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25 janvier 2009
Un point de vue sur le journalisme radio...

Il y a quelques jours, j'ai répondu à un long (très) questionnaire d’une jeune étudiante en 3e année de licence information et communication à Paris.
Il s’agissait de parler du métier de journaliste radio…
Aujourd’hui, j’ai décidé d’en publier des extraits ici, agrémentés de photos contextuelles. Cette note est comme un cv sommaire traversant ma vie professionnelle de 1995 à nos jours…
- Pouvez-vous vous présenter en quelques mots ?
J’ai 41 ans, j’ai commencé la radio à l’âge de 17 ans. Pendant longtemps, j’ai été animateur, puis je suis devenu journaliste radio, télé et presse écrite. Je suis spécialisé dans le journalisme culturel.
Actuellement, je suis journaliste/animateur dans une radio basée à Meaux, 77FM, mais je suis aussi responsable des pages “Musique” de deux “consumers”, celui des magasins Virgin (VIRGIN!) et celui des espaces culturels Leclerc (Culturissimo).
- Qu’est-ce qui vous a poussé à devenir journaliste?
C’est venu très tôt, comme une évidence. Je considérais que ce métier allait m’apporter beaucoup. Personnellement et intellectuellement. Ce métier était au cœur de tout ce que j’aimais : lire, écrire, m’informer, informer, partager les mots… Je ne suis jamais revenu de cette illumination, et j’ai embrassé avec passion ce métier. J’aime les gens et le terrain, je suis curieux et j’ai une certaine aptitude à l’écriture. Devenir journaliste, pour moi est synonyme d’un métier rempli de contrastes et de diversité.
- Comment définiriez-vous le métier de journaliste radio?
C’est un métier qui permet d’informer les gens de manière claire, concise et ludique. Il faut savoir vulgariser les informations reçues. Le journaliste radio propose à ses auditeurs une information rapide et les contraintes du direct exigent une bonne connaissance des outils techniques et informatiques. Comme ses confrères, il doit veiller à ne pas déformer les propos ou les informations qu'il transmet. Il ne donne pas son point de vue à moins de faire un papier d'opinion.
- Quelle est votre formation?
Je ne suis pas un bon exemple. Je n’ai suivi aucune formation. Je suis ce qu’on appelle un autodidacte. J’ai appris sur le terrain et en écoutant beaucoup et longtemps les professionnels de la radio.
- Depuis combien de temps exercez-vous le métier de journaliste radio?
10 ans. Mais, j’ai commencé la radio en 1982… en tant qu’animateur.
- Pourquoi avez-vous choisi ce média ?
Parce qu’on peut tout faire passer avec la voix et j’aime transmettre. C’est un métier exigeant où l’on n’a pas le droit à l’erreur.
- Avez-vous réalisé des documentaires pour la radio ? Si oui pouvez-vous nous expliquer votre démarche ?
J’en ai réalisé un nombre incalculable en plus de 25 ans de métier. La démarche principale est d’expliquer le plus simplement possible, mais de manière rigoureusement exacte, le sujet évoqué.
- Quel est le niveau d’étude généralement requis pour entamer une carrière de journaliste à la radio ?
Le métier de journaliste requiert une large culture générale. Il existe 12 écoles reconnues par la Convention collective des journalistes. Dans la majorité de ces écoles, il faut compter cinq années d’études après le bac. Le recrutement à l’entrée de ces écoles nécessite au minimum un diplôme de niveau bac + 3, la formation de journaliste dure deux ans. Encore une fois, je suis un mauvais exemple, puisque je n’ai pas reçu de formation.
- Quelles sont les qualités requises pour ce travail ?
Pour devenir un bon journaliste, il faut avoir une bonne culture générale, mais également des qualités d'expression écrite et orale, un esprit créatif, une curiosité toujours en éveil, un esprit d'analyse et de synthèse et une certaine originalité. Il faut aussi être très dynamique, avoir une forte capacité de travail, de la curiosité, de la ténacité et une honnêteté intellectuelle.
- Y a-t-il beaucoup de débouchés dans cette profession ?
Les débouchés sont assez limités dans ce métier qui fascine beaucoup de jeunes. En intégrant une école de journalisme, on a plus de chance de trouver du travail. Mais ces écoles sont très sélectives. Les débouchés se situent surtout à des niveaux bac +4/+5.
- Comment est organisé le travail au sein de votre rédaction ?
Chacun fait son travail. La rédaction d'une radio se compose en général d'une majorité de reporters, professionnels de terrain souvent polyvalents et de journalistes « en station » dits flash-men qui font régulièrement le point sur l'actualité. Le reporter mène enquêtes et interviews sur le terrain. L’organisation est décidée en conférence de presse, le matin.
- Quelles sont les caractéristiques de l’écriture radio ?
