’émancipation, guitare à l’épaule : New York (the Living Room), Paris (New Morning, Guinguette Pirate, Glaz’art), Berlin (Franz Club). Enfin, son amour grandissant pour le jazz lui font naturellement croiser le chemin de Stephen McCraven, batteur virtuose du Archie Shepp Quartet.
Stephen est séduit par les compositions de Jean-Roch et rejoint le projet. C’est ainsi qu’en 2004, naît le Jean-Roch Waro Music Gang, composé de Stephen McCraven à la batterie, Edouard Romano à la trompette, Julien Petit au saxophone, Stéphane Glanois à la basse et Jean Wende à l’orgue Hammond.
Après quelques années à se nourrir de musique et de divers projets, Jean-Roch revient avec un nouvel album (solo) centré autour des guitares et des voix.
L’album :
Pour ce nouvel album riche des multiples influences de Jean-Roch Waro, de nombreuses couleurs et aucune barrière. Anglais, français, rythm and blues, jazz, pop, rock ... L’authenticité de l’énergie présente dans chaque titre est là comme un fil conducteur laissant place à une totale liberté d’expression. En se laissant porter par la musique, chacun reçoit à sa façon les sensations, les mots et les intentions. Le groove plonge dans un voyage à la fois intime et à partager où selon les chansons et les moments, on bascule d’intensité à sérénité, laissant les émotions se bousculer et se rencontrer venant créer une atmosphère singulière et planante.
Depuis le concert de sortie de l'album qui a eu lieu le 18 avril 2017 au New Morning (Paris), Jean Roch Waro présente cet album sur scène dans différentes régions et formules (solo, trio, quartet, quintet) selon les lieux.
Musicalement, as-tu été influencé par tes parents ?
Ils écoutaient du jazz, du blues, de la musique classique, mais aussi de la pop. Quand j’ai commencé à tourner en solo, je me suis reconnecté avec mes racines réunionnaises. Je reprenais « P’tite fleur fanée » régulièrement, un classique folklorique de La Réunion que je connaissais interprété par Jacqueline Farreyrol. Mine de rien, le sega m’a un peu influencé. Il y a des rythmes que j’utilisais dans mes chansons.
Tu te sens un peu réunionnais ?
Non, ce n’est pas ma culture de base, mais j’ai pris ce nom pour alimenter le rêve. J’ai choisi Waro au lieu de Hoareau, l’un des noms les plus répandus à la Réunion.
Ton premier groupe, à l’âge de 15 ans, Rock Inc, était un combo rock.
Etant un adolescent un peu timide, le fait d’empoigner une guitare et faire du rock m’a donné un peu d’assurance, et principalement auprès de la gente féminine (rires).
Vous étiez plusieurs chanteurs dans le groupe, je crois.
Oui. A une époque, on avait deux chanteurs, deux batteurs, un bassiste… On a eu de la chance parce que nos parents nous laissaient tranquilles. Nous, on se prenait très au sérieux. On écrivait nos propres chansons. Il y avait une énergie très rock, blues, très barrée, à la manière des Doors. Ça a duré presque 10 ans cette histoire, même s’il y a eu quelques mutations au sein du groupe.
Un jour, le groupe s’est arrêté.
J’ai continué seul car je ne pouvais pas vivre sans faire de musique. Avec Rock Inc, je ne me suis jamais senti emprisonné, je me suis même toujours senti libre. Mais je l’étais encore plus, apprès, même si c’est une continuité de ce que je faisais avec le groupe.
Clip de "72 73 74".
A un moment, tu as rencontré le jazz sur ton chemin.
Le groupe s’arrête. Je déménage à Paris pour voir autre chose et je vais voir Archie Shepp Quartet dès que je peux et partout. C’est le jazz que j’aime, avec John Coltrane aussi. Un soir, au New Morning, j’ai fini par rencontrer Stephen McCraven dans la loge. J’ai donné au batteur du Archie Shepp Quartet des maquettes… et j’ai la chance de travailler avec lui depuis plus de 15 ans. Il joue dans mes deux disques d’ailleurs.
