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14 mai 2008
Damien Saez, l'incorruptible!

« Vous dites que je ne suis indifférent à personne. Tant mieux. Je ne puis souffrir les tièdes, et j’aime mieux être haï de mille à outrance et aimé de même d’un seul. » Cette maxime de Rousseau s’applique parfaitement à Damien Saez.
Globalement, il se fout de déplaire. A 30 ans, il poursuit son chemin à toute allure. Cet « homme pressé » a déjà à son actif : 4 disques : Jours étranges (1999), God blesse (2002) et Debbie (2004), une B.O de film Femme fatale de Brian de Palma, un recueil de poésie: A ton nom chez Actes Sud. Saez revient avec un triple album de 29 titres :Varsovie-L’Alhambra-Paris (troisième du top dès sa sortie derrière Cabrel et Madonna). Et ses futurs concerts aux Bouffes du Nord affichent complet. Saez est certainement l’artiste de sa génération le plus décidé à faire parler de lui. Avec art, hargne et classe.


Mandor : Je sais que la promo n’est pas ta tasse de thé.
Saez : Je n’aime pas les explications de textes. C’est un non sens pour moi. Je choisis un mode de communication qui est une sorte de poésie populaire. L’expliquer est une mise en abîme perpétuelle.
Mandor : Mais parfois, ta poésie est telle qu’il faut s’accrocher pour saisir toutes les nuances de tes propos.
Saez : J’essaie toujours d’avoir une perspective sur ce que veut dire le texte tout en ayant plusieurs lectures. La fainéantise due à un minimum de bon sens avec une plume peut te faire reposer sur tes lauriers. Il faut éviter la démagogie de l’écriture.
Mandor : Tu affirmes que ton dernier disque est le meilleur de toute la prod actuelle avec un tel aplomb que ça frise la prétention !
Saez : Dans mon travail, je n’ai pas de doute. Vraiment. C’est la première fois que j’ai le sentiment d’avoir fait un album qui ne fait qu’un. Un voyage du début à la fin. Ma hantise profonde et perpétuelle est de réitérer ce qu’on attend de moi. Refaire « Jeune et con » par exemple, pas question !
Mandor : La presse utilise des termes à ton endroit du genre : provocateur, engagé, rebelle, mystérieux, ténébreux, insolent…
Saez : Je ne suis arrivé de nulle part dans le monde de l’industrie du disque, sans vouloir vraiment y rentrer, en ne jouant pas le jeu. Ca a beaucoup énervé et je suis passé pour un dédaigneux, un arrogant. Je ne veux simplement pas aller faire le con à la télé. Attention, je ne parle pas seulement de la Star Ac ’, j’évoque aussi les talk shows à 3 francs. Parler de mon disque à côté d’une star du porno, je n’y arrive pas !
Mandor : Mais quand le lendemain du 21 avril en réaction du résultat de l’extrême droite tu écris « Fils de France » (non commercialisé mais à dispo en téléchargement sur le web), tu peux comprendre que ça agace.
Saez : Tu sais, je suis fils d’immigré (un mélange Algérien/espagnol), ça a été comme une pulsion. La limite était atteinte. Un parti fasciste au second tour, ce n’est pas rien quand même ! C’est d’ailleurs le seul acte d’engagement que j’ai fait dans ma vie. Le seul.
Mandor : Je ne te sens pas très bien dans cette époque.
Saez : Effectivement. Je ne suis pas en phase, je suis décalé. Du coup, je ne serais jamais à la mode, donc jamais démodé non plus ! J’aurais aimé vivre dans les années 70. Voir Led Zep’, grandir au son de « Paint it black »…

Sans rires, je ne sais pas pourquoi, tout le monde me disait: "tu vas te faire jeter, Saez est détestable avec les journalistes!".
Peut-être.
Mais là, non.
Un peu sur la défensive pendant quelques secondes, le temps d'écouter passer les premières questions.
Suis-je bienveillant où un ennemi?
Devinez?
Je crois qu'il ne s'est pas senti en danger.
En tout cas.
Pour en savoir plus sur l'album et le personnage, allez voir là et là... et ma copine Lou, aussi.
Réalisé par Damien Saez et Régis Fourrer.
Texte et musique : Damien Saez.
Editions 16 Art © 2008.
07:04 Publié dans Les coulisses du show biz | Lien permanent | Commentaires (6) | Tags : saez, varsovie, l'alhambra, paris
Commentaires
C'est difficile de juger Saez
Il y a les préjugés de ces précédents tubes (jeunes et cons, etc..) qui ont tendance à ne lui laisser qu'une image de musicien rebelle qui écrit pour les ados.
Et depuis que cet album est sorti, on aurait tendance à dire que le monsieur s'est faire aussi dans la poésie et n'est pas qu'un vieux chieur engagé
En réalité il y avait aussi de véritables perles dans ses précédents albums (il suffit de lire le recueil à ton nom pour le découvrir)
Il garde malgré tout une sorte d'engagement... et se dit lui même pas pas en phase avec la société.
Autant ça peut paraître ringard, autant il a le droit d'exprimer son ressenti, et je suis persuadé qu'il a raison de vouloir un monde meilleur, de constater ce qui lui déplait tant... puisqu'il le fait avec une telle poésie.
Je vous conseille assez d'aller lire les textes de ce triple album... à défaut de les écouter.
On oublie vite fait le personnage un peu rustre face aux médias.
Écrit par : Lou | 14 mai 2008
Bon ... tant qu'il s'appelle pas Benoît ...
Écrit par : Fanny | 14 mai 2008
@Lou: J'adore tes contributions, tu sais?
@Fanny: Ruquier l'a faite avant-hier sur Europe 1!
Écrit par : mandor, président de la FAPM | 15 mai 2008
Normal c'est rien qu'un copieur.
Et dire que j'ai failli dire "louis" à la place de Benoit ...
Écrit par : Fanny | 15 mai 2008
@Fanny: Tsss...
Écrit par : mandor, président de la FAPM | 16 mai 2008
j'ai apprécié votre interpêtation aux victoires de la musique , votre texte ,et vos paroles ,j'ai 52 ans ,merci Damien et bonne continuation pour votre engagement!
Écrit par : ancelin | 28 février 2009
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