L'improvisation a peu de place dans les émissions informatives. Les textes sont rédigés et lus en " style parlé ". Il ne s'agit cependant pas, forcément, d'écrire comme on parle. Il s'agit surtout de se faire comprendre facilement et en peu de mots. L'écriture radio doit être la plus simple possible. On s'adresse au plus grand nombre, et non à des spécialistes ou à une corporation particulière. Les quatre caractéristiques sont donc : accrocher l'auditeur, aller directement à l'information principale, aller du plus précis au plus large et écrire "simple".
- Qu’est-ce qui permet au journaliste radio de faire la différence avec ses confrères des autres médias dans le traitement de l’information ?
Quel que soit le média, les aspirations des journalistes sont les mêmes : informer le mieux possible, avec des informations les plus justes et sous la forme la plus agréable. Reste que, sur un plan technique, les journalistes de presse écrite, de radio et de télévision travaillent très différemment. Les outils, la façon d'écrire et les contraintes ne sont pas les mêmes. Un très bon journaliste de radio peut se révéler un piètre journaliste de presse écrite ou de télévision... et inversement.
- Quelle est la part d’initiative dans le métier de journaliste radio ?
La liberté d'un journaliste tient avant tout à sa hiérarchie, et plus encore... éventuellement, aux actionnaires qui possèdent son média. Certains patrons laissent une entière liberté à leurs journalistes, d'autres sont plus interventionnistes. Cela n'a rien à voir avec le média, télévision, radio ou presse écrite. La part d’initiative est la même dans ces 3 cas.
- Un journaliste radio peut-il prétendre à une parfaite objectivité ?
La nécessité d’objectivité est primordiale, mais elle est très subjective. La neutralité des faits exposés est essentielle. On ne peut pas prendre la liberté de raconter ce que l’on s’imagine des sentiments de l’interviewé. Aussi, l’interprétation du journaliste doit-elle se rapprocher le plus possible de la réalité, rendre compte d’un vécu, d’un drame, d’une expérience. On peut se tromper dans son objectivité, mais l’essentiel est d’être le plus sincère et rigoureux possible.
- À quelles exigences le journaliste radio doit-il se plier pour informer sans
déformer?
Ça rejoint beaucoup la question précédente. Je me contente de dire, qu’il faut informer sans sur informer.
- Comment devrait évoluer la fonction de journaliste dans la perspective multimédia ?
Il va juste falloir savoir utiliser les outils mis à notre disposition aujourd’hui. Depuis que le journalisme existe, les évolutions n’ont rien changé en la façon de travailler, d’enquêter, d’écrire un papier, de parler devant un micro. Les valeurs du journalisme devraient rester les mêmes. J’espère, en tout cas.
- Comment voyez-vous l’avenir de la radio ?
J’entends dire partout que le média radio va disparaître si elle ne devient pas numérique. Elle va le devenir, sans nul doute. Personne ne pourra se passer de la radio. Depuis toujours, la radio a été un média d'instantanéité et de proximité. On l'écoute en temps réel et dans un territoire donné. La radio est d'ailleurs le seul média où l'auditeur a l'impression d'être partie prenante d'une conversation avec l'animateur et ses invités. La radio a donc encore une longue vie devant elle.
- Comment voyez-vous votre avenir au sein de la radio ?
Je le vois durer longtemps, même si depuis le début de ma carrière, je ne suis jamais sûr qu’il durera longtemps. La notion de carrière toute tracée est quasiment inconnue du vocabulaire du journaliste : Il faut savoir se remettre en question pour rebondir.
09:37 Publié dans Tout petit déjà... | Lien permanent | Commentaires (6)
Commentaires
J'aime bien quand tu lis des papiers avec la bouche en cul de poule au pot ! Ca fait sérieux.
Écrit par : MERLIN | 25 janvier 2009
suis content d'etre parmi vous aujourd'hui.
Écrit par : Kendy | 25 juin 2009
je suis un jeune journaliste radio et j'affirme que ce questionnaire est très complet, merci à l'auteur et longue vie à votre carrière; olivier konan depuis Abidjan en cote d'ivoire
Écrit par : olivier konan | 02 octobre 2009
Merci beaucoup, je suis en 3e et je dois faire un diaporama sur ce metier, j'ai trouvé ici toutes les infos néccessaires. Je sent deja la bonne note arriver...
Merci.
Paul
Écrit par : Paul M. | 03 novembre 2009
Je suis un jeune béninois en formation dans le domaine de l'animateur et de journaliste sur des radio et télivision togolais.J'ai trouvais très cool cet interview et je souhaite bien de chose à celui qui là rédiger
Écrit par : arnaud serge TCHOGBO | 02 décembre 2009
je suis d'origine ivoirienne et suis étudiante en licence 2 journalisme à l'institut des sciences et techniques de la communication.j'ai apprécié cet interview qui me donne d'amples arguments de pouvoir faire le journalisme radio.
Écrit par : dorcas kone | 12 janvier 2011
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