Il t’a appris quoi ?
Il m’a fait comprendre comment il fallait envisager certains rythmes, la structure et le mouvement à l’intérieur d’une chanson. Il m’a communiqué le savoir que ses mentors lui ont donné.
Vous avez donc fait ton premier disque ensemble.
Oui, mais il n’est pas tout seul. Il y a aussi Edouard Romano à la trompette, Julien Petit au saxophone, Stéphane Glanois à la basse et Jean Wende à l’orgue Hammond. La couleur du disque était rythm and blues, soul. Dans le nouveau, je suis revenu à plus de guitares. Il est plus jazz et moins cuivré.
Jean Roch Waro lors de la soirée de lancement au New Morning le 18 avril 2017 (meddley).
Cet album n’a absolument pas marché.
Et pour cause, il n’a jamais été commercialisé. J’espère qu’avec la sortie du deuxième, les gens vont vouloir s’intéresser au premier.
Tu ne vendais pas ton premier disque à la sortie des concerts ?
Non, c’était surement par pudeur mal placée.
Es-tu un peu désabusé par le peu de réaction des médias par rapport à ta musique ?
Oui. Le disque existe toujours et je suis sûr qu’un jour, il aura une belle histoire. Les gens qui l’ont l’aiment encore.
Depuis ce premier album, tu n’as jamais arrêté de jouer.
J’ai participé à un trio plus « jazz cabaret ». J’ai joué avec de nombreux amis et surtout, j’ai travaillé ma musique en essayant de découvrir d’autres couleurs. J’ai essayé d’aller vers plus de raffinement pour obtenir le bon mélange souhaité.
On apprend tout le temps ?
On apprend tous les jours. Les grands musiciens que j’ai la chance de connaître apprennent aussi tout le temps. Chaque jour est potentiellement une nouvelle découverte, que ce soit dans le rythme ou les couleurs harmoniques.
Qu’est-ce qui t’as incité à faire un deuxième album ?
J’ai décidé d’arrêter de me cacher. J’ai eu envie de retourner jouer le plus possible sur scène. J’ai accumulé des centaines d’idées sur mon dictaphone, il fallait que ses idées deviennent des chansons.
Pourquoi ne chantes-tu plus beaucoup en langue française ?
Ce n’est pas parce que je pense que chanter en anglais, c’est mieux. Au contact de mes amis musiciens ses dernières années, j’ai beaucoup parlé en anglais. Je rêve même parfois en anglais, mes idées arrivent en moi en anglais, je ne le fais pas exprès. Je crois que j’avais vraiment envie de parler à mes amis anglais et américains.
Ton album, chez les disquaires, il est rangé dans quelle catégorie ?
Je m’efforce de dire que c'est un disque pop, mais il peut être rangé dans le jazz, dans le Rythm and Blues, dans le blues... Je pense qu’il faudrait un rayon sans frontière juste pour lui.
Cet album a été écrit en combien de temps ?
Il y a eu 15 ans de gestation. Sans rire, il a été écrit en deux mois, mais à partir du moment où je l’ai enregistré avec les musiciens, je dirais qu’il a été fini en 15 jours.
Pendant l'interview (1)...
Tu es bon musicien et tu as une voix magnifique, quel atout !
Je ne l’ai jamais travaillé. Un jour on m’a dit, « je n’ai jamais entendu souffrir autant quelqu’un en train de chanter ». Quand on me dit ça, j’ai envie de continuer. Ça me libère complètement. J’essaie de lâcher des émotions. Pour moi la voix, c’est du son.
Tu la travailles autant que la guitare ?
Je ne me sens pas guitariste, ni chanteur, je me sens guitariste-chanteur. Je veux absolument que les choses s’imbriquent, que ce soit un échange, une énergie continue entre la guitare et la voix.
En France, il y a très peu de disques comme le tien.
C’est un disque ouvert sur le monde. Il n’a pas vocation à rester en France, c’est pour cela qu’il n’est pas écrit uniquement en français.
Te considères-tu encore comme un artiste « découverte » ?
