Pour tout dire, j’en avais un peu ma claque des rappeurs cette année. Je ne me sens pas particulièrement proche d’eux (sauf peut-être de Diams qui est quand même un être à part et bigrement attachant) et de leurs revendications. Mais, bon… converser avec Rohff, K maro, Lynshaa, Sinik, les Snipers, Singuila… (au demeurant charmants en promo) ne me défrise pas le cerveau. Deux exceptions cependant, Abd Al Malik dont je conseille très vivement l’écoute de son deuxième et récent album Gibraltar (voir With the star, 2eme partie : lui et moi au Mac Do de l’Aquaboulevard plus la chronique de son album !) et le bon Oxmo Puccino. Je dis « le bon » parce que c’est la première impression que j’ai eu quand nous nous sommes serrés la paluche dans le jardin d’EMI mardi dernier (le 1er août)… Dans ses yeux se
lit la bonté et il m’a tout de suite inspiré la sympathie. Son 4eme disque studio Lipopette Bar (en vente des le 25 septembre 2006) enregistrée avec le groupe Jazzbastards est une pure merveille. Très franchement, l’alliance (en or) entre le rap, le jazz et la soul est du plus bel effet. Mon rédac chef me dit souvent que j’ai une tendance très nette à m’enthousiasmer un peu trop (je suis comme ça aussi dans la vie) mais là, je suis prêt à rembourser les mécontents (euh… je déconne!) Voilà donc une expérience musicale concoctée par un brillant auteur (Oxmo) et d’excellents compositeurs (Vincent Taeger et Vincent Taurelle) jouée par des musiciens de jazz pas manchots (Vincent Taurelle: piano, claviers - Ludovic Bruni : guitares - Marcello Giuiliani : basses, contrebasse, guitare - Vincent Taeger : batterie, percussions – Julien Chirol, Fabrice Martinez, Rémi Sciuto : cuivres – Vincent Ségal : violoncelle acoustique.) Je cite tout le monde car Oxmo Puccino insiste : « Ce n’est pas l'album d’un seul homme. C’est une aventure collective qui a débuté quand le directeur artistique de Blue Note m’a proposé de faire un disque dans son label. Chez Blue Note, vous vous rendez compte de ce que ça représente ??? J’étais sur le cul ! Evidemment, j’ai accepté immédiatement parce que cette proposition m’a été faite alors que j’avais le fantasme de faire un album acoustique. Je savais qu’il allait falloir beaucoup d’idées, du courage et une certaine maturité… » A partir de ce moment, le projet est devenu "top secret". « C’était un album classé confidentiel. On a travaillé dans la discrétion la plus absolue. Personne n’avait le droit de passer dans le studio d’enregistrement. » Et le résultat sent bon le polar des années 50. Comme le chantait Eddie Constantine en
1947 : Cigarettes, whisky et petites pépées. « On voulait retranscrire l’ambiance jazz et cinématographique de l’époque, il fallait forcément des textes et des musiques en noir et blanc, des dialogues urbains intemporels ambiance Tontons flingueurs et Le pacha. Ce disque est devenu au fil des 5 mois de boulot intensif et inventif un mini film. » Et ce court métrage musical et sans image est très beau car léché et savamment dosé. « Nous voulions une histoire cohérente et des musiques qui s’emboîtent en étant large dans les sonorités. J’ai sué sur le travail d’écriture et sur l’interprétation. Je me suis fait violence pour employer des mots simples, compréhensibles par tous. Il fallait que ce disque soit universel et qualitatif. » Exercice de style parfaitement réussi. Les thèmes de Lipopette Bar toucheront un large public : la célébrité, les choix de vie, les décisions, le hasard, les coïncidences, la malchance, la violence, l’amour… « Le fond de l’histoire c’est qu’il faut croire à la vie. Tout peut s’arranger. Dans l’existence, il y a des hauts et des très bas. Il faut garder l'espoir d’une vie meilleure. » Il est clair qu’Oxmo Puccino est un raconteur
d’histoires hors pair doublé d’un parfait orateur. Il semble flatté du compliment. « Aujourd’hui, on existe uniquement si on sait s’exprimer et moi j’ai un amour immodéré des mots. D’ailleurs, je suis fasciné par les politiciens. Ils dirigent le monde avant tout avec des mots, ça tombe bien! Le peuple est conquis par une force d’interprétation et de conviction. C’est un métier d’acteur 24 heures sur 24. Je trouve ça impressionnant. » Alors, monsieur Puccino, un jour président ? « Non, évidemment. Moi, je suis dans la réalité humaine… l’humanisme philosophique, la profondeur de l’âme. » Après l’interview, je prends quelques photos de l’artiste (celles qui dévoilent un magnifique blouson rouge et un jardin tout vert). Lui aussi est curieux de visiter mon blog et se prête au jeu avec humour et espièglerie. Je constate avec joie et étonnement que décrire les coulisses de ce petit monde renfermé sur lui-même amuse un paquet de monde… à commencer par les protagonistes eux-mêmes. Suis pas près d'arrêter moi...
Liens:
www.oxmo.net
www.myspace.com/oxmopuccino
www.emi.fr
Commentaires
C'est donc du Rap qu'on peut écouter sans avoir l'impression de se faire engueuler tout du long ?
Écrit par : Fishturn | 05 août 2006
Oui Fishturn! Tu peux écouter à fond les manettes, tu te sentiras encore plus "djeun" et intelligent. En tout cas, je constate que tu portes une haute considération sur cette musique ;o)
Écrit par : Mandor | 06 août 2006
aaaah mais des comme Oxmo il y en a peu en France. Mais il y en a quand même, suffit de chercher un peu
c'est tout ce qui est valable dans le rap, le reste n'a aucun intérêt
;)
Écrit par : B. | 13 août 2006
Comme je le dis dans ma note, il y a aussi Abd Al Malik que j'adore en ce moment...
Écrit par : Mandor | 13 août 2006
Mandor--> un titre en particulier?
Écrit par : B. | 13 août 2006
"Gibraltar" si tu veux mais les trois quarts de l'album sont excellents...
Écrit par : Mandor | 13 août 2006
Rohff a menacé son frère avec une arme cette semaine !
Écrit par : Champigny | 26 juillet 2007
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