(Rires) Ce serait déjà bien que je me connaisse moi-même. Je me découvre un peu tous les jours et c’est déjà pas mal.
Pendant l'interview (2)...
La musique t’apporte quoi ?
La musique me guérit de tous les maux et me rend beaucoup plus joyeux que si je ne l’avais pas. Elle peut mobiliser mon attention pendant toute une journée sans jamais me lasser.
Est-ce aussi une fuite sur la réalité de la vie ?
Non, ce n’est pas une fuite sur la réalité, c’est un ancrage sur l’absolu. Pour moi, la musique, c’est la connexion avec l’ultra réel.
La scène représente quoi pour toi ?
C’est cathartique. Ce sont des moments très forts émotionnellement, mais je ne suis pas à l'affût de la réaction immédiate des gens tant je donne tout en jouant. Je peux partir très loin quand je joue. Si je ne pars pas loin, ça veut dire que je suis en train de passer à côté du concert.
Tu essaies de rendre à la musique ce qu’elle te donne, c’est ça ?
Oui. Je joue avec autant de cœur chez moi, sur scène ou en studio.
A la fin de l'interview, le 11 septembre 2017.
11:22 Publié dans Les coulisses du show biz, Musique | Lien permanent | Commentaires (1) | Tags : jean roch waro, interview, mandor
08 décembre 2017
De Calm : interview pour Disparue Juliette
(Photo : Agathe Peyrot des Gachons)
Je ne comprends pas le fait que les albums de De Calm restent confidentiels. Bien sûr, il y a un public, bien sûr, les médias en disent du bien, mais les radios jouent très peu leurs titres et la masse populaire ne les connait pas. Il y a un problème quelque part. Où ? Je ne sais pas.
J’avais adoré le précédent album de ce duo, Amour Athlétic Club (mandorisation là). Disparue Juliette est un sacré bijou lui aussi, pourtant, ce disque est passé sous silence. C’est injuste. Parfaitement injuste.
"Sous une fausse apparence de nostalgie mélancolique, De Calm signe un disque chargé d’optimisme et d’espoir, en choisissant d’orner la poésie inhérente de textes précis à des arrangements pop malins et variés. En résulte un album profondément humain, qui nous parle autant qu’il se confie, qui nous conseille autant qu’il nous écoute." (source IndieMusic.fr)
Le 12 octobre dernier, le tarnais Guillaume Carayol m’a rejoint sur une terrasse parisienne pour évoquer cet album somptueux. Oui, somptueux, c’est le mot.
(Photo : Mickaël Serrano)
Biographie officielle (un peu écourtée):
A l’heure où la notion d’album n’est souvent qu’un prétexte, Guillaume Carayol (écriture et chant) et Mickaël Serrano (composition) veillent au contraire à lui rendre son lustre. Pour eux, faire un album, c’est retrouver un plaisir enfantin même si le vernis a une apparente gravité. Cette réjouissance et l’ironie qui se dégagent de l’ensemble, on peut l’observer dès la pochette avec cet alligator en laisse, à la recherche d’une hypothétique Juliette.
Produit avec Mako, l’un des fidèles collaborateurs de Daho et avec la section rythmique de ce dernier, ce troisième album vise à étendre l’harmonie amorcée avec les deux précédents : Le Film Définitif et Amour Athlétic Club. Le premier absorbait le travail de réalisateur de Guillaume tandis que le second, agitait son passé de footballeur sentimental. Tous deux avaient été accueillis favorablement par les médias et les radios, avec notamment la chanson « Un Jour de Mai » largement playlisté. Ils leur avaient également permis d’être distingués lors d’un concours des Inrocks ou encore de figurer dans la sélection du Prix Moustaki, tout en se produisant aux quatre coins de la France.
Avec Disparue Juliette, le duo toulousain De Calm continue de regarder droit dans les yeux la pop mélancolique des ainés, tout en remuant une vase singulière qui fait d’eux des outsiders à l’élégance constructive.
On pourrait rapidement le classer dans le registre pop synthétique sauf qu’ici les batteries sont jouées, les basses sont véritables et parfois, les guitares servent à fabriquer des sons artificiels qui rappellent ceux des synthés.
Pendant plus d’un an, Guillaume et Mickaël se sont rendus à intervalles réguliers à Saint Jean de Luz dans le cocon du Studio Drop-In. Le thème de la disparition rôde un peu partout : la disparition amoureuse omniprésente, la disparition des liens entre deux frères qui ne se parlent plus (« Les rues qui nous séparent ») ou encore, la disparition programmée de pays qui s’apprêtent à sauter d’une falaise (« Au bord des falaises »).
L’ensemble peut paraître pessimiste alors qu’en réalité, c’est gorgé d’espérance. De par la musique et les lueurs qui sommeillent dans chaque texte, mais aussi à travers la poésie humaniste des clips que réalise Guillaume pour eux et pour d’autres artistes. Il y a toujours cette volonté d’être à bonne distance, à bonne pudeur comme sur « La Bonté est bizarre » inspirée par les événements tragiques du Bataclan ou comme dans « Il fait froid » qui préserve jusqu’au bout le mystère qu’il renferme.
Au bout du compte, de la noirceur apparente des textes se dégage toujours une euphorie colorée qui trouve son équilibre dans les mélodies pop. Cet album n’a qu’une seule vocation : faire du bien.
Nous nous sommes vus il y a 3 ans pour le précédent album.
Je ne suis pas quelqu’un qui écrit en permanence. Jusqu’à présent, ma méthode était simple. Je disais à Mickaël, « viens, on y retourne » et là, on ouvre les vannes intensivement pendant quelques temps. On accumule des chansons, ensuite, on voit avec qui on peut les faire. Sur chaque album, on a essayé de varier les plaisirs en changeant de producteur et de réalisateur. Pour celui-ci, on a choisi Mako. Comme Mickaël avait laissé les guitares de côté pour privilégier les claviers, on a trouvé que c’était le choix idéal parce qu’on savait qu’il avait une collection de claviers à St-Jean-de-Luz. On a considéré qu’il y avait moyen de s’amuser avec, de surcroit, une personne très douée.
St-Jean-de-Luz, mazette ! C’est important d’avoir un bel environnement pour enregistrer un disque ?
Je ne sais pas si tu te souviens, mais nous avions enregistré le précédent album dans une usine avec des machines de partout… franchement, à chaque fois, l’idée c’est de se faire plaisir. C’est vrai qu’à St-Jean-de-Luz, le cadre était sympa. On mangeait à midi au bord de la mer. Le studio se trouvait dans les locaux de Quick Silver. Les employés étaient très chouettes et l’ambiance très bonne. Quelque part, ça doit influencer quelque chose dans la façon d’envisager un disque, je ne sais pas.
Avec Mickaël, vous tentez de vous impressionner mutuellement ?
Oui, mais depuis toujours. Cela crée une émulation importante. En plus, à chaque fois, nous travaillons avec une pointure, ça nous oblige à nous élever. C’est comme quand tu joues un match de foot, quand tu es face à une équipe magistrale, il y a de fortes chances que ton niveau s’élève. Avant d’enregistrer un album, avec Mickaël, on bosse comme des bêtes de manière à arriver avec des titres déjà bien aboutis. Nous faisons en sorte que pendant l’enregistrement, il ne nous reste plus qu’à les magnifier.
Clip de "Alligator".
C’est un album qui laisse entrevoir une pointe d’espérance dans les textes… mais très discrète.
Elle est là, mais elle se repère selon le regard de chacun. Je laisse le soin à ceux qui écoutent de prendre le texte avec leur sensibilité et à leur convenance. Nos chansons peuvent partir d’un postulat pénible, mais elles aboutissent à quelque chose de positif qui élève. Quand je vais au cinéma, j’aime les films qui laissent une part d’imaginaire, qui vont susciter un truc personnel qui va réveiller quelque chose. J’ai le sentiment qu’en écrivant comme j’écris, cela offre cette possibilité.
Tu n’as pas l’impression que les professionnels n’arrivent pas à vous cataloguer ?
Pour les très indés, nous sommes « variétés » et vice-versa. Avec Mickaël, nous sommes des coureurs de fond. Bien sûr, on aimerait plus de reconnaissance, ne serait-ce que pour jouer régulièrement dans des salles honorables. Je me dis que le temps joue pour nous et qu’au fur et à mesure, on crée quelque chose qu’un public apprécie.
Je sais que par exemple, en Allemagne, on s’intéresse à vous.
On passe sur la radio nationale allemande depuis le mois d’avril 2017, on ne sait pas trop pourquoi.
Quand ça ne marche pas dans son pays, y a-t-il un risque de développer une certaine aigreur ?
Bien sûr, mais ce risque est ponctuel. Après, je fais tellement d’autres choses que ça passe vite. Avec Mickaël, malgré tout, on s’émerveille d’avoir fait trois albums.
Parle-moi de la chanson et du clip de "La bonté est bizarre".
Pour écrire une chanson, tu pars toujours d’un fait réel ?
Je parle toujours de choses qui m’émeuvent. J’essaie toujours d’en faire des chansons pas mièvres et qui, à un moment, va bousculer. Ça m’excite de trouver l’angle idéal. J’aime challenger une idée, voire la sublimer.
Est-ce que le nouvel album est toujours le meilleur ?
Tout le monde dit que le dernier chasse le précédent. Je sais que dans les trois albums, il y a des liens entre pleins de chansons. J’ai l’impression que nous avons des thématiques qui reviennent. Dans l’écriture, c’est quelque chose qui m’amuse. J’ai besoin de tisser une toile discrète entre chaque album.
Tu as l’impression d’avoir tout dit ?
Oui. Après, on redit les choses mais différemment. J’adore l’écrivain Jean-Paul Dubois. J’ai l’impression qu’il raconte ses mêmes obsessions, mais à chaque fois, je reprends une dose de bonheur en le lisant. Il reste dans son pâturage tout en continuant à m’émerveiller.
Contrairement à Jean-Paul Dubois, il n’y a pas de cynisme dans ton écriture.
Je préfère que dans mon écriture, on me parle d’humanisme. J’y tiens parce que cela fait partie de ma personnalité. Je ne veux surtout pas faire de chansons engagées ou moralisatrices. Je n’aime pas les donneurs de leçons.
Le 12 octobre 2017, après l'interview...
Et pour finir, un peu de promo spécial Noël!
10:03 Publié dans Les coulisses du show biz, Musique | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : de calm, guillaume carayol, mickaël serrano, mako, disparue juliette, interview, mandor
01 décembre 2017
Matthias Vincenot : interview pour Poésie et chanson, stop aux a priori
(Photo : David Desreumaux)
« Matthias Vincenot pose en une centaine de pages la petite encyclopédie qui va donner aux amoureux de la chanson de quoi discuter, sans disputer, du bien-fondé de la chanson « à texte » de la ritournelle anodine, de la comptine naïve, de la chanson rebelle, de tous ces moments qui font naître la tendresse, ou la rage de vivre, ou un certain regard bienveillant sur la vie, même quand elle est rugueuse, difficile » explique le blog Le doigt dans l’œil. On ne saurait mieux dire.
Sur le rapport entre la poésie et la chanson, on ne peut trouver plus clair et précis que ce court essai de Matthias Vincenot, Poésie et chanson, stop aux a priori, publié aux éditions Fortuna. Comme il l’écrit lui-même, il réfute « le simplisme déguisé en évidence, les idées reçues ou ce qu’il serait convenu de croire ou de penser ».
Le 13 septembre dernier, Matthias Vincenot est venu chez moi pour évoquer ce formidable et passionnant sujet. C’était sa quatrième mandorisation (la première en 2013 pour son recueil de poèmes Les années aperçues, la deuxième en 2014 pour son Almanach insolite et son essai Le mot et la note et la troisième en 2016 pour le projet d’album Hors cadre.)
Poésie et chanson, stop aux a priori ! Il était temps de remettre les pendules à l’heure, à l’écart des raccourcis commodes, des jugements de valeur, des fausses prétentions et des vraies confusions.
Ce livre s’adresse à tous ceux qui aiment soit la chanson, soit la poésie soit les deux, connaisseurs ou non.
Il s’agit d’une promenade à travers le plaisir des mots, le long de « la bande originale de nos vies ».
L’auteur :
Poète, président de l’association Poésie et Chanson Sorbonne, fondateur et directeur artistique du Festival DécOUVRIR de Concèze, directeur artistique de Poésie en liberté, sociétaire de l’Académie Charles Cros, il a aussi créé, avec Thierry Cadet, le Prix Georges Moustaki de l’artiste indépendant et/ou autoproduit.
Docteur ès lettres, Chevalier des Arts et des Lettres, il est par ailleurs professeur aux Cours de Civilisation française de
la Sorbonne.
Ses ouvrages les plus récents sont Le mot et la note (éditions de l’Amandier, avec un prologue de Georges Moustaki, 2014) et Génération deux mille quoi (éditions Fortuna, 2015).
Il dirige L’Almanach insolite, paru en octobre 2014, qui rassemble 300 participants (avec des photos de Pascal et Nicolas Rabot et des éphémérides de Christophe Tastet, éditions Mines de rien).
Pourquoi ce livre ?
Déjà parce que j’aime la poésie et la chanson. Par contre, je ne mélange pas les deux, même si les frontières entre ces deux arts ne sont pas rigides. J’ai fait tout un doctorat sur ce sujet, s’en est suivi un gros livre. C’était plus un ouvrage de spécialiste. J’ai souhaité que cette nouvelle version soit plus grand public, précise et digeste.
Tu as d’ailleurs eu plus de mal à l’écrire que le pavé…
Je ne voulais pas enlever la moindre idée. Il fallait donc que j’arrive à condenser sans perdre en densité, mais en gagnant en lisibilité. C’était beaucoup plus difficile. Je tenais à ce que ce soit un livre qui parle de la poésie de tous les styles et de la chanson de tout temps, mais qui soit bien ancré dans l’actualité. Il a fallu repenser les choses sur cet axe-là. Il fallait devenir plus simple sans perdre en exigence. Poésie et chanson, stop aux a priori est un autre livre, pas seulement un résumé du précédent.
Tu en as fait neuf versions.
Oui, mon éditeur a été très courageux. Je lui ai envoyé neuf manuscrits définitifs dans un délai très court. Ça devenait compliqué pour lui.
Pour toi, les textes de Brassens, Brel ou Ferré ne sont pas de la poésie ?
Je fais un distinguo entre écrire de la poésie et écrire des chansons poétiques. Il ne faut pas confondre le point de départ et le point d’arrivée. Il y a des chansons de nombreux artistes qui peuvent s’apparenter à des poèmes, mais il n’empêche que quand on écrit un simple poème, on n’est pas attentif aux mêmes éléments que quand on écrit une chanson. Si j’écris une chanson, je sais qu’elle va être chantée, si j’écris un poème, je sais qu’à priori, il ne sera pas chanté.
Tu veux dire que si on écrit en sachant qu’il y a aura de la musique derrière, ça fausse l’écriture d’un poème ?
On n’écrit pas dans le même but et on n’écrit pas la même chose. Personnellement, à chaque fois que j’ai essayé, je n’y suis pas parvenu. Il faut avoir quelques notions de tempo, de régularité, de longueur. On m’a donné un jour une musique pour que je tente d’écrire un texte, mais ça a été une catastrophe. On ne peut pas mettre tout mot sur tout son. Mais j’aimerais beaucoup réessayer !
Tu insistes sur le fait que tu ne fais pas de hiérarchie entre la poésie et la chanson.
Ce sont deux arts différents qui peuvent se rencontrer, qui ont des liens de cousinage. Il y a des poètes qui rêveraient d’écrire des chansons et il y a des chanteurs qui rêveraient d’écrire des poèmes. Je connais des poètes qui ont décidé d’écrire des chansons parce qu’ils espéraient être plus entendus.
Est-ce que tout poème peut devenir une chanson ?
Non. Ou alors, pas de la même façon et pas dans le même univers. Il peut y avoir une régularité dans le poème qui n’est pas la même dans la chanson. La musicalité du poème et de la chanson aussi peut différer.
Il y a des chanteurs qui estiment faire de la poésie.
Ils peuvent avoir raison, mais ils font quand même des chansons. J’espère qu’ils n’estiment pas cela parce qu’ils considèrent que ce n’est pas assez noble de faire de la chanson. En disant que l’on fait des poèmes, il ne faut pas qu’on ait l’impression que l’on dévalorise son propre art.
CharlElie Couture a appelé un de ses meilleurs albums « Poèmes rock ».
Je trouve que c’est audacieux. Les frontières sont poreuses et certains artistes sont proches de la poésie. Encore une fois, le résultat d’une chanson peut être un poème, mais pas le point de départ.
Toute chanson à texte n’est donc pas forcément poétiqus ?
Quand des artistes sont un peu trop attentifs aux textes, ils peuvent en oublier la musique. Il faut faire attention au risque d’en dire trop. C’est comme les chansons à message, tu mets le message, mais tu oublies la chanson, c’est pareil pour les poèmes. Il ne faut pas que le fond écrase la forme. Il faut faire attention au danger de l’explicitation de tout. Le poétique que l’on trouve dans les chansons, c’est aussi la suggestion, le mystère… j’appelle ça la chair des mots, c’est-à-dire, ce que les mots suscitent en soi et qui n’est pas seulement leur sens. S’il n’y a que du sens dans les mots, ce n’est plus du poétique, on est dans le récit.
Tu expliques dans ton livre que quand un artiste disparait, on dit de lui que c’était « un grand poète ».
La société met le poète très haut sur un piédestal, du coup, elle le voit plus. Quand un chanteur décède, on dit que c’était un poète, même quand il n’écrivait pas ses textes d’ailleurs. C’est la qualité suprême.
La poésie contemporaine, dans un certain nombre de vecteurs de diffusion, a un peu de mal.
C’est toujours amusant d’entendre parfois ceux qui ignorent totalement la poésie dire au moment du décès de l’un ou de l’autre, que c’était un poète. Ils ne connaissent pas les poètes d’aujourd’hui. Moi, je me bats beaucoup pour faire entendre la parole des poètes contemporains.
Dans toutes tes actions, ta façon de présenter la poésie, c’est souvent à travers le mélange de la poésie et de la chanson.
Un animateur d’une émission culturelle me disait que quand il fait une émission sur la poésie, il perd de l’audience. Si, dans son émission, il y a d’autres personnes que des poètes, il ne perd pas d’audience. Moi, effectivement, j’essaie de mettre dans mes différentes programmations, des poètes, des comédiens et des chanteurs. Ça permet de surprendre, de se faire surprendre et de mêler les publics.
Est-ce que je peux prétendre que tu « vulgarises » la poésie, pour que l’on y accède ?
Je n’aime pas trop le terme « vulgariser », je rends l’accès à la poésie plus facile. Je montre ce que c’est en exposant à la vue ses différentes facettes à un maximum de gens.
Tu as sorti ton premier livre à l’âge de 17 ans, en 1998. Dis donc, cela va faire 20 ans !
Je vais sortir mon prochain recueil de poèmes le 6 février 2018 aux éditions Fortuna. Il va s’intituler J’ai 20 ans. Pour fêter ce nouveau livre, il y aura même une soirée de lectures de certains nouveaux poèmes ce soir-là à l’Entrepot. Je serai accompagné au piano par Etienne Champollion et Éric Guilleton sera là, pour chanter quelques chansons. Ça fera exactement 20 ans, jour pour jour, que mon premier recueil est sorti. J’aime bien ce symbole.
Après l'interview, le 13 septembre 2017.
09:53 Publié dans Les coulisses du show biz, Livre | Lien permanent | Commentaires (2) | Tags : matthias vincenot, poète, recueil, poésie et chanson stop aux a priori, interview, mandor